Bilbo

Bilbo

Prochainement

- "Don't be alone, Doctor" : les femmes de Doctor Who

- Penny Dreadful : une nouvelle ligue de héros extraordinaires

- Tolkien et les forêts de la Terre du Milieu

- Les gentlemen en tous genres (ou pas) des sœurs Brontë

- Field of Dreams : des rêves et des hommes

- Une touche de Jane Eyre et une pincée des Hauts de Hurlevent dans la recette du Jardin Secret

- Les héroïnes en tous genres de Jane Austen

NB : Le référencement des illustrations est en cours... mais ça risque de prendre un peu de temps !

The translation of some articles into English is in progress and will soon be available.

jeudi 28 juillet 2016

Féroce

Cette histoire de Jean-François Chabas illustrée par David Sala est parue en 2012 aux éditions Casterman. On y trouve des allusions à plusieurs contes biens connus : le Vilain Petit Canard  de Andersen, le Petit Chaperon Rouge des frères Grimm et la Belle et la Bête de Jeanne-Marie Le prince de Beaumont. Toutes ces références s'accordent dans une jolie histoire d'amitié. De plus, l'album est magnifique matériellement parlant avec son format à l'italienne et ses illustrations qui se déplient sur des doubles-pages.

Le vilain petit loup
L'histoire commence avec la naissance de Fenris, un petit louveteau au pelage rouge au sein d'une portée de petits loups blancs. Mais ce n'est pas de là que vient le problème. Le problème c'est que Fenris a l'air féroce, et ce dès la naissance. Il ne s'agit pas de comportement, seulement de son apparence. En grandissant, Fenris devient énorme, sa mâchoire aux dents acérées béante et ses yeux écarlates... Même les autres loups ont peur de Fenris et il est exclu de la meute. Alors, à force de terroriser les autres par sa seule apparence, Fenris devient réellement féroce. Sa force aurait pourtant pu faire de lui un grand chef de meute mais "il ne suffisait pas d'être fort ; il fallait être aimé, et Fenris ne l'était pas." Ainsi, il erre, hante les bois en terrorisant tous ceux qu'il croise -jusqu'à une rencontre inattendue...

La petite fille en rouge
Le texte de Chabas ne précise pas que la petite fille est en rouge mais c'est ainsi que Sala la représente. Ceci permet d'établir un parallèle entre les deux personnages puisque le fourrure de Fenris est décrite comme pourpre -et c'est aussi l'occasion d'un clin d'oeil au conte du Petit Chaperon Rouge : une autre rencontre dans les bois, mais avec une fin bien différente... En effet, si Fenris est devenu féroce comme on l'accusait simplement à cause de son apparence, tout va changer grâce à cette rencontre car la petite fille aura une regard différent. D'abord, Fenris s'approche doucement dans le dos de la petite fille, savourant déjà sa terreur à venir... mais la rencontre ne se déroule pas comme Fenris le croyait et il a veau montrer les dents, lancer des éclairs de ses yeux écarlates, rien n'y fait : elle n'a pas peur de lui !

La belle et la bête
Non, elle n'a pas peur car elle ne le juge pas à sa seule apparence. Elle attribue ses yeux rouges à de la conjonctivite et tente même de l'examiner. Elle ne lui montre que gentillesse et affection. Et, Fenris est si peu habitué à une telle réaction qu'il ne sait comment réagir, acceptant cette démonstration d'amitié accidentellement ! Mais cette rencontre lui fait voir qu'il peut être autre chose que féroce car il y a bien quelqu'un qui ne le voit pas comme ça d'emblée... et c'est e début d'une longue amitié et d'une légende : celle d'une jeune fille et d'un loup qui parcourent les bois ensemble, des mais pour la vie...
"Ils marchent de concert, du pas de ceux qui ont très longtemps cheminé ensemble ; parfois la jeune fille s'appuie contre l'encolure du loup, parfois c'est le loup qui vient se presser contre les jambes fines de l'humaine. Ils s'accordent. Mais les gens, qui se montrent aujourd'hui bien sérieux, disent que c'est impossible. Les loups, c'est bien connu, sont si féroces."

jeudi 9 juin 2016

Alice revient au Pays des Merveilles

Née de la plume de l'écrivain et mathématicien Lewis Carroll, de son vrai nom Charles Lutwidge Dodgson, Alice est une petite fille à l'imagination débordante et dont les rêves l'emmènent très loin. Mais s'agit-il vraiment de rêves ou bien d'expériences réelles vécues par le personnage ? La structure de Alice au Pays des Merveilles et Alice de l'autre côté du miroir le suggère fortement mais j'imagine que la question n'a pas à trouver de réponse définitive... à chacun d'apporter la sienne, après tout ! Les studios d'animations Disney ont adapté ces romans en dessin animé, piochant des éléments ici et là, en 1951. Mais, en 2011, une adaptation en film voit le jour et est réalisé par Tim Burton, le maître de l'étrange !

"We're all mad here"
Si l'histoire est différente de celle des romans ou du dessin animé, elle en reprend les éléments essentiels comme les personnages incontournables que sont le Lapin Blanc, le Chapelier Fou et le Cheshire Cat notamment. Ces rencontres sont, pourrait-on dire, des passages obligés. Cette nouvelle aventure d'Alice va réellement commencer alors que toute une assemblée attend qu'elle accepte la proposition de mariage du jeune noble qui lui a été désigné, fils de l'associé de son père décédé. Alice aperçoit un lapin blanc vêtu d'un gilet et tenant dans sa patte une montre à gousset. Suivant l'impulsion du moment, Alice les plante tous là sans donner sa réponse et s'élance à la poursuite du lapin blanc et jusque dans le terrier : tombant, tombant... jusqu'à atterrir tête à l'envers.
Et c'est bien dans un monde à l'envers qu'est arrivée Alice. Pour quitter la pièce dans laquelle elle est enfermée, Alice rétrécit, grandit, rétrécit à nouveau après avoir bu à une fiole, goûté un gâteau. Comme dans le roman, comme dans le dessin animé -ici après quelques autres péripéties- elle rencontre le Cheshire Cat qui va la mener jusqu'à la prochaine destination : la table du Chapelier Fou et du Lièvre de Mars, toujours bloqués à l'heure du thé semble-t-il ! 
Chez le Chapelier, on retrouve le langage de Lewis Carroll à travers une panoplie de néologisme et de jeux de mots. Selon lui, Alice a perdu de sa "plussoyance" ("muchness"). A plusieurs reprises revient la devinette "pourquoi un corbeau ressemble à un bureau ?", dont nous n'avons toujours pas la réponse ! Quant au Cheshire Cat, il est dépeint comme un lâche -ce qui va avec sa faculté de se rendre invisible- mais il se rachètera avant la fin...

"Almost Alice"
La Alice qu'on nous présente est plus âgée que l'originale. Ainsi, le film n'est pas un reboot mais bien une nouvelle aventure, une possible suite de l'histoire d'Alice. Quand nous la retrouvons, nous apprenons qu'elle fait toujours le même rêve avec ces personnages étranges dont un chat qui sourit. Alors quand elle atterrit à nouveau au Pays des Merveilles, elle se croit encore dans un de ses rêves... mais elle a beau se pincer, être blessée par l'énorme Bandersnatch et j'en passe, Alice ne se réveille pas -et le Jour Frabieux approche. L'oraculum qui décrit chaque jour passé et à venir la représente en ce jour pourfendant le Jabberwocky, le terrible monstre de la Reine Rouge. Cet acte doit permettre au peuple de de se soulever pour ramener la Reine Blanche au pouvoir car la Reine Rouge n'aurait alors plus l'argument de la peur pour retenir ses sujets.
On tourne ainsi autour d'une histoire de prophétie désignant un héros, un champion -ou en l'occurrence une championne ! Alice est alors entraînée dans une quête initiatique d'abord contre son gré. S'introduisant dans le palais de la Reine Rouge, elle s'empare de l'épée Vorpalienne et fait du Bandersnatch son vaillant destrier avant de rejoindre le refuge de la Reine Blanche. Là-bas l'attend l'armure que vient compléter l'épée -et une décision : être ou non la championne de la Reine Blanche contre le Jabberwocky de la Reine Rouge. Depuis le début, un débat sur l'identité d'Alice est ouvert, notamment entre le Loir et le Lapin Blanc. Le premier pense qu'il s'agit de la mauvaise Alice alors que le second maintient que c'est bien LA Alice ! La Chenille Bleue, Absolem, ne se prononce pas tout à fait... Elle est d'abord "not hardly Alice" : double négation, puis "almost Alice" ("presque Alice"). Et alors Absolem mentionne la première visite d'Alice, à l'occasion de laquelle elle avait appelé cet endroit "le Pays des Merveilles". Et alors Alice se rappelle : ce n'était pas un rêve, mais elle est déjà venue ici et rencontré ces drôles de personnages. Elle est Alice et elle sera la championne de la Reine Blanche pour affronter le Jabberwocky, comme un chevalier pourfendrait un dragon.

Du pouvoir de l'imagination

"This is impossible."
"Only if you believe it is."
"Sometimes I believe as many as six impossible things before breakfast."
"That is an excellent practice."

Chez Alice, on peut même considérer qu'il s'agit d'un super-pouvoir ! C'est ce pouvoir qui lui permet de battre le champion de la Reine Rouge : elle a eu un entraînement de championne en la matière grâce à son père qui pensait à six choses impossibles avant le petit déjeuner. Alors Alice compte :
1. There's a potion that can make you shrink
2. A cake that can make you grow
3. Animals can talk
4. Cats can disappear
5. There is a place called Wonderland 
6. I can slay the Jabberwocky
Le Jabberwocky vaincu, la Reine Rouge bannie, Alice peut rentrer. 
Alors rêve ou réalité. Le parallèle entre certains personnages de la surface et ceux du Pays des Merveilles semble indiquer que le Pays des Merveilles est bien un produit de l'imagination d'Alice. Mais, Alice fait également la distinction entre ses rêves récurrents et une réelle visite au Pays des Merveilles, qui aurait été le point de départ de ces rêves revenant la hanter chaque nuit.... Le débat reste ouvert !
Alice retrouve le monde réel, refuse la proposition de mariage mais accepte celle de l'ancien associé de son père de devenir apprenti dans l'entreprise. Elle s'embarque alors pour la Chine, vers une nouvelle aventure. Et, contrairement aux craintes du Chapelier, cette fois, elle ne les a pas oubliés... jusqu'à la prochaine rencontre.

samedi 9 janvier 2016

The Starks of Winterfell : estranged fates but common roots

http://kallielef.deviantart.com/

SPOILER ALERT
Cet article prend en compte l'intégralité des romans parus et comporte donc des spoilers pour qui ne les aurait pas lus ou n'aurait pas vu les cinq saisons de l'adaptation par HBO, Game of Thrones.

http://bubug.deviantart.com/
Dans sa saga A Song of Ice and Fire, pour l’heure composée de cinq romans, George R. R. Martin nous présente et fait évoluer un nombre impressionnant de personnages. Pourtant, plus que celle des autres, j’ai le sentiment que c’est l’histoire des Stark qui m’est contée –et sans doute ne suis-je pas la seule. La raison en est simple car les chapitres des romans sont répartis selon les différents points de vue de certains personnages et ce sont donc leur nom qui donnent leur titre aux chapitres et, lorsqu’on commence le cycle avec le premier roman, A Game of Thrones, les Stark ne représentent pas moins de 6 points de vue sur 8. C'est-à-dire que nous découvrons les trois quarts du roman à travers le point de vue de l'un ou l'autre des Stark. Ce ratio va peu à peu baisser à mesure que de nouveaux personnages font leur entrée, et que nous en perdons… Mais si l’on considère que c’est bien l’histoire des Stark, qu’est-ce que GRRM veut nous montrer ? La fin d’une lignée ? Ou comment elle peut renaître de ses cendres ?

"The winters are hard," Ned admitted. "But the Starks will endure. We always have." 
(AGOT, Eddard I)
 
"There must always be a Stark in Winterfell" (AGOT, Catelyn II)
Magali Villeneuve
Le royaume de Westeros est composé de grandes familles, elles-mêmes soumises à un roi qui règne sur les Seven Kingdoms depuis King's Landing. Parmi ces familles, nous avons les Stark qui siègent à Winterfell, capitale du Nord. Alors que les autres régions ont été conquises par les Andals il y a plusieurs siècles, les Stark descendent des First Men, premiers colons de Westeros, terre des géants et des Enfants de la Forêt. 
Entourée de deux murailles, Winterfell est réputée pour être une place forte. Derrière ces murs, les Stark règnent depuis des générations. Malgré l'arrivée des Andals, seconds colons de Westeros, les Stark ont conservé le Nord. Ce n'est qu'avec la conquête d'Aegon Targaryen dit "the Conqueror" qui arrive entouré de ses deux sœurs épouses et leurs trois dragons que les choses vont changer.
Chase Stone
Pour épargner ses hommes, le roi Torrhen Stark s'agenouille devant Aegon et lui jure allégeance. Torrhen s'agenouille roi et se relève Warden of the North, assujetti à la couronne d'Aegon. C'est donc un héritage fort qui précède les Stark de A Song of Ice and Fire. Leurs ancêtres reposent dans les cryptes du château sous des statues les représentant aux côtés de direwolves, ces loups gigantesques emblèmes de leur maison. Et justement A Game of Thrones commence par une drôle de trouvaille : cinq louveteaux, puis un sixième, dont la mère est morte en chassant un cerf... Les direwolves n'étaient pas réapparus au sud du Mur depuis pourtant des siècles... Eddard "Ned" Stark, Warden of the North actuel, a justement six enfants, dont un illégitime, qui le convainc que ces louveteaux sont destinés à ses enfants :
"Lord Stark," Jon said. It was strange to hear him call Father that, so formal. Bran looked at him with desperate hope.
http://carriebest.deviantart.com/
"There are five pups," he told Father. "Three male, two female."
"What of it, Jon ?"
"You have five trueborn children," Jon said. "Three sons, two daughters. The direwolf is the sigil of your house. Your children were meant to have these pups, my lord." [...]
He loved Jon with all his heart at that moment. Even at seven, Bran understood what his brother had done. The count had come right only because Jon had omitted himself. [...]
"You want no pup for yourself, Jon ?" he asked softly.
"The direwolf graces the banners of House Stark," Jon pointed out. "I am no Stark, Father." [...]
His fur was white, where the rest of the litter was grey. [...]
"This one belongs to me." (AGOT, Bran I)
Alors les cinq Stark, ainsi que Jon Snow, se retrouvent accompagnés de direwolves comme les statues de leurs ancêtres. Mais ça ne les protègera pas tous.

Away from home
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Destitués par la Rébellion de Robert Baratheon, les Targaryen ne sont plus au pouvoir. Eddard était l'ami et le bras droit de Robert alors quand Jon Arryn, Hand of the King, meurt subitement, c'est vers Ned que se tourne Robert. Il vient jusqu'à Winterfell avec sa famille et une partie de sa cour pour lui faire une proposition que Ned peut difficilement refuser. Ainsi, Ned se prépare à partir pour King's Landing avec ses deux filles, Sansa et Arya, laissant son épouse et ses fils -dont Bran dans le coma- derrière lui.

The heir and the bastard
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Ned Stark a eu cinq enfants avec sa femme Catelyn Stark, née Tully, mais quand Catelyn attendait son retour de guerre avec son premier né, Robb, Ned est revenu du sud avec un autre bébé, Jon. Jon qui porte le nom de Snow, comme tous les bâtards du Nord, et non de Stark... Tous les enfants de Ned, Stark et Snow, grandissent ensemble malgré le mépris de Catelyn pour le fils illégitime de son époux... Mais cet écart de naissance les mènera sur des chemins bien différents. Alors qu'avec le départ de Ned pour King's Landing, Robb devient le Stark in Winterfell, seigneur du Nord, Jon quitte sa famille pour suivre son oncle Benjen et entrer dans la Night's Watch, un ordre de soldat dédié à la protection des Seven Kingdoms contre les dangers peuplant les terres gelées au-delà  du Mur.
Chacun apprend à composer avec sa nouvelle situation mais tout bascule quand à King's Landing, Ned est arrêté pour trahison après la mort de Robert. Robb convoque les seigneurs du Nord pour décider de la marche à suivre. Suivis par ses seigneurs, Robb marche vers le sud pour exiger la libération de son père. Mais avant d'atteindre King's Landing, Robb doit traverser le fleuve en crue et pour ça il lui faut passer par les Twins, ces tours séparées par un pont et maison des Frey. Mais Lord Frey est capricieux... bien qu'assujetti au père de Catelyn et grand-père de Robb, il exige en échange du droit de passage de Robb et son armée qu'il épouse l'une de ses filles :
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"I consent," Robb said, solemnly. He had never seemed more manly to her than he did in that moment. Boys might play with swords, but it took a lord to make a marriage pact knowing what it meant. [...] For good or ill, her son had thrown the dice. (AGOT, Catelyn IX)
Cependant, Robb et Catelyn ne reverront jamais Ned car celui-ci est condamné à mort par le roi Joffrey et exécuté de suite par Ser Ilyn Payne. Outrés, les seigneurs du Nord prennent une décision : 
He pointed at Robb with the blade.
"There sits the only king I mean to bow my knee to, m'lords," he thundered. "The King in the North!"
And he knelt, and laid his sword at her son's feet. (AGOT, Catelyn XI)
Peu de temps après avoir perdu son père, Robb apprend le meurtre de ses deux jeunes frères, Bran et Rickon, de la main de son ami d'enfance, Theon Greyjoy. Pupille, ou otage selon le point de vue, de Ned après la rébellion de son père, celui-ci a été élevé parmi les enfants Stark et se disait loyal à Robb mais se révèle un traître. Les choses s'enveniment peu à peu et si Robb suit ce que lui dicte son honneur en épousant Jeyne Westerling alors qu'il est promis à une Frey, il commet là l'erreur qui lui coûtera tout : "Mother have mercy. Robb, what have you done?" (ASOS, Catelyn II) Même de l'autre côté de la Narrow Sea, Daenerys Targaryen voit ce qui attend Robb, sans savoir de quoi il s'agit :
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Further on, she came upon a feast of corpses. Savagely slaughtered, the feasters lay strewn across overturned chairs and hacked trestle tables asprawls in pools of congealing blood. [...] In a throne above them sat a dead man with the head of a wolf. (ACOK, Daenerys IV)
Mais si Dany a cet aperçu, Robb ne sait pas ce qui l'attend et il continue de se battre. Alors puisque Bran et Rickon sont présumés mort, Sansa mariée à un Lannister et Arya portée disparue, Robb doit nommer un héritier au trône du Nord en attendant que Jeyne lui en donne un au cas où il mourrait au combat. Pour Robb, le choix est évident, même si cela ne plaît pas à Catelyn...
"Mother." There was a sharpness in Robb's tone. "You forget. My father had four sons."
She had not forgotten; she had not wanted to look at it, yet there it was. "A Snow is not a Stark."
"Jon's more a Stark than some lordlings from the Vale who have never so much as set eyes on Winterfell." (ASOS, Catelyn V)
Et Robb a eu raison de choisir un héritier car il ne vivra pas pour devenir père. Robb retourne aux Twins présenter ses excuses à Walder Frey pour l'avoir humilier lui et sa fille et assister au mariage de son oncle Tully qui doit épouser une Frey à sa place. Mais le mariage est un piège. Les Frey ont passé un accord avec les Lannister, tout comme les Bolton, dont le seigneur, Roose, a trahi Robb...
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"On my honor as a Tully, " she told Lord Walder. "On my honor as a Stark, I will trade your boy's life for Robb's. A son for a son."
[...] A man in dark armor and a pale pink cloak spotted with blood stepped up to Robb. "Jaime Lannister sends his regards." He thrust his longsword through her son's heart, and twisted.
[...] It hurts so much, she thought. Our children, Ned, all our sweet babes. [...] please, Ned, please make it stop, make it stop hurting... The white tears and the red ones ran together until her face was torn and tattered, the face that Ned had loved. [...] Then the steel was at her throat, and its bite was red and cold. (ASOS, Catelyn VII)
Cet événement sera ensuite connu sous le nom de Red Wedding et les Frey à tout jamais méprisé pour avoir brisé les règles de l'hospitalité. Quant aux Bolton, ils y ont gagné le Nord, offert par les Lannister mais n'y sont ni aimés, ni respectés, ni acceptés...
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A Castle Black, place forte centrale du Mur, Jon Snow est formé pour entrer dans la Night's Watch. Peu de temps après son arrivée, il est de nouveau seul car Benjen par de l'autre côté du Mur et est finalement porté disparu. Si les débuts sont difficiles, Jon se rapproche de quelques uns de ses nouveaux frères d'armes et en particulier de Samwell Tarly qu'il prend sous sa protection. Tous deux prêtent serment sous un heart tree, l'un des weirwood dont le tronc est sculpté d'un visage pour honorer les dieux du Nord.
"Hear my words and bear witness to my vow," they recited, their voices fillings the twilit grove. "Night gathers, and now my watch begins. It shall not end until my death. I shall take no wife, hold no lands, father no children. I shall wear no crowns and win no glory. I shall live and die at my post. I am the sword in the darkness, the watcher on the walls. I am the fire that burns against the cold, the light that brings the dawn, the horn that wakes the sleepers, the shield that guards the realms of men. I pledge my life to the Night's Watch, for this night and all the nights to come." (AGOT, Jon VI)
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Une fois ses voeux prononcés, Jon était persuadé qu'on l'enverrait avec les Rangers au-delà du Mur mais il est nommé au sein des Stewards pour servir Lord Commander Mormont. D'abord déçu, Jon comprend que Mormont veut le former pour éventuellement prendre sa suite. Mais la situation de Jon au sein de la Night's Watch ne sera jamais simple. Il reste tiraillé entre les voeux qu'il a prononcés et sa famille à mesure que les mauvaises nouvelles parviennent jusqu'à Castle Black. Il va même jusqu'à déserter avant d'être rattrappé par ses amis qui le convainquent de revenir. Mormont n'est pas dupe, mais il a compris la valeur de Jon et déjà il lui avait fait un cadeau d'une valeur inestimable :
He is giving me his son's sword. Jon could scarcely believe it. [...]
"[...] The original pommel was a bear's head [...] For you, I thought a white wolf more apt. One of our builders is a fair woodcarver." [...]
No bastard could ever hope to wield a father's sword. (AGOT, Jon VIII)
Quand Mormont mène presque toute la garnison au-delà du Mur, Jon part avec lui.
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Lors d'une expédition, il est pris par les Wildlings qui se sont alliés sous les commandes de Mance Rayder, King-Beyond-the-Wall. Sous les ordres de son supérieur, Qhorin Halfhand, qu'il tue, il propose ses services à Mance qui l'enrôle. Alors, en compagnie d'une troupe de Wildlings Jon retourne vers le Mur dans le but de l'escalader et d'attaquer Castle Black part le sud pour ouvrir le passage au reste de l'armée. Une fois de l'autre côté, Jon attend le bon moment pour retourner prévenir ses frères de la Garde à Castle Black.
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Considéré comme un traître par les Wildlings, il l'est aussi par ses compagnons quand il revient. Seul un petit nombre d'entre eux a confiance en son histoire. Mais il prouve sa bonne foi et sa bravoure en défendant le Mur lors de l'attaque malgré ses blessures. Sauvés par l'un des aspirants au Trône de Fer, Stannis Baratheon, les frères de la Garde se voient dans l'obligation d'accueillir ce roi auto-proclamé et d'élire au plus vite un nouveau Lord Commander. Et, grâce à Sam, c'est finalement Jon qui est élu 998ème Lord Commander de la Night's Watch alors même que Stannis lui proposait Winterfell et le titre de Lord Stark, Warden of the North.
"Tywin Lannister has named Roose Bolton his Warden of the North, to reward him for betraying your brother. [...] Your father's lands are bleeding and I have neither the strength nor the time to stanch the wounds. What is needed is a Lord of Winterfell. A loyal Lord of Winterfell."
[...] He would make me Lord of Winterfell. [...] "Your grace you forget. I am a Snow, not a Stark." (ASOS, Jon XI)
Malgré la proposition de Stannis de le légitimer en tant que Stark, Jon choisit d'être fidèle à ses voeux et de rester à Castle Black. Cependant, tout bascule à cause d'une lettre. Une lettre signée Ramsay Bolton, anciennement Snow, qui a pris ses quartiers à Winterfell.
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Your false king is dead, bastard. He and all his host were smashed in seven days of battle. I have his magic sword. Tell his red whore.
Your false king's friends are dead. Their heads upon the walls of Winterfell. Come see them, bastard. Your false king lied, and so did you. You told the world you burned the King-Beyond-the-Wall. Instead you sent him to Winterfell to steal my bride from me.
I will have my bride back. If you want Mance Rayder back, come and get him. I have him in a cage for all the north to see, proof of your lies. The cage is cold, but I have made him a warm cloak from the skins of the six whores who came with him to Winterfell.

I want my bride back. I want the false king's queen. I want his daughter and his red witch. I want this wildling princess. I want his little prince, the wildling babe. And I want my Reek. Send them to me, bastard, and I will not trouble you or your black crows. Keep them from me, and I will cut out your bastard's heart and eat it.
Ramsay Bolton, Trueborn Lord of Winterfell.
(ADWD, Jon XIII)
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De Ramsay Bolton ou non, cette lettre conduit Jon à décider de prendre les armes et de conduire les hommes de la Night's Watch vers Winterfell, ce qui va à l'encontre de leurs prérogatives. Ils ne sont ni censés se mêler de ce qui se passe au sud du Mur, ni prendre parti. Avec déjà des ennemis dans ses rangs, Jon est victime d'une mutinerie. Un groupe d'hommes se retourne contre lui et chacun leur tour ils le poignardent avant de le laisser pour mort appeler Ghost dans un dernier soupir...

The princess in the tower and the assassin in training
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On ne peut imaginer deux sœurs plus différentes l'une de l'autre que Sansa et Arya Stark. Alors que l'aînée est une petite lady très prometteuse avec la tête dans les nuages, pleine de rêves et de chansons d'amour courtois et de chevalerie, la cadette voudrait pouvoir s'entraîner au maniement de l'épée avec ses frères plutôt que suivre des leçons de broderie avec sa sœur.
"Sansa was a lady at three, always so courteous and eager to please. She loved nothing so well as tales of knightly valor. […] And Arya, well… […] Arya was a trial, it must be said. Half a boy and half a wolf pup. Forbid her anything and it became her heart’s desire. […]" (ACOK, Catelyn VII)
Quand Robert vient à Winterfell pour demander à Ned de remplacer Jon Arryn à ses côtés, il propose également que Sansa, la fille aînée de Ned, épouse son héritier, Joffrey Baratheon. Fiancée au prince ; pour Sansa c'est comme vivre un rêve éveillé... mais le cauchemar va vite l'emporter sur le rêve. Très rapidement, Sansa va se retrouver seule. En route vers King's Landing, on lui enlève sa louve, qui est condamnée à mort parce que celle d'Arya a blessé Joffrey mais a disparu ; qu'importe, Cersei veut une tête. Et une fois à King's Landing, il ne faudra pas longtemps avant que Ned ne soit exécuté et qu'Arya ne disparaisse à son tour. Considérée comme la fille d'un traître, Sansa reste la fiancée de Joffrey mais devient le souffre-douleur favori de ce jeune sadique de roi.
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“My father was a traitor,” Sansa said at once. “And my brother and lady mother as well.” That reflex she had learned quickly. “I am loyal to my beloved Joffrey.”
“No doubt. As loyal as a deer surrounded by wolves.”
“Lions,” she whispered, without thinking. (ACOK, Sansa I)
Sa relation avec Sandor Clegane, le garde du corps de Joffrey est étrange. Celui qu'on appelle Hound n'est pas quelqu'un de stable mais une âme torturée qui boit plus qu'il ne devrait. Mais s'il n'est pas rassurant, il lui apporte parfois sa protection et Sansa se rappelera de lui d'une façon idéalisée (cf. "'I am no knight!' : the strange case of Sandor 'the Hound' Clegane")
I wish the Hound were here. The night of the battle, Sandor Clegane had come to her chambers to take her from the city, but Sansa had refused. Sometimes, she lay awake at night, wondering if she'd been wise. She had his stained white cloak hidden in a ceddar chest beneath her summer silks. She could not say why she'd kept it. (ASOS, Sansa I)
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Preuve s'il en faut de l'état de désespoir dans lequel elle se trouvait alors qu'on la gardait prisonnière à King's Landing. Puis arriveront les nouvelles des meurtres de Bran et Rickon et du massacre dont Catelyn et Robb furent victimes. Toujours sans nouvelles d'Arya, Sansa croit être la dernière des Stark encore en vie.
If Lady was here, I would not be afraid. Lady was dead, though; Robb, Bran, Rickon, Arya, her father, her mother, even Septa Mordane. All of them are dead but me. She was alone in the world now. (ASOS, Sansa IV)

Et c'est aussi ce que croient ses ennemis, ce qui fait d'elle un pion intéressant. Ainsi, on la marrie à Tyrion Lannister, le frère de la reine Cersei, qui doit devenir le seigneur de Winterfell. Mais Tyrion n'est pas aussi mauvais que sa soeur, son neveu ou son père et essaye de traiter Sansa avec patience et gentillesse. Allant à l'encontre de l'insistance de son père et Hand of the King, Tywin Lannister, Tyrion ne consommera pas le mariage. Mais malgré les bonnes intentions de son époux, Sansa veut quitter King's Landing, regrettant sans doute de ne pas avoir suivi Sandor Clegane quand il a déserté.
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Quelqu'un d'autre va se charger de la faire évader : Petyr Baelish, ami d'enfance et amoureux transi de sa mère. Celui-ci mène Cersei en bateau. On le charge de se rendre à l'Eyrie pour épouser la veuve de Jon Arryn, Lysa, la soeur de Catelyn et tante de Sansa. Ainsi Sansa s'y croit en sécurité, mais c'était sans compter sur la folie et la jalousie de sa tante. Mais Petyr a de grands projets... il assassine sa nouvelle épouse Lysa, ce qui le laisse libre de diriger la région à la place du jeune Robert Arryn tandis que Sansa continue de se faire passer pour la fille bâtarde de Petyr sous le nom de Alayne Stone. 
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Quant à Arya, elle quitte Winterfell avec un cadeau de son frère Jon : une épée forgée spécialement pour elle et baptisée Needle. Comme Sansa, Arya perd sa louve, Nymeria, alors qu'ils sont en route pour King's Landing puisqu'elle l'oblige à s'enfuir pour la protéger après qu'elle ait attaqué Joffrey : "We had to throw rocks," she said miserably. [...] I hit her twice. She whined and looked at me and I felt so ashamed, but it was right, wasn't it? The queen would have killed her." (AGOT, Arya II) Déjà délicates à cause de leurs différences de caractère, les relations entre Arya et Sansa ne s'arrangent pas après cet épisode. C'est alors que Ned découvre qu'Arya a une épée et qu'il l'autorise à apprendre à s'en servir en lui offrant des cours d'escrime avec Syrio Forel, fine lame de Braavos par-delà la Narrow Sea. Mais Syrio ne sera que le premier mentor d'Arya car sa route est parsemé de rencontres avec des hommes en tous genres. Elle fuit King's Landing avec Yoren de la Night's Watch après l'exécution de son père et se lie d'amitié avec quelques garçons... et fait également la connaissance du mystérieux Jaqen H'Ghar.
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Arya et quelques autres seront ensuite capturés par les hommes de Gregor Clegane et amenés à Harrenhal, alors sous le commandement de Tywin Lannister, puis qui passera à Roose Bolton. Là, Arya retrouve Jaqen et celui-ci l'aide, tuant pour elle trois personnes puisqu'elle en avait sauvé trois. Jaqen est l'un des Faceless Men, des assassins au sens premier du terme, des tueurs à gages -même si c'est réducteur.
It wasn’t Harren, Arya wanted to say, it was me. She had killed Chiswyck with a whisper, and she would kill two more before she was through. I’m the ghost in Harrenhal, she thought. And that night there was one less name to hate. (ACOK, Arya V)
Fuyant à nouveau, les amis sont cette fois pris par la Brotherhood Without Banners qui déclarent servir le peuple et non plus un souverain. C'est là qu'Arya sera capturée par Sandor Clegane. Celui-ci est lavé de ses crimes après un duel avec Lord Beric, au grand dam d'Arya qui lui reproche toujours la mort de son ami Mycah. Clegane fuit King's Landing et espère pouvoir obtenir une rançon auprès de Robb Stark :
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"You're worth twice what they stole from me I'd say. Maybe even more if I sold you back to the Lannisters like you fear, but I won't. [...] Either way, I win. And so do you, she-wolf." (ASOS, Arya IX)
Mais, quand ils arrivent aux Twins, le Red Wedding a commencé et Catelyn et Robb sont perdus -du moins Clegane ne risquera pas sa peau pour aller vérifier. La relation d'Arya et Sandor Clegane est tumultueuse et complexe tenant à la fois d'une relation mentor/élève et aussi d'une façon un peu malsaine d'une relation père/fille faisant la part belle à un rapport amour-haine (cf. "'I am no knight!' : the strange case of Sandor 'the Hound' Clegane"). Finalement, Sandor est gravement blessé et Arya l'abandonne avant de prendre un bateau pour Braavos en quête des Faceless Men pour apprendre à devenir l'un d'eux.
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She pressed it into his hand, the small black iron coin that Jaquen H'ghar had given her, so worn the man whose head it bore had no features.
[...] Jaqen said to say the words too. Arya crossed her arms against her chest. "Valar morghulis," she said, as loud as if she'd known what it meant. "Valar dohaeris," he replied, touching his brow with two fingers."Of course you shall have a cabin." (ASOS, Arya XIII)

Elle passe par bien des identités pendant cette formation qui doit lui permettre de devenir "No One"... Cat of the Canals, Blind Girl, Ugly Little Girl et bientôt Mercy... mais difficile de croire qu'Arya soit capable de laisser derrière elle ses racines quand on sait que ce qui la motive est avant tout la vengeance.

The cripple and the wildling
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C'est à travers les yeux de Bran que nous découvrons le monde de A Song of Ice and Fire et la famille Stark pour la première fois et pas de la manière la plus agréable. Un déserteur de la Night's Watch a été pris et il doit être exécuté. Bran n'a que sept ans mais, pour la première fois, il accompagne son père et ses frères aînés, Robb et Jon. Cependant, pour Ned, il est primordial que son fils comprenne une chose importante :
Bran thought about it. "Can a man still be brave if he’s afraid?"
"That is the only time a man can be brave," his father told him. "Do you understand why I did it? […] The question was not why the man had to die, but why I must do it."
Bran had no answer for that. "King Robert has a headsman," he said, uncertainly.

"He does," his father admitted. "As did the Targaryen kings before him. Yet our way is the older way. The blood of the First Men still flows in the veins of the Starks, and we hold to the belief that the man who passes the sentence should swing the sword. If you would take a man’s life, you owe it to him to look into his eyes and hear his final words. And if you cannot do that, then perhaps the man does not deserve to die. […] A ruler who hides behind paid executioners soon forgets what death is." (AGOT, Bran I)
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Robert justement arrive avec sa famille et sa cour et alors que la plupart des hommes s'offrent une partie de chasse, Bran, qui a l'habitude de grimper aux tours de Winterfell et d'en parcourir les toîts est témoin de quelque chose qu'il n'aurait pas dû voir : la relation incestueuse entre la reine, Cersei Lannister, et son frère jumeau, Jaime. Quand il est surpris, Bran est attrapé au col par Jaime qui le pousse ensuite du haut de la fenêtre. Bran reste dans le coma pendant un long moment -durant lequel Ned, Sansa et Arya partent pour King's Landing et Jon pour le Mur. Pendant son coma, Bran fait des rêves étranges. Il a par exemple une vision qui concerne ses soeurs : "He saw Sansa crying herself to sleep at night, and he saw Arya watching in silence and holding her secrets hard in her heart." (AGOT, Bran III) après l'épisode de l'exécution de la louve de Sansa.
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Bran sort finalement de son coma mais ne marchera plus... et les rêves ne s'arrêteront pas. Et, surtout, une image récurrente continue d'interpeller Bran : celle d'un corbeau à trois yeux. Corbeau qui lui amènera aussi des visions prémonitoires :
"I dreamed about the crow again last night. The one with three eyes. He flew into my bedchamber and told me to come with him, so I did. We went down to the crypts. Father was there, and we talked. He was sad." (AGOT, Bran VII)
Les choses commencent à prendre du sens quand Jojen et Meera Reed viennent renouveler l'allégeane des crannogmen aux Stark, de la part de leur père, le seigneur Howland. Bran est alors le Stark in Winterfell puisque Robb est parti avec son armée vers le sud et c'est donc lui qui reçoit les Reed. Jojen possède le don de greensight et explique à Bran qu'il possède lui aussi un don : "The wolf dreams are no true dreams. You have your eyes closed tight, whenever you’re awake, but as you drift off it flutters open and your soul seeks out its other half. The power is strong in you." (ACOK, Bran V) Car Bran ne fait pas que voir ce corbeau, il rêve aussi à travers les yeux de son loup, Summer -quelque chose qu'on retrouve chez Jon et Arya de façon un peu moins marquée.
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Quand Theon trahit Robb et revient avec les hommes des Greyjoy pour prendre Winterfell, Bran et Rickon finissent par trouver refuge dans la crypte. Theon tue alors deux autres enfants, dont ils exhibent les corps brûlés aux portes, annonçant la mort de Bran et Rickon Stark -nouvelle qui fait le tour de Westeros. Quand Winterfell est pris par les Bolton et brûlée, Bran et Rickon prennent la fuite avec les Reed. Ils sont également accompagnés de Osha, une wildling qui servait au château et de Hodor, immense jeune homme qui ne pronce qu'un seul mot -Hodor- et porte Bran. Ainsi, les frères se séparent. Tandis qu'Osha emmène le petit Rickon, Bran part vers le nord avec Hodor et les Reed, et Summer bien sûr. Selon Jojen, c'est au-delà du Mur que Bran pourra rencontrer le corbeau à trois yeux pour être former à la maîtrise de son don. Car Bran montre en effet de fortes aptitudes. Il peut fondre son esprit et le corps de Summer ce qui lui permet de se promener dans le corps du loup. Il lui arrive même de prendre possession du corps de Hodor. Quand enfin, le groupe arrive au bout de son voyage, ils rencontrent le corbeau à trois yeux ainsi que des Enfants de la Forêt, ce peuple ancien qui étaient là avant l'arrivée des First Men.
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La formation de Bran peut commencer... Et, de façon impressionnante, nous le voyons prendre possession du weirwood tree de Winterfell, ce qui lui permet d'entrevoir, passé, présent et futur...
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Rickon, étant le petit dernier, est plus évasif. Il n'a pas de chapitre attribué à son point de vue et après le départ de son père et de ses soeurs, puis de ses frères, il devient particulièrement sauvage, ce qui se traduit également dans l'attitude de son loup, Shaggydog.
His baby brother had been wild as a winter storm since he learned Robb was riding off to war, weeping and angry by turns. […] Robb had set half the castle searching for him, and when at last they’d found him down in the crypts, Rickon had slashed at them with a rusted iron sword he’d snatched from a dead king’s hand, and Shaggydog had come slavering out of the darkness like a green-eyed demon. The wolf was near as wild as Rickon; […] It had taken Robb himself and Grey Wind to bring him to bay. (AGOT, Bran VI)
On sait moins de chose de lui donc mais on peut se poser des questions sur ses aptitudes puisqu'il a aussi une vision de son père dans les cryptes, comme Bran, lorsqu'il est exécuté.
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“Rickon,” Bran said softly. “Father’s not here.”
“Yes he is. I saw him.” Tears glistened on Rickon’s face. “I saw him last night.”

“In your dream…?” Rickon nodded.
(AGOT, Bran VII)
Lors de la trahison de Theon, Rickon est la voix naïve et bienvenue du terrible sentiment de colère qui nous anime : “'Theon’s sitting in Robb’s chair,' Rickon said. (ACOK, Bran VI) Mais après leur fuite de Winterfell, nous n'avons plus de nouvelles de Rickon, Shaggydog et Osha puisqu'ils ne sont plus avec Bran. Ce silence dure tout le long de A Storm of Swords et A Feast for Crows, ainsi qu'une bonne partie de A Dance with Dragons jusqu'à ce que Lord Manderly, seigneur de White Harbor demande à Davos Seaworth de réintroduire clandestinement Rickon à Winterfell si Stannis venait à reprendre le château puisqu'avec Robb mort et Bran toujours présumé mort, Rickon est l'héritier.

"When the snows fall and the white winds blow, the lone wolf dies, the pack survives" (AGOT, Arya II)
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Les enfants Stark sont donc tous seuls, du moins séparés les uns des autres. En ce qui concerne Sansa, elle croit même être la dernière des leurs, hormis leur frère illégitime, Jon Snow. Alors, les enfants Stark sont ils devenus des loups solitaires ou forment-ils encore une meute ?
… two where there had once been six. Do they miss their brothers and sisters too, Bran wondered? Are they calling to Grey Wind and Ghost, to Nymeria and Lady’s shade? Do they want them to come home and be a pack together? (ACOK, Bran I)
When speaks the blood
On le sent dès le départ, les membres de cette famille malgré les éventuelles prises de bec sont proches les uns des autres. D'autant que les autres familles que nous présente GRRM ne sont pas les meilleurs exemples d'une famille aimante. Les trois frères Baratheon sont loin d'être soudés, Vyserys Targaryen traite sa soeur Daenerys comme un morceau de viande et chez les Lannister, Tyrion -nain et difforme- est détesté et méprisé par sa sœur, Cersei, qui entretient une relation incestueuse avec son jumeau, Jaime. Ainsi, GRRM met en avant un contraste net entre les différents exemples de fratrie qui nous sont présentés. Les enfants Stark -et Snow- souffrent d'être séparés, et les au revoir sont d'ailleurs difficiles.
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Jon messed up her hair. “I will miss you, little sister.”
Suddenly she looked like she was going to cry. “I wish you were coming with us.”
“Different roads sometimes lead to the same castle. Who knows?” […]
Arya ran to him for a last hug. “Put down the sword first,” Jon warned her, laughing. She set it aside almost shyly and showered him with kisses. […]
“Does this have a name? Oh tell me.”
“Can’t you guess?” Jon teased. “Your very favorite thing.”
Arya seemed puzzled at first. Then it came to her. She was that quick. They said it together:
“Needle!” The memory of her laughter warmed him on the long ride north. (AGOT, Jon II)
Nous assistons aussi aux adieux de Jon à Bran, toujours dans le coma, et à Robb. Mais il est vrai que GRRM insiste particulièrement sur la relation spéciale qui unit Jon et Arya. D'ailleurs, l'auteur insiste réellement sur la douleur que leur inspire leur séparation, rappelant dans les chapitres de Jon ou d'Arya, et ce presque dans des termes identiques, leurs habitudes complices :
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He would give anything to be with her now, to muss up her hair once more and watch her make a face, to hear her finish a sentence with him. (AGOT, Jon III) ; She wanted Jon to muss up her hair and call her “little sister” and finish her sentences with her. (AGOT, Arya II) ; She wished somehow they could come to the Wall before Winterfell, so Jon might muss up her hair and call her “little sister”. She’d tell him, “I missed you”, and he’d say it too at the very same moment, the way they always used to say things together. [...] She would have liked that better than anything. (ACOK, Arya I) ; He remembered suddenly how he used to muss Arya’s hair. [...] It made him a little sad to think that he might never muss her hair again. (ACOK, Jon I)
L'attachement que les membres de la famille Stark ressentent les uns pour les autres ne se révèlent pas que dans ces souhaits exprimés d'être réunis mais aussi dans les choix qui se posent à eux. En choisissant d'entrer dans la Night's Watch, Jon met de côté sa famille pour en adopter une nouvelle faite de ses frères de la Garde. Son oncle Benjen en fait partie mais disparaît peu de temps après l'arrivée de Jon. Quand la nouvelle de l'arrestation de Eddard arrive jusqu'au Mur, puis celle de la mobilisation de Robb pour marcher sur King's Landing et la façon dont tout ça dégénère, les voeux de Jon sont mis à rude épreuve.
“I hope you are not thinking of doing anything stupid, boy.”
He’s my father, Jon wanted to say, but he knew that Mormont would not want to hear it. […]
“Your duty is here now,” the Lord Commander reminded him. “Your old life ended when you took the black. […] Whatever they do in King’s Landing is none of our concern.” […] This is my father, my sisters, how can it be none of my concern? (AGOT, Jon VII)
Finalement rattrapé par ses frères de la Garde qui le convainquent de rester, Jon choisira de ne pas déserter mais son coeur en reste brisé, et comme on l'a vu, il ne cesse pas pour autant de penser à ses frères et soeurs en général- et Arya en particulier.
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D'ailleurs, quand il apprend qu'Arya doit être donnée en mariage au fils Bolton pour asseoir leur place à la tête du Nord, il ne sait évidemment pas qu'il s'agit en réalité de Jeyne Poole et s'allie à la sorcière rouge, Melisandre, pour tenter de récupérer sa sœur. Et, quand il reçoit la lettre signée Ramsay Bolton, il décide de prendre les armes et de marcher sur Winterfell, ce qui conduit à la mutinerie au sein des ses rangs.
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Les cœurs déchirés entre le passé et le présent ne comptent pas que celui de Jon. Prisonnière à King's Landing, Sansa a appris à cacher ses pensées :
Robb will kill you all, she thought, exulting.“It’s terrible, my lord. My brother is a vile traitor.” […]
“They tell me you visited the godswood everyday. What do you pray for, Sansa?” I pray for Robb’s victory and Joffrey’s death… and for home. For Winterfell. “I pray for an end to the fighting.” (ACOK, Sansa III)
Mais il ne faut tout de même pas trop lui en demander :
“I’m your father today,” [Joffrey] announced.
“You’re not,” she flared. “You’ll never be.” (ASOS, Sansa III)
Sous l'aile de Petyr "Littlefinger" Baelish, Sansa se cache sous l'identité de la brune Alayne Stone, sa fille illégitime tant et si bien que ses chapitres finissent par prendre le nom d'Alayne et que le récit fait référence à son personnage sous ce nom. On assiste ainsi à la lutte de Sansa contre Alayne.
Snow was falling on the Eyrie.
[…] The sight took Sansa back to cold nights long ago, in the long summer of her childhood.
She had last seen snow the day she’d left Winterfell. That was a lighter fall than this, she remembered. Robb had melting flakes in his hair when he hugged me, and the snowball Arya tried to make kept coming apart in her hands. It hurt to remember how happy she had been that morning. […]
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She remembered a summer’s snow in Winterfell when Arya and Bran had ambushed her as she emerged from the keep one morning. They’d each had a dozen snowballs to hand, and she’d had none. Bran had been perched on the roof of the covered bridge, out of reach, but Sansa had chased Arya through the stables and around the kitchen until both of them were breathless. […] The snow fell and the castle rose. […] It was only a castle when she began , but before very long Sansa knew it was Winterfell. [...] I am stronger within the walls of Winterfell. (ASOS, Sansa VII)
D'ailleurs, le fait de se faire passer pour un enfant illégitime rapproche Sansa de Jon Snow qu'elle a toujours considéré comme un frère à part depuis qu'elle a compris le sens du mot bâtard :
“He gets jealous because he’s a bastard.”
“He’s our brother,” Arya said, much too loudly.
[…] “Our half-brother,” Sansa corrected, soft and precise. (AGOT, Arya I) ; She had not thought of Jon in ages. He was only her half-brother, but still… with Robb and Bran and Rickon dead, Jon Snow was the only brother that remained to her. I am a bastard too now, just like him. Oh, it would be so sweet, to see him once again. But of course that could never be. Alayne Stone had no brothers, baseborn or otherwise. (AFFC, Alayne II)
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Plus tard, Alayne semble avoir gagné et Sansa avoir disparu tout à fait... mais elle n'est en vérité jamais loin sous la carapace :
Alayne loved it here. She felt alive again, for the first time since her father… since Lord Eddard Stark had died. (TWOW, Alayne) ; For just a little while, as she ran, she forgot who she was, and where, and found herself remembering bright cold days at Winterfell, when she would race through Winterfell with her friend Jeyne Poole, with Arya running after them trying to keep up. (TWOW, Alayne)
On assiste à ce genre de conflit chez Arya, mais d'une ampleur différente. Pourtant, comme on l'a vu à travers ses pensées récurrentes pour Jon, elle pense souvent aux siens :
When she thought of seeing Robb’s face again Arya had to bite her lip. And I want to see Jon too, and Bran and Rickon, and mother. Even Sansa…I’ll kiss her and beg her pardons like a proper lady, she’ll like that. (ACOK, Arya V)
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Les identités de substitutions d'Arya se succèdent jusqu'à ce que ses chapitres prennent diverses noms. Son but étant de prouver au Kindly Man qu'elle est devenue 'No One' cela n'a rien d'étonnant.
“Who are you?” he would ask her every day.
“No One,” she would answer, she who had been Arya of House Stark, Arya Underfoot, Arya Horseface. She had been Arry and Weasel too, and Squab and Salty, Nan the Cupbearer, a grey mouse, a sheep, the ghost of Harrenhal… but not for true, not in her heart of hearts. In there she was Arya of Winterfell, the daughter of Lord Eddard Stark and Lady Catelyn, who had once had brothers named Robb and Bran and Rickon, a sister named Sansa, a direwolf called Nymeria, a half-brother named Jon Snow. In there she was someone… but that was not the answer that he wanted. (AFFC, Arya II)
Pour qu'elle mène à bien sa formation, le Kindly Man demande donc à son élève de se séparer des possessions d'Arya : “[…] Those who enter his service must give up all that makes them who they are. Can you do that?” (AFFC, Arya II) Un premier pas pour devenir 'No One'... quelque chose de particulièrement difficile, impossible même.
Her cloak, tunic, breeches, smallclothes, all of it. All but Needle. [...]
“It’s just a sword,” she said, aloud this time…

… but it wasn’t. Needle was Robb and Bran and Rickon, her mother and her father, even Sansa. Needle was Winterfell’s grey walls, and the laughter of its people. Needle was the summer snows, Old Nan’s stories, the heart tree with its red leaves and scary face, the warm earthy smell of the glass gardens, the sound of the north wind rattling the shutters of her room. Needle was Jon Snow’s smile. He used to mess my hair and call me “little sister,” she remembered, and suddenly there were tears in her eyes. (AFFC, Arya II)
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Ainsi, comme c'est le cas pour Sansa, Arya Stark peine à disparaître tout à fait et elle cachera Needle plutôt que de la jeter, en attendant... Logique, quand on sait que sa motivation est de venger les siens... si elle n'est plus Arya, elle n'a plus personne à venger et plus besoin de devenir l'une des Faceless Men. Et, comme Bran a commencé par avoir des rêves dans lesquels il ne faisait plus qu'un avec son loup Summer, comme Jon voit à travers les yeux de Ghost durant ses songes, Arya fait aussi des rêves durant lesquels elle est à la tête d'une meute. Une meute dont la meneuse est une louve gigantesque... Nymeria, qui erre toujours certainement dans les Riverlands : "She had dreamed of wolves again, of running through some dark pine forest with a great pack at her heels, hard on the scent of prey." (TWOW, Mercy) Tant que les loups font partie de sa vie et de ses rêves -des rêves de meutes qui plus est- on peut affirmer qu'il s'agit toujours d'une Stark, qu'Arya est bel et bien toujours là ! D'ailleurs ce chapitre extrait de The Winds of Winter, à paraître, se poursuit avec l'assassinat de Raff the Sweetling qui était sur sa liste de cibles... un nom de plus à en rayer.

"The board is set, and the pieces are moving" - Tolkien, The Lord of the Rings, V-1
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Chacun à un coin du monde, cachés sous une fausse identité, présumés morts, les Stark ne semblent plus être une menace pour leurs ennemis, et notamment Cersei. Celle-ci a d'autres chats à fouetter, certes, mais les Stark semblent avoir tout à fait quitté ses pensées comme s'ils étaient une espèce éteinte. 998ème Lord Commander de la Night's Watch, Jon Snow est le chef des défenses contre les menaces des Others au-delà du Mur. Laissé pour mort par ses hommes, Jon -comme Robb avant lui- semble perdu. Mais GRRM finit curieusement son chapitre sur Jon qui sent la vie le quitter et prononce le nom de son loup dans un dernier soupir. Jon pourrait-il trouver refuge dans le corps de Ghost, comme Bran prend possession de Summer, et ainsi survivre à la mort de son corps ? On a envie d'y croire. D'autant, que le dernier personnage à avoir décrit sa mort en est revenu. Grâce à Lord Beric et son kiss of life, Catelyn Stark est revenue parmi les vivants avec un seul et unique but : tuer tous ceux qui ont fait du tort aux siens. Or, quelqu'un d'autre pourrait en faire autant pour Jon : Melisandre.
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De plus, nous n'en avons pas fini avec Jon. Le mystère plane toujours autour de sa naissance. Nous ne connaissons pas sa mère, et -et je suis loin d'être la seule- il y a des chances pour que celui qu'il croit être son père, Eddardd Stark, ne le soit finalement pas. En effet, GRRM semble plutôt nous indiquer que Jon est en réalité le fils de Lyanna Stark, la soeur d'Eddard. Son père serait alors Rhaegar Targaryen, le prince héritier du trône avant la rébellion de Robert Baratheon -qui devait épouser Lyanna. Cependant, si depuis la mort de la jeune femme, Robert semble idéaliser leur relation, persuadé qu'il ne peut être heureux avec personne d'autre, grâce aux souvenirs d'Eddard, nous savons que ce n'était pas le cas de Lyanna...
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“Robert will never keep to one bed,” Lyanna had told him at Winterfell, on the night long ago when their father had promised her hand to the young lord of Storm’s End. […] “Love is sweet, dearest Ned, but it cannot change a man’s nature.” (AGOT, Eddard IX)
Ce qui me fait penser que GRRM veut nous mettre la puce à l'oreille c'est surtout parce qu'il insiste sur la complicité, et la ressemblance physique, entre Jon et Arya :
Jon grinned, reached over, and messed up her hair. Arya flushed. They had always been close. Jon had their father’s face, as she did. They were the only ones. […] (AGOT, Arya I) ; “Jon looks like me, even though he’s bastard-born. He used to muss my hair and call me ‘little sister’.” Arya missed Jon most of all. Just saying his name made her sad. (ASOS, Arya VIII)
Arya qui, nous dit Ned, ressemble à Lyanna : “Ah, Arya. You have a wildness in you, child. ‘The wolf blood,’ my father used to call it. Lyanna had a touch of it […] You remind me of her sometimes. You even look like her.” (AGOT, Arya II) Et, il y a aussi ces souvenirs qui se rappellent à Ned régulièrement... des souvenirs d'une promesse qu'il a faite à Lyanna alors qu'elle était mourante...
He could hear her still at times. Promise me, she had cried, in a room that smelled of blood and roses. Promise me, Ned. […] The little crannogman, Howland Reed, had taken her hand from his. (AGOT, Eddard I) ; He dreamt an old dream, of three knights in white cloaks, and a tower long fallen, and Lyanna in her bed of blood. […]
“Lord Eddard,” Lyanna called again.

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“I promise,” he whispered. “Lya, I promise…” (AGOT, Eddard VIII) ; “Promise me, Ned,” Lyanna’s statue whispered. She wore a garland of pale blue roses, and her eyes wept blood. (AGOT, Eddard XIII)
Bran pourrait bien avoir le fin mot de l'histoire avant Jon -s'il venait à revenir à la vie- car Jojen et Meera Reed qui voyagent avec lui sont les enfants de Howland Reed. Il est le seul qui était présent aux côtés de Ned lorsqu'il a trouvé Lyanna sur son lit de mort. Et si cette promesse concerne bien Jon, on comprend alors l'attitude de Ned face à sa femme, Catelyn, qui ne connaît pas non plus l'identité de la mère de Jon.
“Never ask me about Jon,” he said, cold as ice. “He is my blood, and that is all you need to know […] Whoever Jon’s mother had been, Ned must have loved her fiercely, for nothing Catelyn said would persuade him to send the boy away. (AGOT, Catelyn II)
Si Jon est bien le fils de Rhaegar Targaryen, et si Robert l'avait su, il aurait voulu l'éliminer pour se débarrasser du reste de la lignée... d'où la nécessité de garder le secret sur son identité ! En effet, les Targaryen sont connus pour être polygames : le créateur de la dynastie, Aegon the Conqueror, avait pour épouses ses deux soeurs. Rhaegar était marié à Elia Martell mais il a très bien pu épouser Lyanna s'ils se sont bel et bien enfuis ensemble. Ainsi, Jon ne serait pas le bâtard de Ned Stark, mais le fils légitime de Rhaegar Targaryen, et héritier du trône par la même occasion...
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Jon pourrait alors avoir encore un rôle important à jouer dans l'histoire des Seven Kingdoms puisqu'on ne cesse de répéter à Daenerys que "the dragon has three heads" -Jon pourrait être l'une d'elles...
Et, Jon n'est pas le seul à avoir encore un rôle à jouer. Lord Baelish a des plans bien arrêtés en ce qui concerne Sansa, qui se cache pour l'instant sous l'identité de sa fille illégitime, Alayne Stone. Baelish prévoit de la marier à Harry the Heir, qui doit hériter du Vale et du château si Robert Arryn venait à mourir.
When Robert dies. Our poor brave Sweetrobin is such a sickly boy, it is only a matter of time. When Robert dies, Harry the Heir becomes Lord Harrold, Defender of the Vale and Lord of the Eyrie. Jon Arryn’s bannermen will never love me, nor our silly, shaking Robert, but they will love their Young Falcon... and when they come together for his wedding, and you come out with your long auburn hair, clad in a maiden’s cloak of white and grey with a direwolf emblazoned on the back... why, every knight in the Vale will pledge his sword to win you back your birthright. So those are your gifts from me, my sweet Sansa... Harry, the Eyrie, and Winterfell. That’s worth another kiss now, don’t you think ? (AFFC, Alayne II)

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La santé fragile  de Robert en fait une cible facile pour Petyr qui compte à terme révéler l'identité de Sansa pour que le couple -et lui-même- possède à la fois le Vale et le Nord. Rickon est caché sous la protection de Lord Manderly et pourrait se voir confier Winterfell -avec un peu d'aide- si Stannis venait à gagner le Nord. Au-delà du Mur, Bran apprend sous l'enseignement du Three Eyed Crow et développe ses dons. Quant à Arya, à Braavos avec les Faceless Men, elle est en phase de devenir un maître assassin. Sans oublier Catelyn, qui sous le nom de Lady Stoneheart sème la terreur chez tous ceux qui sont de près ou de loin associés au massacre du Red Wedding, ou autres malheurs ayant frappé les siens :
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No. No, I saw her die. She was dead for a day and night before they stripped her naked and threw her body in the river. Raymund opened her throat from ear to ear. She was dead.
Her cloak and collar hid the gash his brother’s blade had made, but her face was even worse than he remembered. The flesh had gone pudding soft in the water and turned the color of curdled milk. Half her hair was gone and the rest had turned as white and brittle as a crone’s. Beneath her ravaged scalp, her face was shredded skin and black blood where she had raked herself with her nails. But her eyes were the most terrible thing. Her eyes saw him, and they hated.
“She don’t speak,” said the man in the yellow cloak. “You bloody bastards cut her throat too deep for that. But she remembers.” He turned to the dead woman and said, “What do you say, m’lady? Was he part of it?” Lady Catelyn’s eyes never left him. She nodded. (ASOS, Epilogue)
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Une chose est sûre, même séparés, chez les Stark, la famille passe en premier et ils pourraient bien revenir au premier plan. Jojen l'a vu : “The wolves will come again,” said Jojen solemnly […] “I dreamt it.” (ASOS, Bran II) C'est en tous cas, ce qu'on souhaite : les voir réunis. A Winterfell. Nous voulons voir Jon ébouriffer les cheveux d'Arya encore et encore, comme GRRM n'arrête pas de nous le rappeler. Le septième et dernier roman du cycle, A Dream of Spring, était d'abord intitulé A Time for Wolves... A-t-il été changé parce qu'il était trop annonciateur ? Il est en tous cas très évocateur pour les Stark… Mais GRRM n’a peut-être pas fini de distribuer ses claques et il faut toujours se préparer au pire… peut-être que non, Jon ne reviendra pas à la vie et sera donc mort sans jamais connaître l'identité de sa mère. Peut-être qu'Arya deviendra 'No One' en oubliant les siens à jamais. Peut-être qu'aucun Stark ne remettra plus jamais les pieds à Winterfell... mais ça, ça je ne veux pas y croire...
The stone is strong, Bran told himself, the roots of the trees go deep, and under the ground, the Kings of Winter sit their thrones. So long as those remained, Winterfell remained. It was not dead, just broken. Like me, he thought. I’m not dead either.
(ACOK, Bran VII)
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Sources
MARTIN, George R. R. A Song of Ice and Fire (ASOIAF)
1. A Game of Thrones (AGOT)
2. A Clash of Kings (ACOK)
3. A Storm of Swords (ASOS)
4. A Feast for Crows (AFFC)
5. A Dance with Dragons (ADWD)
6. The Winds of Winter (TWOW), à paraître
MARTIN, George R. R. GARCIA, Elio & ANTONSSON, Linda. The World of Ice and Fire : the Untold History of Westeros and the Game of Thrones