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NB : Le référencement des illustrations est en cours... mais ça risque de prendre un peu de temps !

The translation of some articles into English is in progress and will soon be available.
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samedi 14 février 2015

Pseudo-féminisme envers et contre Disney


OK, cette fois, y a pas, il faut que je pique une petite colère ! Pourquoi ? Parce qu'il y en a marre de ces attaques pseudo-féministes contre les princesses Disney. Attention ! Ceci n'est en rien une attaque dirigée contre le féminisme, loin de moi cette idée. C'est pour ça que je qualifie ces critiques de "pseudo-féministes" car si je ne doute pas des convictions des personnes qui en sont à l'origine, les angles d'attaque choisis sont le plus souvent superficiels et la plupart du temps un tantinet ridicules et ont tendance selon moi à décrédibiliser notre cause plutôt que la soutenir. Dans le cadre de cet article donc, je parlerai de pseudo-féministes dans le sens où je suis féministe et je ne peux pas nécessairement me sentir solidaire de ces attaques, qui gagneraient à être plus réfléchies. Pour moi, être féministe ce n'est pas ça. Je veux dire que ces pseudo-féministes sautent à la gorge de Disney et ses princesses, ou autres héroïnes, en n'amenant que trop rarement quelque chose pour étayer leurs propos. C'est trop difficile d'argumenter un minimum ? Ne serait-ce qu'une petite remise en contexte, c'est trop demander ? Tenir compte de l'histoire, et de l'Histoire ? Avoir vu le film aussi ce serait pas mal !
Exemple...
Ce type de critiques superficielles prenant Disney comme bouc émissaire ne fait, à mon sens, que discréditer la cause du féminisme en nous faisant passer pour des aigries un peu hystériques, voire pour certains cas extrême ridiculement jalouses de personnages de dessin animé... Qu'ils ou elles critiquent s'ils veulent mais qu'ils n'utilisent pas le féminisme comme excuse.
Je suis féministe, je crois en l'égalité des sexes, qu'hommes et femmes ont droit au même respect, à la même considération, la même place dans la société. Pour autant, si les critiques formulées à l'encontre de ces personnages, dans l'image ci-dessus par exemple, peuvent paraître à première vue justes et méritées, je vais prendre le temps de les défendre car je ne considère pas les héroïnes Disney comme de mauvais modèles à suivre et ce parce qu'il faut au moins aller voir plus loin que "Walt Disney était sexiste parce que Blanche Neige fait le ménage!"
Il ne s'agit pas non plus de tout avaler sans réfléchir mais ces dessins animés ont un tel public qu'il me semble plus productif de discuter, d'analyser avec les enfants. L'une des clés, me semble-t-il, est l'éducation et il me paraît difficile de discuter si l'on rejette l’œuvre d'emblée, en risquant de se mettre à dos un public auquel elle tient à cœur. So here it goes! -- avec quelques grimaces nécessaires !

Récompensées de leur passivité -- really?
Really?
Je reconnais que les héroïnes les plus récentes sont plus actives que leurs aînées -- et d'ailleurs c'est peut-être par là qu'il faudrait commencer ! La remise en contexte dont je parlais. Nous ne vivons pas à la même époque que celle où ces dessins animés sont sortis. Blanche Neige et les Sept Nains date de 1937, Cendrillon de 1950 et La Belle au Bois Dormant de 1959, sans oublier que les contes qui les ont inspirés ont été écrits entre les 17ème et 19ème siècles. Yep. Alors, certes, Blanche Neige, Cendrillon et Aurore doivent être sauvées mais la passivité qu'on leur reproche n'est pas de leur fait. L'une est emprisonnée, les deux autres ensorcelées. Ce n'est pas tout à fait pareil que d'attendre volontairement que ça se passe ! Et si elles sont sauvées, c'est bien parce qu'elles ont touché des gens -ou des animaux !- au cours de l'histoire. Les animaux se démènent pour amener les nains à temps dans Blanche Neige. Et, s'ils arrivent trop tard, les nains construisent un cercueil de verre pour rendre hommage à Blanche Neige et la veiller dans son sommeil. Et qu'on ne vienne pas me dire, que la seule qualité intéressante qui les y pousse est la beauté physique de Blanche Neige ! Plus que la beauté physique, c'est la bonté de son cœur qui est importante. La dévotion des nains, inspirée par Blanche Neige, est ce qui permet au prince de la retrouver et de la réveiller. La reine aussi était belle, la plus belle avant que Blanche Neige ne la surpasse et pourtant, elle meurt seule et sa dépouille va aux vautours.
Rêver peut être une force
Il en va de même pour Cendrillon, Jack et Gus Gus vont escalader les escaliers de la tour avec une clé bien lourde pour les petites souris qu'ils sont, ce n'est pas la beauté physique de Cendrillon qui leur inspire ce comportement. Ils le font parce qu'elle est leur amie, parce qu'elle aussi les a sauvés quand ils sont tombés dans les pièges à souris de la marâtre. Et puis, en un sens, Cendrillon se tire elle-même de sa situation. C'est la façon qu'elle a de rêver, de croire qu'il y aura toujours des jours meilleurs, c'est cet optimisme qui lui fait conserver la pantoufle de verre, qui lui permet de la présenter au grand duc après la destruction de la première chaussure. Ce n'est donc pas le prince qui la sauve. De ce qu'on en sait, il n'est même pas au courant de ces essayages, on sait juste qu'il veut retrouver la jeune fille du bal. Le grand duc a trouvé la chaussure, raconte toute l'affaire au roi qui l'envoie retrouver la jeune fille en question et réaliser son rêve de voir son fils se marier.

Mariage ? Amour ? Pas de gros mots, s'il-vous-plaît !
Seriously, girls?
L'autre chose terrible dont on accuse ces princesses c'est de tomber amoureuses et de se marier. Les critiques dont je parle reconnaissent aux princesses plus récentes telles Ariel (1989), Belle (1991) ou encore Raiponce (2010) une certaine émancipation. Elles ne sont pas aussi "passives" que leurs aînées mais elles se marient, les vilaines ! Et ça, à les entendre c'est très mal ! (et puis on a tendance à oublier que pour tomber amoureux il faut être deux et que dans ces romances, le prince de service a tout autant besoin de sa dulcinée qu'elle a besoin de lui) Alors, je ne suis pas sûre de ce qu'on est censé retirer de ce discours... Que pour être féministe il faut choisir le célibat ? Que l'homme est un ennemi ? -ça, ça s'appelle de la misandrie et pas du féminisme ! Du coup, Pocahontas est louée pour son choix de ne pas suivre John Smith "her destiny is bigger than a man" ai-je pu lire. Mais à ce moment là, pourquoi reprocher à Aurore de retourner au palais de ses parents sans se révolter ? On peut très bien considérer que comme Pocahontas, elle choisit de faire passer son peuple avant son désir égoïste de bonheur avec l'homme dont elle est tombée amoureuse. A la place, elle se plie au mariage politique qui unira les forces de deux royaumes, ce qui n'est pas à prendre à la légère face à une force telle celle de Maléfique. Aurore serait-elle allée jusqu'au bout si le prince promis n'avait pas été Philippe ? Nous n'avons aucun moyen de le savoir. L'important est qu'elle ait eu l'occasion de tomber amoureuse de lui avant de savoir qu'elle était censée l'épouser, ce qui lui rend son choix et permet le happy end final type conte de fées -puisque c'est quand même de ça qu'il s'agit, excusez-moi de le rappeler. Et, encore une fois, compte tenu du fait qu'il s'agit originellement de contes de fées, et que le schéma instauré dès Blanche Neige quant au traitement de ce type d'histoires chez Disney est devenu une tradition des studios, le "happy ever after" est tout aussi non négociable que le "once upon a time" !
Wowowowow !
Et avant qu'on m'avance combien ces filles peuvent être vénales à n'épouser que des princes, j'ai envie de faire remarquer qu'elles ne savent pas forcément qu'elles ont rencontré un prince. Cendrillon ne l'apprend qu'après le bal. Aurore ne comprend qu'après son réveil que le prince qu'elle doit épouser et le jeune homme de la forêt ne font qu'un et Ariel ne se rend compte du statut d'Eric qu'après être tombée sous le charme. D'ailleurs, tant qu'on parle d'Ariel ! Je voudrais revenir sur le très repris "it's OK to abandon your family and drastically change your appearance for a man". WOW! Là je dois poser la question : avant de balancer ça, vous avez regardé le film ? Parce que si vous vous rappelez bien, un grand moment dedans c'est la chanson d'Ariel "Partir Là-Bas" et les paroles sont très claires :
"Moi je voudrais parcourir le monde, moi je voudrais voir le monde danser, le voir marcher sur ses... ? Comment ça s'appelle ? Pieds ! On ne va nulle part en battant des nageoires, il faut des jambes pour sauter et danser, flâner le long de ses...? Comment ça s'appelle ? Rues ! Si l'homme marche, si l'homme court, s'il peut sur Terre rêver au grand jour, comme j'aimerais, si je pouvais, partir là-bas ! Je donnerais tout ce que j'ai pour partir d'ici. Pour caresser les grains dorés du sable chaud. Les hommes comprennent, j'en suis certaine, et leurs filles peuvent rêver sans frayeurs. Femmes sirènes ? Femmes humaines ? J'ai fait mon choix ! Moi je veux savoir, moi je veux pouvoir, poser des questions et qu'on me réponde. Qu'est-ce que le feu ? Pourquoi est-ce qu'il ... quoi déjà ? Brûle ? Un jour viendra, je partirai, je partirai sans aucun regret. Vivre sur Terre, loin de la mer, partir là-bas..."
Non mais !
Et ça, Ariel le chante, AVANT de voir Eric. C'est pour elle, avant d'être pour lui qu'elle veut vivre sur Terre et c'est Ursula qui y voit une occasion d'arriver à ses fins en mettant l'intérêt d'Eric pour Ariel dans leur contrat. Et puis, il y a aussi le fait qu'on reproche à Ariel d'abandonner sa voix et que ça voudrait dire qu'une femme n'en a pas besoin pour intéresser un homme, que ce n'est pas ce qu'elle a à dire qui est important. Mais c'est justement parce que la voix d'Ariel est essentielle que c'est ce qu'Ursula réclame comme paiement. Parce que la personne qu'Eric recherche, c'est celle qui chantait à son réveil, celle qui lui a sauvé la vie -- oui, vous m'avez entendue, elle lui a sauvé la vie, avant que lui ne le fasse -- et c'est finalement quand elle la récupère qu'elle brise le sort dont Eric est victime.
D'ailleurs toutes ces critiques semblent également sous-entendre que les enfants sont stupides, qu'il n'est pas envisageable de discuter avec eux de ce qui se passe dans ces dessins animés. Au contraire, cela me semble intéressant de le faire, de leur faire comprendre la différence entre les héroïnes selon les époques où elles ont été créées et qui reflètent ce qu'est et ce qu'a été notre société. Ils pourront ainsi construire leur propre point de vue.

Le paradoxe de La Belle au Bois Dormant selon Leigh Butler
Est-ce qu'on a vu le même film ?
Cet article de Leigh Butler défend La Belle au Bois Dormant comme étant le plus féministe des dessins animés Disney. Pourquoi ? Parce que toute l'action du film est à l'initiative de personnages féminins. Ce sont les trois fées qui mettent au point le plan pour protéger Aurore jusqu'à son seizième anniversaire et ce sont encore elles qui permettent à Philippe de s'évader de la Montagne Interdite, qui lui donnent les armes pour vaincre Maléfique et même qui guident l'épée pour frapper le dragon dont elle a pris la forme en plein cœur. Intéressant de voir comment le même film peut inspirer des avis contraires. C'est ça quand on regarde vraiment, on VOIT les choses ! Un autre exemple de ceci vient du site "What Disney movies teach us... if you're not being stupid" concernant par exemple Philippe et Eric et pourquoi les héroïnes en tombent amoureuses. De véritables yeux de lynx !
pffff
Le truc c'est que même quand les auteurs de ces critiques n'ont plus de quoi se plaindre, ils trouvent quand même une raison, en en inventant de nouvelles à mesure qu'ils en ont besoin et se décrédibilisant dans le même temps. En effet, on reprochait aux premières princesses d'être passives. Quand elles sont devenues moins passives, on leur reprochait de choisir le mariage alors quand sort Rebelle (2011) et que Merida refuse de se plier aux traditions centenaires et de se faire gagner par le vainqueur du tournoi pour sa main en concourant elle-même pour son indépendance, tous ces critiques auraient logiquement dû être ravis... Oui mais non ! Ils ont Disney dans le pif alors il fallait quand même trouver quelque chose et donc ce qu'on reproche à Merida, et bien c'est d'être une princesse...
Wait what?
Apparemment il serait néfaste pour les petites filles de voir tant de princesses parce qu'elles pourraient croire que seulement les princesses font quelque chose de leur vie. Mais attendez, avant, vous ne disiez pas que les princesses étaient passives ? Encore une fois, on suppose que les enfants sont stupides. Pour ma part, j'ai grandi avec ces dessins animés en boucle -peut-être que personne ne les a vus autant que moi !- j'ai certainement dû me déguiser comme certaines de ces princesses ou bien en fée mais je n'ai jamais pour autant cru en être une ou que je ne valais rien parce que je n'en étais pas une. Ces personnes prônent la défense du féminisme et des petites spectatrices mais elles ne leur accorde que peu de crédit il me semble ! D'ailleurs dans la même veine...

"Le stéréotype physique véhiculé par les princesses Disney est dangereux pour les petites filles"
Rassurez-moi, vous savez que c'est de la fiction ?
Oui apparemment, les héroïnes Disney auraient également le grand tort d'avoir la taille bien trop fine, de représenter un idéal inatteignable qui ne peut que donner des complexes aux jeunes filles... Alors là j'ai envie de dire qu'il s'agit de personnages de dessin animé qui ne représentent pas la réalité. Sérieusement, si vous imaginez les proportions de ces personnages sur une personne réelle, je vous assure que le résultat va faire peur : la tête plus large que la taille, les yeux de la même taille que les seins... non, ça n'existe pas, et personne ne dit que c'est le cas ! D'ailleurs c'est la même chose en ce qui concerne les personnages masculins ou même les personnages d'animaux. On parle d'yeux de biche, mais en vrai, une biche n'a pas des yeux aussi grand que ceux de la maman de Bambi -et puis, j'ai un scoop... en vrai les animaux ne parlent pas notre langue ! C'est ce qu'on appelle le style, la patte. C'est le style Disney. Comme il y a un style Picasso -pas très représentatif de la réalité non plus soit dit en passant !
Je crois que je rêve !
Et tant que j'y suis, what's with the "it's hard to be liberated in a clamshell bikini"? Alors, en plus, on a plus le droit de porter ce qu'on veut ? Le maillot de bain est interdit ? On ne peut pas dire que les héroïnes soient très dénudées en général, mais là, Ariel vit sous l'eau, vous êtes au courant ? Alors, qu'est-ce qu'elle est censée porter ? Un tee-shirt à manches longues ? En attendant, personne ne s'offusque que le roi Triton soit torse nu ! Et Polochon ? Faudrait lui mettre un t-shirt aussi ? Cachez ces écailles que je ne saurais voir !
Parce que le danger avec ces critiques superficielles c'est d'en arriver à des choses aussi aberrantes que celle-ci : le message transmis par La Belle et la Bête est que les minces sont gentils (Belle) et les gros sont méchants (la Bête) -- I mean, WHAAAAT?!! Un peu tiré par les cheveux, non ? Et je ne l'invente pas, je l'ai malheureusement lu...
C'est ce qu'on appelle être capillotracté !

Nota Bene
Et puis, si ce n'est en aucun cas une excuse, il faut se rappeler qu'il s'agit d'un commerce, que le genre du conte de fées a fait leur succès, a été leur marque de fabrique et que c'est vendeur. C'est la raison pour laquelle les contes originaux ont été remaniés aussi. Si l'on prend l'exemple de "La Petite Sirène" de Andersen, par exemple, on peut difficilement imaginer le dessin animé nous montrer Ariel se dissoudre dans l'écume des vagues...
C'est pour cette raison aussi que les studios ont choisi de changer les titres de leurs derniers films. Rapunzel est devenu Tangled (Raiponce), The Bear and the Bow (qui rappelle un titre de conte ou de légende) a pris le titre de Brave (Rebelle) et The Snow Queen a été délaissé pour Frozen (La Reine des Neiges) . En effet, La Princesse et la Grenouille (The Princess and the Frog) n'a pas rencontré le succès escompté et les studios ont estimé que le titre mettant en avant une princesse n'avait pas attiré les petits garçons dans les salles alors que les histoires sont en général celles de deux personnages, l'un féminin, l'autre masculin. Ainsi en choisissant des titres neutres, ils espèrent changer cela -un choix qui n'a pas toujours été suivi par Disney France, qui a gardé les noms des personnages féminins pour titre. Le choix se discute. Mais la question qu'il faut peut-être se poser c'est pourquoi est-ce qu'un garçon refuserait, ou peut-être n'oserait pas aller voir un film mettant en scène une princesse. Les filles peuvent bien aller voir Cars... pourquoi toujours vouloir séparer ?
Et bim !
Cependant, rien n'est jamais parfait, tout n'est pas rose (loin de là), et s'il y a bien un point sur lequel Disney a une bonne marge d'amélioration, c'est celui de la parité. En effet, si l'on fait le décompte, il y a beaucoup plus de personnages masculins que féminins dans ces dessins animé -à part peut-être dans La Belle au Bois Dormant. C'est-à-dire qu'en dehors de l'héroïne principale, les autres personnages féminins sont rares, voire inexistants. Quelqu'un s'exclamait que dans La Reine des Neiges "even the freaking reindeer is male!" Et c'est pas faux -mais là encore, je n'ose imaginer ce qui aurait été dit si le renne était une femelle et qu'elle était montée par un homme...
Peut-on voir ce manque de parité comme une façon de montrer ces jeunes filles tirer leur épingle du jeu dans un monde d'hommes ? Why not. Mais la parité dans la répartition des rôles ne serait certainement pas un mal ! En attendant, c'est pas la peine d'attaquer avec du vent, comme par exemple en disant que La Reine des Neiges fait des efforts dans le bon sens mais qu'il est dommage d'en décrédibiliser l'héroïne en la faisant tomber de son cheval ! Et là j'ai juste envie de rire parce que : vous vous rappelez de celui-là ? Et, oui, y a pas que les filles qui tombent de cheval !


Si ces personnes prenaient la peine de VRAIMENT regarder, écouter ces dessins animés, de gratter un peu, je crois qu'elles pourraient voir les qualités de ces personnages -ou peut-être que non, qu'elles sont juste bornées...
Rares sont les choses qui sont ou toutes blanches ou toutes noires et tout ce ce que j'ai à ajouter est l'opinion de ma cousine de onze ans qui pense que la qualité qui caractérise le mieux les héroïnes Disney est le courage. Une jeune fille qui comme moi a grandi avec ces dessins animés, qui est assez intelligente pour voir que Blanche Neige ou Cendrillon, par exemple, sont plus que des filles qui font le ménage, des jeunes filles qui essaient de faire au mieux avec la situation dans laquelle elles se trouvent, qui ne perdent jamais espoir et qui en sont finalement récompensées par un tournant dans leur vie. Que l'amour est une force, non une faiblesse !
Ce qui me gène le plus finalement, c'est que ces critiques semblent dire que pour être un modèle de féminisme il n'y a qu'un seul chemin à suivre, une image unique. Et ça revient à dire en fait : ne pas avoir le choix, ce qui va à l'encontre de l'esprit du féminisme. On devrait pouvoir être qui on veut. Et finalement, quoi qu'on en pense, ces personnages de dessin animé font leurs propres choix. Et si l'on tient compte du fait qu'il s'agit de conte de fées, qui par conséquent suivent un certain schéma, on voit que sans forcément être des modèles de féminisme -car je n'irai pas non plus jusque là- ces héroïnes n'ont absolument rien de condamnable au point de les déconseiller à nos enfants !
Faut quand même pas pousser !
En tous cas, cet article m'aura permis lors de mes recherches de voir que je n'étais pas la seule à penser comme ça ! Un blog a particulièrement retenu mon attention car je me suis retrouvée dans les arguments de l'auteure qui défend les héroïnes Disney contre ces mêmes critiques les unes après les autres : Blanche Neige, Cendrillon, Aurore, Ariel, Belle, Jasmine, Pocahontas, Mulan, Raiponce et Merida. Il se pourrait que je poursuive dans ce même esprit sur "La Magie de Disney" avec, après la série "Il était un personnage", une série "Il était une héroïne" pour démontrer comment utiliser ces personnages comme de bons modèles plutôt que les détruire et avec elles, ce qu'elles peuvent transmettre de bon.
http://un.dk/en/node/121
Il sera intéressant de voir ce que Disney fera du remake de La Belle et la Bête en prise de vue réelle. L'actrice choisie pour incarner Belle n'est autre que Emma Watson, récemment nommée ambassadrice des Nations Unies pour l'égalité hommes femmes et qui a lancé la campagne "HeForShe" avec un discours maintenant célèbre.

Et vous, quel est votre avis ?

dimanche 24 juin 2012

Blanche Neige et le Chasseur Charmant

Le teint blanc comme la neige, les lèvres rouges comme le sang, les cheveux noirs comme l'ébène
"Cela se passait en plein hiver et les flocons de neige tombaient du ciel comme un duvet léger. Une reine était assise à sa fenêtre encadrée de bois d'ébène et cousait. Tout en tirant l'aiguille, elle regardait voler les blancs flocons. Elle se piqua au doigt et trois gouttes de sang tombèrent sur la neige. Ce rouge sur ce blanc faisait si bel effet qu'elle se dit: Si seulement j'avais un enfant aussi blanc que la neige, aussi rose que le sang, aussi noir que le bois de ma fenêtre ! Peu de temps après, une fille lui naquit; elle était blanche comme neige, rose comme sang et ses cheveux étaient noirs comme de l'ébène. On l'appela Blanche-Neige."
Ainsi commence le conte bien connu des frères Grimm et ainsi démarre le film réalisé par Rupert Sanders, sorti sur nos écrans le 13 juin dernier. Blanche Neige et le Chasseur débute par un prologue narré par la voix du chasseur qui explique les circonstances de la naissance de Blanche Neige, ainsi que la mort de sa mère et le remariage de son père. Et, dès le début, nous avons donc un aperçu de ce que va être le film, c'est à dire un va et vient entre des références bien connues comme le conte original, ou même le dessin animé de Disney, et une nouvelle vision de l'histoire.
Commençons par le fait que le chasseur envoyé par la reine pour tuer Blanche Neige tient dans le film un plus grand rôle que dans le conte - ce qu'on devine aisément grâce au titre ! Dans le conte, le chasseur est chargé de tuer la princesse, dans la version de Sanders, il doit la retrouver pour la ramener à la reine qui veut son coeur. Mais comme dans le conte, il se range de son côté et l'épargne. Plus que ça, il l'accompagnera dans sa quête pour récupérer ce qui lui appartient de droit, son royaume.
On découvre dans ce prologue la nature maléfique de la reine qui, à peine mariée, tue le roi pour prendre pleinement possession de son royaume. On y trouve aussi une raison à son acte, tout comme au mal qui la ronge. Avant de tuer son époux, elle met sa pensée en parole et l'on comprend que sa haine des hommes est profonde. Selon elle, une femme ne craint rien tant qu'elle est jeune et belle mais, dès qu'elle vieillit elle est rejetée, répudiée. Et c'est donc pour cette raison qu'il n'y a rien de plus important pour elle que de rester jeune et belle à tout jamais.

Une reine usurpatrice et une princesse destituée
Dans Blanche Neige et le Chasseur, la reine se voit donner un nom. Ravenna. En anglais 'raven' signifie 'corbeau'. Un prénom de mauvais augure donc ! La reine est entourée de corbeau, ils sont ses animaux de compagnie et leur crâne ornent même une de ses robes. Elle même peut être comparée à un corbeau car, si elle ne se nourrit pas de cadavres, elle se sert de la jeunesse de son peuple pour rester jeune et belle en enlevant les jeunes filles avant d'aspirer leur jeunesse et de les laisser faibles, vieilles et grisonnantes. Pour Ravenna, la beauté et la jeunesse sont les armes les plus puissantes qu'une femme puisse posséder. Elle se sert donc de la magie pour les conserver. On nous offre une entrevue de son passé avec une courte scène dans laquelle sa mère jette un sort pour que sa fille conserve jeunesse et beauté. C'est elle qui lui dit que rien ne pourra lui arriver si elle reste belle. Ravenna s'attaque aux royaumes les uns après les autres, épousant leur roi avant de les tuer et de s'asseoir sur leur trône. La seule personne qu'elle aime est son frère Finn qu'elle garde à ses côtés. Tous deux ont juré de se protéger l'un l'autre et cela au détriment de tout le reste.
Ravenna est terrible, impitoyable et pourtant, à plusieurs reprises, nous la voyons terrifiée. Et cela chaque fois qu'elle affronte son miroir. Quand elle y voit quelques rides, on lui amène une jeune fille afin qu'elle puisse se repaître de sa jeunesse et tant que le miroir lui répond qu'elle est la plus belle, il n'y a rien à craindre. Charlize Theron est terrifiante dans la peau de ce personnage et passe en quelques secondes d'un calme inquiétant à une fureur dévastatrice. Elle incarne à merveille la folie de la reine, terrifiée à l'idée que le miroir ne la proclame pas plus belle que toutes les autres. Terrifiante et terrifiée, ça résume assez bien son personnage.
Rupert Sanders a choisi de représenter le miroir comme une entité vivante en le faisant se matérialiser face à la reine. Lorsqu'elle l'interroge, il semble fondre et vient prendre une forme humaine face à sa maîtresse pour lui répondre. Cependant, il y a de quoi se demander si le miroir est vraiment là ou s'il n'existe pas seulement dans l'esprit de Ravenna. En effet, lors d'une de ces scènes, Finn observe sa sœur parler à son miroir, ce qui permet à Sanders de nous montrer cet échange d'un point de vue extérieur. Et là on se rend compte que lorsque la scène nous ait montré du point de vue de Ravenna, nous voyons le miroir matérialisé sous forme de silhouette mais, quand nous suivons le point de vue de Finn, on nous montre Ravenna parler face au vide. Il est donc légitime de penser que ces échanges avec son beau miroir n'existent que dans sa tête, que son obsession de la beauté l'a rendue malade. Cela suggère aussi le fait qu'elle s'inflige sa propre souffrance. Sa mère lui a offert ce qu'elle pensait être un don mais ce don est devenu une malédiction. Il l'a rendue mauvaise et aujourd'hui il ne suffit plus à la maintenir jeune. En se servant de la magie pour préserver sa jeunesse, Ravenna va à l'encontre de la nature et cela se répercute sur son royaume, qui se meurt. Il faut que cela cesse. Sa mère l'avait mise en garde, "Ce qu'un beau sang a pu faire, un plus beau sang peut le défaire"...
Face à Ravenna, Blanche Neige. Les deux femmes sont différentes en tous points, tant par la couleur des cheveux que par leur nature profonde. Sa mère le lui fait comprendre très tôt, la véritable beauté de Blanche Neige est celle qu'elle cache dans son coeur. Au début du film, Blanche Neige se trouve dans la situation de n'importe quelle princesse qui se respecte, elle est enfermée dans une tour. Quand elle a pris possession du château après avoir tué le roi, Ravenna a épargné la princesse et l'a enfermée dans une tour pour ne plus avoir à se préoccuper d'elle. Mais, quelque chose devait lui souffler de la garder à portée de main. Car, en effet, pourquoi ne pas s'être simplement débarrassée d'elle ? C'est son miroir qui va lui souffler la réponse, car Blanche Neige est la cause du déclin de son pouvoir. En grandissant, elle est devenue plus belle qu'elle. Il n'est pas certain qu'il s'agisse simplement de beauté physique mais plutôt de celle qui se cache dans le coeur de Blanche Neige et dont Ravenna est dépourvue. Alors pourquoi la menace apparaît-elle seulement maintenant ? Blanche Neige a toujours été plus belle de coeur que sa belle-mère. Si le personnage du miroir est effectivement une invention de l'esprit torturé de Ravenna, cela veut dire qu'elle s'invente elle-même une menace. Et n'est-ce pas ce que font tous les grands méchants ? Cependant, Blanche Neige n'est pas seulement une menace. Il est vrai que son "plus beau sang" peut défaire ce qu'a accompli celui de Ravenna mais il peut aussi lui apporter jeunesse et beauté éternelle, elle deviendrait alors immortelle, invincible.
L'interprétation saisonnière du conte identifie la reine à l'hiver et Blanche Neige au printemps, c'est quelque chose que l'on retrouve dans ce film puisque sous le règne de Ravenna, la nature se meurt. Et quand Blanche Neige s'enfuie du château, des fleurs poussent de nouveau sur les arbres. D'abord, elle fuit. Elle fuit le château, jusque dans l'Obscure Forêt et au delà. Mais elle fuit pour mieux faire face. Elle veut rejoindre le château du Duc pour prendre d'assaut son propre château et récupérer le trône de son père. Elle sera aidée dans sa quête par le chasseur qui se range finalement à ses côtés, ainsi que par William, son ami d'enfance qui la retrouve enfin et qui fait office de prince. Mais Blanche Neige a à ses côtés bien d'autres alliés. La nature dans son intégralité est derrière elle personnifiée par des animaux, des fées et ultimement par le grand cerf blanc. Ainsi, Blanche Neige va prendre les armes pour défier celle qui a usurpé son héritage. Ici, elle n'attend pas qu'un prince vienne la délivrer, elle prend en main son destin et c'est elle qui commande à son armée. N'ayez crainte, Blanche Neige ne devient pas pour autant une guerrière sanguinaire ! A part donner un coup de bouclier dans le nez d'un ennemi, elle s'en sort grâce au chasseur qui protège ses arrières ! Son rôle n'est pas de faire la guerre mais de neutraliser Ravenna pour mettre fin à son règne malfaisant, c'est sa destinée. Défaire ce que Ravenna a fait...
La lumière percera les ténèbres
Blanche Neige et le Chasseur c'est l'histoire de deux destins liés, intimement entremêlés. Une histoire dans laquelle Blanche Neige est la lumière qui doit venir à bout des ténèbres de Ravenna, comme le printemps vient à bout de l'hiver. Dans le face à face final l'armure brillante de Blanche Neige contraste avec celle de la reine, aussi noire que les plumes de ses corbeaux, dans une parfaite représentation de cette idée. On retrouve la même dualité avec deux autres personnages. Je veux parler de l'Obscure Forêt et du Sanctuaire, le domaine des fées. Si j'utilise le terme de 'personnages' pour qualifier ces deux forêts c'est parce qu'elles ont leur vie propre et qu'elles tiennent une place importante dans l'histoire. Dans les contes, il est souvent question de forêts, qu'il s'agisse d'un bois sombre et terrifiant ou au contraire d'un endroit enchanteur. Deux aspects que nous retrouvons dans Blanche Neige et le Chasseur.

D'abord, Blanche Neige traverse l'Obscure Forêt après s'être évadée du château. Les arbres y sont nus et ont l'écorce sombre, les branches sont basses et tout est là pour en faire un lieu inquiétant. Les branches agrippent ses vêtements, les racines la font tomber. On a l'impression que la forêt veut l'empêcher d'avancer. C'est dans cette forêt que la retrouve le chasseur avant de se retourner contre ses employeurs et de l'aider à sortir de ce sombre endroit. Cette forêt est dangereuse, malfaisante. C'est une nature dénaturée et je crois que l'on peut dire que si Ravenna était une forêt, elle serait celle-ci. Dans le même esprit, Blanche Neige serait alors le Sanctuaire, ou la forêt enchantée. C'est un endroit qui représente l'espoir. L'espoir d'une nature à nouveau luxuriante. L'espoir que représente le printemps face à la mort de l'hiver. C'est d'ailleurs dans le Sanctuaire que Blanche Neige va être reconnue par le grand cerf blanc comme celle qui délivrera le royaume des ténèbres. La phrase "Ce qu'un beau sang a pu faire, un plus beau sang peut le défaire" prend alors des airs de prophétie. Une prophétie dans laquelle Blanche Neige joue le rôle de l'élue qui va délivrer le monde du joug de sa belle-mère. Plus tôt dans le film, on nous avait déjà offert un indice qui allait dans ce sens. Quand Blanche Neige et le chasseur quittent enfin l'Obscure Forêt, ils rencontrent un troll et, alors que celui-ci s'attaque au chasseur, lorsqu'il se trouve face à Blanche Neige il se calme et prend un air presque timide, semblant reconnaître en elle quelqu'un de spécial.
Ainsi, les destins de Ravenna et de Blanche Neige sont liés. De leur rencontre, alors que Blanche Neige n'est encore qu'une enfant, jusqu'au duel final. Déjà, lorsque Ravenna s'avance vers l'autel et son futur époux, Blanche Neige sur ses talons, on voit sur son visage comme un malaise parce qu'elle se rend compte que malgré sa beauté, ce n'est pas elle qu'on regarde, mais la petite princesse qui marche derrière elle. Après sa prise de pouvoir, Ravenna enferme Blanche Neige dans une tour comme si elle craignait à la fois de la laisser en liberté ou de la tuer. Quand elle apprend que son coeur lui permettrait d'obtenir la jeunesse éternelle cependant, elle n'hésite plus et demande à son frère de lui amener la princesse. Alors quand elle s'échappe, elle laisse éclater sa colère et mettra tout en œuvre pour récupérer sa précieuse source de jouvence. C'est alors que le chasseur entre en piste, chargé de retrouver la prisonnière évadée. Quand finalement il se range aux côtés de la princesse fugitive, Ravenna réalise qu'elle ne sera jamais mieux servie que par elle-même. Alors, sous l'apparence de William - ami d'enfance de Blanche Neige - elle la séduit et lui propose une pomme. La fameuse pomme. Une bouchée suffit. Blanche Neige s'écroule. Mais, avant que Ravenna puisse s'emparer du coeur de sa victime, le véritable William et le chasseur accourent auprès de Blanche Neige et la mettent en fuite. Quand Blanche Neige revient à la vie, plus question de fuir. Son peuple, son royaume sont à l'agonie et la meilleure défense sera l'attaque. Elle part alors à l'assaut du château avec les troupes du Duc pour se retrouver encore une fois face à son ennemie. Dans ce dernier face à face, les mots prémonitoires de la mère de Ravenna se réalisent et, comme le chasseur le lui a enseigné, Blanche Neige pare et perce le coeur de Ravenna de sa dague. Alors qu'elle semblait invincible, Ravenna s'écroule et recule en rampant sous le regard de Blanche Neige qui lui dit: "Tu n'auras jamais mon coeur." Non, elle ne l'aura pas, au sens propre comme au figuré.
Sa soif de jeunesse et de beauté éternelles avait corrompu Ravenna et sa magie allant à l'encontre des lois de la nature s'est finalement avérée moins puissante que l'incarnation de la pureté et de la bonté qu'est Blanche Neige. Quand celle-ci est couronnée à la fin du film, les arbres reprennent vie et c'est une branche fleurie qui fait office de sceptre. Incarnation de la nature dans tout ce qu'elle a de plus pur et de plus fort, Blanche Neige a vaincu tout ce qui était malsain et dénaturé, tout ce qui était personnifié en Ravenna.

Les nains à la rescousse
Que serait Blanche Neige sans les nains ! Ici, ils forment une petite troupe qui volent pour subsister. Seuls représentants d'un peuple disparu, ils regrettent le temps où ils étaient d'honnêtes mineurs. Quand ils rencontrent Blanche Neige en compagnie du chasseur, ils font d'abord d'eux des prisonniers mais, comme dans le conte, ils lui offriront bien vite un abri contre la reine. Dans le film, il ne s'agit pas de leur maison, ni d'un échange de bon procédé - le gîte contre le ménage - mais ils emmènent Blanche Neige dans le Sanctuaire, le domaine des fées. Et ils l'abritent parce que l'un d'eux, voit en elle un espoir. Quand le cerf blanc s'incline devant elle, tous sont décidés à la suivre où qu'elle aille et ils s'avèreront être de précieux alliés sans lesquels il eut été difficile de pénétrer dans le château.
Ce groupe de nains amène aussi un peu d'humour dans l'atmosphère plutôt sombre du film. Si leur nom sont différents, on reconnaît tout de même en eux Prof, sous les traits de ce nain un peu médium, ainsi que Grincheux qui rouspète à plusieurs reprises et qui est particulièrement méfiant. Mais il y a aussi Simplet, ce nain qui tombe instantanément sous le charme de Blanche Neige et qui l'invite à danser lors de leur veillée autour du feu. On trouve d'ailleurs dans le film une référence au dessin animé quand l'un des nains s'exclame "Hei Ho, on retourne au boulot". Mais il est vite rabrouer par un autre qui réplique "Le premier qui siffle, je l'assomme !"
Les nains ne sont pas les seuls à faire ce clin d’œil au dessin animé. Lorsque Blanche Neige s'évade se sont des pies qui lui montrent la voie. Elles la guident vers la sortie et jusqu'à un cheval blanc qui l'emmène à la lisière de l'Obscure Forêt. Comme dans le dessin animé, les animaux sont les amis de Blanche Neige et, s'ils ne l'aident pas à faire le ménage, leur intervention n'en est pas moins importante ! En réalité ce sont des fées qui se cachent dans les pies et qui se montrent enfin une fois à l'abri dans leur forêt enchantée. En parlant de forêt, l'Obscure Forêt est aussi dans le film un décor qui rappelle le dessin animé car les arbres semblent vivants et prêts à tout pour empêcher Blanche Neige d'avancer. Leurs branches comme des mains crochues s'accrochent à ses vêtements et où qu'elle pose son regard, elle voit des formes terrifiantes et, comme dans le dessin animé, il ne s'agit que d'une illusion. Comme le dit le chasseur, "la forêt tire sa force de ta faiblesse" et c'est de cette façon qu'elle paralyse de peur ceux qui s'y aventurent.

Un prince, un chasseur, deux baisers
Un prince, pas tout à fait. William est en réalité le fils d'un duc et l'ami d'enfance de Blanche Neige. Tous deux jouaient dans les jardins du château et se chamaillaient. William a notamment cueilli une pomme dans un arbre, soit disant pour Blanche Neige et la croque sous son nez avant de la jeter par terre. Évidemment, quand Ravenna prend l'apparence de William pour offrir la pomme empoisonnée à Blanche Neige, on ne peut que voir le parallèle avec cette première scène. Se rappelant le tour que William lui avait joué, Blanche Neige prend la pomme et la croque. Cependant, elle ne la jette pas au sol, elle la laisse tomber par terre quand ses forces commencent à la quitter. Quand Ravenna a introduit son armée dans le château pour prendre possession du royaume, William et son père ont pu s'enfuir mais ils n'ont pas réussi à emmener Blanche Neige avec eux. Cela, William ne se l'est jamais pardonné. Alors quand il apprend toutes ces années plus tard qu'elle est en vie, il met tout en œuvre pour la retrouver. Il se joint donc à Finn et ses soldats pour traquer Blanche Neige et le chasseur. Quand il la retrouve enfin, il se joint à eux et la troupe de nains pour les amener jusqu'au château de son père. Mais quand en chemin Blanche Neige est piégée par la reine, il a le sentiment d'avoir failli encore une fois. Il la supplie de ne pas mourir mais elle ferme les yeux, inanimée. Alors, en geste d'adieu, il dépose un baiser sur ses lèvres déjà bleuies par le froid et - rien... Elle ne se réveille pas.

Alors que William est du genre bien sous tout rapport - et, il faut le dire, un peu ennuyeux - le chasseur, dont je n'ai pas saisi le nom mais qui s'appellerait Éric, est un personnage bien plus torturé. Les guerres qui ont occupé la majeure partie de son passé ont laissé des traces et il s'est mis à boire trop. Sauvé par l'amour d'une femme, il retrouvera le bonheur mais ses vieux démons le rattrapent et il s'éloigne d'elle avant de la perdre. Aujourd'hui veuf, il dépense le peu d'argent qu'il gagne en whisky. Mais, un jour il est choisi par la reine pour traquer sa prisonnière évadée. Un jour qui va changer sa vie. Bien que réticent à se mêler des affaires de la reine, il se laisse convaincre quand elle lui promet de lui rendre sa femme en échange de ses services. Quand il comprend qu'il a été dupé, il refuse de leur livrer Blanche Neige et pense reprendre seul sa route quand la jeune fille lui demande son aide. Après discussion, il accepte de l'emmener avec lui et lui apprend même à se défendre avec une dague - une leçon qui lui sera bien utile face à Ravenna. Bien qu'il l'abandonnera une fois à un village de femmes, pensant qu'elle sera plus en sécurité avec elles qu'avec lui, il restera à ses côtés jusqu'à la fin.
Bien vite rejoints par le groupe de nains, ils continuent leur route jusqu'au Sanctuaire et c'est là qu'il se rend compte qu'elle est spéciale. "Tu as des yeux, chasseur, mais tu ne vois pas" lui dit un nain. Mais il voit à présent et restera aux côtés de sa princesse pour mettre fin au règne de Ravenna. Il le dit, Blanche Neige lui rappelle sa femme, alors quand elle croque la pomme et qu'il croit l'avoir perdu, il est rongé par le chagrin. Il veille aux côtés de son corps endormi et se confie à sa princesse perdue. Avant de la quitter, il dépose un baiser sur ses lèvres alors qu'une larme s'écrase sur la peau froide de Blanche Neige et quitte la pièce. Et là - il fallait s'en douter - l'air s'engouffre à nouveau dans ses poumons, ses paupières se soulèvent et Blanche Neige s'éveille.
Il est vrai que dans cette histoire, Blanche Neige est, bien qu'innocente, forte et qu'elle n'a pas besoin d'un prince charmant. C'est elle qui soulève les foules et les conduit à la bataille. Dans la scène finale, elle est couronnée reine et cela sans avoir épousé un roi mais parce que c'est là qu'est sa place, sur le trône de son père. De plus, si William fait figure de prince charmant, il est un ami d'enfance que Blanche Neige n'a pas vu depuis des années et, bien qu'elle sache qu'elle peut compter sur lui, elle ne le connaît pas. Sa relation avec le chasseur est différente. Bien que tous deux sur la défensive au début, ils apprennent vite à se faire confiance car ils se retrouvent seuls en milieu hostile avec les troupes de Ravenna à leurs trousses et ils n'ont que l'un l'autre sur qui compter. Cela peut paraître insignifiant mais, alors que William présente ses excuses pour l'avoir abandonnée aux mains de sa belle-mère, Blanche Neige lui répond qu'il n'étaient que des enfants et qu'il n'aurait rien pu faire, semblant lui signifier que tout cela est du passé et qu'elle a choisi d'aller de l'avant. Ce qu'elle fait tout de suite après en acceptant le bras du chasseur pour l'aider à traverser un ruisseau. Déjà là, son choix semble être fait. Alors que l'amour de William est un reste de leur amitié d'enfance, celui du chasseur semble plus réel et il n'est donc pas surprenant que ce soit son baiser qui ramène Blanche Neige à la vie.
Cependant, alors que ce choix est un changement important par rapport à l'histoire originale, il est étonnant de voir qu'il ne soit pas plus exploité. En effet, il n'en est pas fait mention ultérieurement et n'est pas expliqué. La scène finale va tout de même dans le même sens puisqu'elle montre le couronnement de Blanche Neige face à ses sujets. Parmi ces sujets, nous retrouvons les visages familiers des nains et de William mais pas celui du chasseur, celui qu'elle semble chercher du regard. Et ce n'est que lorsqu'il fait son apparition que le visage de Blanche Neige s'illumine enfin, signifiant que maintenant qu'il est là, tout est parfait. Cette piste présente une ouverture intéressante pour une éventuelle suite. Suite qui pourrait bien voir le jour puisque les acteurs auraient signé pour trois films et que le scénariste se serait déjà attelé à la rédaction du scenario. Maintenant que ce monde a été mis en place, il est possible d'y conter d'autres histoires et il serait intéressant de se focaliser sur la signification de l'amour dans le conte puisque ce premier film met en avant la bonté de Blanche Neige comme étant son "trésor", sa véritable beauté. C'est son amour pour son royaume, pour son père disparu qui la porte et qui lui donne la force de se battre pour ce qui est juste. Et, c'est l'amour qui est assez fort pour qu'un baiser brise le sort. L'amour est un thème récurrent dans les contes et il serait intéressant de voir se développer celui de Blanche Neige et de son chasseur charmant !
 

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