Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien vu par Peter Jackson, hobbit et réalisateur
Lorsqu’on voit Peter Jackson courir de plateaux en plateaux au milieu d’armures et d’affreux masques d’orques, le tout pieds nus et le cheveux bouclé en bataille, on se demande bien qui d’autre que lui aurait pu s’attaquer à l’immense tâche que fut celle d’adapter le chef d’œuvre du professeur Tolkien à l’écran.
“I wanted something that felt authentic.” – P.J.
Comme je l’ai déjà évoqué, lire Tolkien nous fait croire à un monde qui, malgré ses caractéristiques de fantasy, aurait réellement existé (cf. “Tolkien, wizard of words”) et c’est de cette façon que Peter Jackson a abordé l’adaptation des romans. Le réalisateur a été très clair sur ses attentes dès la pré-production des films. C’est dans un discours aux artistes de Weta qu’il a exprimé sa vision du projet :
“We’ve been given the job of making The Lord of the Rings. From this point on I want to think that Lord of the Rings is real, that it was actually history. That these events happened. And more than that, I want us to imagine that we’ve been lucky enough to be able to go on location and shoot our movie where the real events happened. Those characters did exist and wore costumes and I want the costumes to be totally accurate to what the real people wore. Hobbiton still exists, it’s overgrown with weeds and it’s been worn down and neglected for the last three or four hundred years but we’re going to go back in there and clean it up. We’re the luckiest film crew in the world that we’re able to shoot on the real locations where the real events actually took place.”
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Richard Taylor |
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Alan Lee |
C’est donc dans cette optique que les créateurs de Weta se sont mis au travail. Dirigée par Richard Taylor, Weta a été en charge des décors, des armes et des armures, de la conception et de la fabrication de tout objet ou créature que l’on peut voir dans les films. L’équipe a très tôt été rejointe par Alan Lee et John Howe, deux artistes dont les travaux ont souvent pour sujet l’œuvre de Tolkien. Un par un, chaque lieu a été décortiqué et sa conception étudiée pour être la plus fidèle possible aux descriptions de Tolkien. Certains décors ont été construits en extérieurs comme Hobbitebourg, Edoras ou encore certaines parties de Fondcombe. D’autres sont construits en studio à échelle réelle ou bien sous formes de miniatures, ou de “maxitures” comme on les appelle chez Weta, pour être filmés avec des mini-caméras sous toutes leurs coutures. Cela aura été le cas par exemple de la tour d’Orthanc ou encore de Minas Tirith.
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Ngila Dickson |
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Un voyage à travers le monde de Tolkien
Plus qu’une adaptation de l’œuvre majeure de Tolkien, la trilogie réalisée par Peter Jackson est un véritable voyage à travers le monde créé par le professeur d’Oxford. Le prologue qui ouvre La Communauté de l’Anneau nous montre une part infime de l’abondante mythologie créée par Tolkien en nous ramenant au temps de la fabrication des anneaux de pouvoirs et de l’anneau unique. Il nous montre également l’ultime alliance des hommes et des elfes lors de la bataille de Dagorlad, lieu de la chute de Sauron. On y trouve un clin d’œil au chapitre “Énigmes dans le noir” de Bilbo le hobbit dans lequel Bilbon entre en possession de l’anneau. Autre clin d’œil à ce premier roman apparaissant dans Le Seigneur des Anneaux, livre comme film, les trolls transformés en pierre de Bilbon !
Bien sûr, pour des questions de format notamment, des modifications ont dû être apportées au texte original. Beaucoup ont été déçus de l’absence de Tom Bombadil mais cet épisode ne fait pas avancer l’histoire de Frodon ou celle de l’anneau et ne ferait que ralentir le film. Mais, comme l’explique Philippa Boyens, l’une des scénaristes : “We don’t know that they haven’t met Tom. We just don’t mention it.” De même le chapitre concernant le sauvetage de la Comté qui prend place à la fin de l’histoire ne fait pas partie du film et cela pour la simple raison qu’on ne peut imposer ce nouveau rebondissement et ce nouveau combat aux spectateurs après les multiples fins auxquelles ils ont déjà assisté. On nous a montré la destruction de l’anneau, les retrouvailles de la communauté, le couronnement d’Aragorn et on ne peut se permettre d’ajouter une toute nouvelle intrigue à la fin alors qu’il reste encore la véritable fin à montrer, celle des Havres Gris. C’est pour cette raison que lorsque les hobbits rentrent chez eux à la fin du Retour du Roi, rien n’a changé, la Comté est ce qu’elle a toujours été : paisible et verdoyante.
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Un parfum de fantasy
À travers les paysages de son pays natal, Peter Jackson nous offre une vision de la Terre du Milieu à la fois fantastique et authentique : les collines de la Comté, le grand fleuve Anduin, les plaines du Rohan, les reliefs accidentés de l’Emyn Muil…
Chaque race a été dotée de caractéristiques propres pour que le spectateur puisse les différencier et cela jusque dans l’architecture de leurs demeures. Pour compléter le tableau, le compositeur Howard Shore a créé pour cette trilogie une fresque musicale sans pareil. Chaque lieu, chaque peuple a ses propres sons. La musique de cet artiste de génie est comme un guide à travers le monde complexe de Tolkien ici dévoilé à l’écran. Elle guide le spectateur d’un lieu à un autre, d’un peuple à un autre et elle guide ses émotions au cœur de ce monde de fantasy où tout est inconnu et pourtant si évident.
Trois films, une épopée
Le Seigneur des Anneaux suit la quête, d’abord commune, de neuf compagnons pour détruire l’anneau unique. Séparés, les protagonistes continuent à mener la quête chacun de leur côté en continuant leur route vers le Mordor, en repoussant les armées de Saroumane et de Sauron ou encore en faisant participer les Ents au combat.
Dans cette partie j’ai choisi de m’intéresser à certaines scènes en particulier.
Gandalf disparaît dans les profondeurs de la Moria :
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Le dernier combat de Boromir :
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La chevauchée des Rohirrims :
Pour cette scène, c’est l’acteur Bernard Hill qui a eu l’idée du discours de Théoden avant la chevauchée. Une bonne idée car elle donne plus de puissance à la scène et une certaine anticipation quant à ce qui va se passer. Encore une fois le film fait montre d’une grande beauté stylistique avec le déploiement de cette cavalerie au lever du soleil. Les armures brillent, les lances se soulèvent, les cors sonnent, les cris de guerre résonnent et l’on a le souffle coupé. La musique nous emporte dans cette chevauchée et se stoppe net avec le choc des deux armées.
Comment les personnages vont se sortir de cette terrible bataille ? Vont-ils seulement s’en sortir ? La version longue ajoute une touche bienvenue à la fin de la bataille lorsqu’Eomer trouve sa sœur étendue parmi les soldats tombés. Le jeu de Karl Urban frappe de douleur et de détresse en dépeignant ce farouche guerrier qu’est Eomer en proie aux larmes.
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Le voyage se poursuit sans fin
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Certains ont pu être déçus de ne pas voir telle ou telle scène dans le film alors, s’ils ne l’ont pas encore fait, qu’ils regardent la version longue qui offre bien des minutes supplémentaires à ceux qui n’en ont jamais assez ! Parmi les scènes ajoutées intéressantes : Galadriel distribuant ses présents à la communauté et l’expression touchante de Gimli quand il révèle qu’elle lui a offert trois cheveux d’or quand il n’avait osé en demander qu’un. Dans Les Deux Tours, Peter Jackson nous offre une entrevue de la famille de Boromir et nous permet de voir les deux frères ensemble avant que l’aîné ne parte pour Fondcombe. Enfin, pour les romantiques, Le Retour du Roi s’est vu offrir la jolie rencontre entre Eowyn et Faramir (cf. "La Blanche Dame et le Capitaine") dans les maisons de guérison.
L’édition version longue offre aussi de nombreux bonus très intéressants pour en apprendre plus sur Tolkien, son monde et la façon dont il a été transposé à l’écran.
La conception de ces films aura été une épopée non moins difficile que celle racontée à l’écran et Peter Jackson a dit, je crois, très justement : “It was made with love. It was made with great care and commitment and I do genuinely think that this spirit has made its way on to the screen.” L’amour et la dévotion engagés dans la création de ces films transparaît en effet à l’écran car malgré une histoire qui se déroule dans un monde de fantasy, Peter Jackson a atteint son but : il a su offrir la Terre du Milieu au cinéma dans toute son authenticité, toute sa magie et toute sa profondeur.
Références :
Toutes images et citations de cet article viennent de l’édition version longue des films et des bonus du Seigneur des Anneaux réalisé par Peter Jackson.
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Ça me rappelle les bons souvenirs ... j'ai adoré ces films :) je les ai vu et revu plusieurs fois avec les coffrets version longue. C'est vrai que Peter Jackson est fortiche, jai hate de voir Bilbo le Hobbit !!
RépondreSupprimer^^ Il y a pas mal de controverses quant à la fidélité et la qualité des adaptations mais je crois qu'il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un film et que ce support ne fonctionne pas avec les même règles qu'un roman. D'autant plus quand il y a de tels enjeux commerciaux... Quoi qu'il en soit, j'adore ces films, et j'attends moi aussi avec impatience The Hobbit !
SupprimerBa j'ai pas encore lu les livres ;/ donc je peux pas comparer comme Harry Potter ... mais j'imagine qu'il a fait de son mieux pour rester fidele aux livres :)
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