Bilbo

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Prochainement

- "Don't be alone, Doctor" : les femmes de Doctor Who

- Penny Dreadful : une nouvelle ligue de héros extraordinaires

- Tolkien et les forêts de la Terre du Milieu

- Les gentlemen en tous genres (ou pas) des sœurs Brontë

- Field of Dreams : des rêves et des hommes

- Une touche de Jane Eyre et une pincée des Hauts de Hurlevent dans la recette du Jardin Secret

- Les héroïnes en tous genres de Jane Austen

NB : Le référencement des illustrations est en cours... mais ça risque de prendre un peu de temps !

The translation of some articles into English is in progress and will soon be available.
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mercredi 23 décembre 2015

Christmas with the Doctor

L'épisode de Noël est une tradition chez Doctor Who depuis que la série a repris en 2005. Si la diffusion de la série n'est pas toujours régulière, elle ne rate jamais le rendez-vous du 25 décembre. Et bien évidemment, elle s'adapte à l'occasion ! 

Des monstres festifs
Les monstres sont une autre tradition de la série mais pour l'occasion, ils prennent une forme festive ! Dans "The Christmas Invasion" (2005), le Doctor est en train de récupérer de sa régénération -la première à laquelle on assiste, si comme moi vous avez commencé la série en 2005 et qui nous fait passer de Nine à Ten. Mais les monstres ne font pas de pause pendant les fêtes ! Les Pères Noël qui arpentent les rues sont armés et le sapin de Noël mystérieusement livré chez Rose et sa mère se retourne contre eux ! Ces mêmes monstres réapparaissent dans "The Runaway Bride" (2006) dans lequel nous faisons aussi la connaissance de Donna, future compagne de voyage du Doctor. Ces monstres ne sont que des robots commandés par de plus grandes menaces : le peuple des Sycorax d'abord, puis l'impératrice des Racnoss. Pour son prochain Noël, dans "Voyage of the Damned" (2007), le Doctor entre en collision avec le Titanic -qui vogue dans l'espace cette fois... A bord, le service est en partie assuré par des hôtes robotiques en la forme d'anges... Pas très amicaux non plus ceux-là puisque celui qui est les commande veut assouvir une vengeance personnelle qui doit conduire au meurtre des passagers du Titanic et des habitants de la Terre avec laquelle il va entrer en collision... Et quand ce ne sont pas les anges, ce sont les bonhommes de neige qui s'en mêlent dans "The Snowmen" (2012) !

Références classiques de saison
Qui d'autre que le légendaire Père Noël pourrait-on donc invoquer en rêve pour nous aider ? Comme il le dit : "It's the North Pole, it's Christmas day and you're dying -who you gonna call?" Dans "Last Christmas" (2014), Twelve et Clara sont confrontés à des dream crabs et en cette nuit de Noël, c'est la présence ou non du Père Noël qui leur permet de savoir s'ils sont toujours prisonniers d'un rêve ou non.
Des classiques anglais servent parfois de base aux scénarios. Ainsi, "The Doctor, the Widow and the Wardrobe" (2011) utilise le deuxième roman de la série des Chroniques de Narnia de C.S. Lewis, The Lion, the Witch and the Wardrobe, comme inspiration puisque les enfants Arwell passent à travers un portail qui les emmène jusque dans une forêt enneigée... Encore plus symptomatique, le classique ultime de Noël : A Christmas Carol de Charles Dickens. Ainsi, dans "A Christmas Carol" (2010), le Doctor et ses acolytes jouent les fantômes des Noël passé, présent et futur auprès de Kazran Sardick qui est devenu un vieux bougon insensible et cruel. Eleven doit changer cela s'il veut pouvoir sauver ses amis -sauvetage qui ne tient qu'à la bonne volonté de Kazran, qui tient ici le rôle d'Ebenezer Scrooge. Plus tôt, le Doctor -Nine à l'époque- rencontre Dickens lui-même un soir de Noël à Cardiff pour une autre histoire de fantômes (ou presque !) et qui se termine sur ses mots : "Merry Christmas! And God bless us, everyone!" qu'il aura empruntés à son personnage Tiny Tim, celui qui fait fondre le cœur glacé d'Ebenezer !
Un temps pour les proches
Noël est un temps pour la famille et Doctor Who nous le rappelle. Dans "The Next Doctor" (2008) nous suivons la quête de Jackson Lake qui se prend pour le Doctor après avoir absorbé les données sur le personnage détenues par les Cybermen. Mais, comme le lui explique Ten, ce transfert n'a pu se produire que parce que Jackson fuyait sa vie : "You wanted to become someone else because Jackson Lake had lost so much..." Et en effet, à mesure qu'il retrouve la mémoire, Jackson réalise que sa famille lui a été enlevée mais que son petit garçon est toujours en vie. Une fois la ville sauvée des Cybermen, Jackson invite le Doctor à se joindre à eux pour Noël et il accepte -ce qui n'est pas automatique. Jackson l'aura convaincu : "In memory of those we have lost" et le Doctor a perdu beaucoup.

Mais Noël est parfois un moment pour des retrouvailles. Dans "The Doctor, the Widow and the Wardrobe" (2011), la famille Arwell est finalement au grand complet. Sa famille réunie autour d'elle, Madge envoie Eleven retrouver la sienne : Amy et Rory. Le Doctor doit se faire pardonner pour deux ans d'absence -et s'il n'y avait que ça- mais une place autour de la  table l'attend parce qu'on lui en réserve toujours une. Alors, Eleven s'aperçoit qu'une larme roule sur sa joue... "Cry when you're happy... so human" disait-il...

Mais parfois, le Doctor insiste pour être seul -quand il ne devrait pas l'être. C'est ce qu'il fait en renvoyant Clara chez elle par deux fois alors qu'il défend la ville de Christmas assiégée dans "The Time of the Doctor" (2013). Le Doctor sait que c'est ici qu'il va mourir... mais Tasha Lem en a décidé autrement : "He shouldn't die alone. Go to him." dit-elle à Clara qu'elle est retournée chercher. Clara et le Doctor casse un cracker ensemble et le poème à l'intérieur annonce la prochaine régénération du Doctor :"Eleven's hour is over now, the clock is striking twelve's". Clara accompagnera le Doctor -maintenant Twelve- pendant encore nombre d'aventures, avant de céder sa place... Et cette année, Noël doit voir le retour de River Song ! Merry Christmas, sweeties!

dimanche 21 juin 2015

Avengers 2... quand six super-héros ne suffisent toujours pas !


"They will come back [...] because we'll need them to." - Nick Fury 
Et Nick ne s'était pas trompé. Revoilà l'équipe au grand complet à la recherche du sceptre de Loki, disparu durant l'implosion du SHIELD qui s'était révélé infecté jusqu'au trognon par Hydra dans Captain America 2 : Le Soldat de l'hiver. Le Captain y partageait l'affiche avec la Veuve Noire tandis que chacun  des autres membres de l'équipe était reparti de son côté pour la suite de leurs aventures solo. Tony Stark avait rencontré quelques difficultés à retrouver une vie normale dans Iron Man 3 après les événements de New York, souffrant de ce qui ressemble à un syndrome de stress post-traumatique. Thor lui était rentré à Asgard pour s'occuper de Loki, entre autres choses, dans Thor 2 : Le Monde des ténèbres. Mais la chasse au sceptre de Loki n'est qu'une intro à la façon des séquences pré-génériques de la saga James Bond. Une intro à l'histoire qui va occuper le reste de ce deuxième opus. Dans ce QG replié d'Hydra où est caché le sceptre, Tony découvre quelque chose qui va émoustiller son intérêt de scientifique -ou de "savant fou", comme il le dit lui-même- : une forme avancée d'intelligence artificielle, qui pourrait bien lui servir à mettre en place son programme de protection de la planète : Ultron. Il réussit à entraîner l'autre savant fou du groupe, Bruce Banner, dans ses expériences -jusqu'à ce qu'ils perdent tout contrôle sur leur création...

Les vétérans de New York

Steve Rogers, leader confirmé
On l'avait compris dès Captain America : First Avenger, Steve Rogers est quelqu'un  que l'on suit, un leader. Il l'avait confirmé dans Avengers en coordonnant cette équipe d'abord divisée pour tirer parti des forces respectives de chacun. Dans Avengers 2 : L'Ere d'Ultron, l'équipe est bien rodée et ce dès la scène d'intro. Encore une fois, c'est Steve qui donne les directives, et tout le monde a l'air d'accord avec ça, qu'il s'agisse de l'égocentrique Tony, de l'incontrôlable Hulk ou encore du dieu Asgaardien, Thor. Mais, toujours intransigeant sur la frontière entre bien et mal, Steve ne pourra évidemment pas cautionner la bévue de Tony avec Ultron ! Mais une équipe est une équipe et il faut bien se serrer les coudes. Quand chacun repart une nouvelle fois de son côté, Steve lui reste au QG flambant neuf du SHIELD, "Je suis chez moi", dit-il.

Tony Stark, électron libre
Si Tony s'est assagi au cours du premier épisode, illustré par son "A vos ordres, Captain!", il demeure un électron libre. Ainsi, s'il accepte volontiers les ordres de Steve en mission, il ne lui fait pas part de sa trouvaille et de son projet -sans doute parce qu'il sait très bien ce qu'il en penserait ! Cette trouvaille, une forme développée d'intelligence artificielle, associée à son programme de défense, Ultron, pourrait selon lui avec encore un peu d'efforts être en charge de la protection de la Terre -c'est encore le stress post-traumatique qui parle car Steve a raison : c'est en essayant d'empêcher une guerre, qu'elle naît et que des innocents meurent. C'est pourtant ce que tous reprochaient déjà au SHIELD dans le premier épisode quand ils ont découvert les armes que l'agence s'était mise à créer après les incidents de Thor. C'est donc en secret, et avec l'aide de Bruce Banner, que Tony se met au travail sur le projet Ultron. Jarvis fait pale figue à côté de l'intelligence artificielle mise au point par Hydra, mais comme chaque fois que ce sujet est abordé, une intelligence artificielle est créée dans un but précis sans que son créateur tienne compte un seul instant du fait qu'elle sera assez intelligente pour refuser la mission qu'on veut lui confier...

Thor, entre deux mondes en un éclair
Thor a à cœur de réparer le mal causé par Loki, c'est pour ça qu'il en a après le sceptre -une telle arme ne devrait pas rester à la disposition des hommes. Autre arme qui n'est pas pour tous : son propre marteau, Mjolnir. Il en est souvent question, d'abord sous forme de blagues récurrentes, puis lors d'un jeu durant lequel chacun leur tour les Avengers essayent de le soulever sous les rires de Thor -jusqu'à ce que Steve le fasse légèrement bouger : une fausse alerte, cependant ! Mais, quelqu'un d'autre va réussir à s'emparer du marteau de Thor, et à ce moment là, plus de doute possible, s'il est digne du marteau, alors on peut lui accorder toute confiance...

La Belle et le Hulk
En effet, c'était Natasha que Nick Fury avait envoyé pour chercher Bruce dans le premier épisode et, si à l'époque elle n'avait pas réussi à passer à travers la carapace de Hulk, leur relation s'est depuis développée - sous le regard attendri de Steve et au grand dam de Bruce lui-même ! Il ne prend pas ses avances au sérieux, n'y voyant là que ses petits jeux habituels. Et pourtant, Natasha sembe être la seule à pouvoir le rappeler à son humanité en calmant Hulk à l'aide de ce qu'ils appellent une berceuse -en tous cas, c'est toujours elle qu'on envoit ! Mais alors que Bruce s'autorisait à espérer une possible relation avec Natasha, elle trahit cette confiance si difficilement gagnée en prenant le contre-pied de la berceuse, c'est-à-dire en attaquant Bruce pour réveiller Hulk. Certes, la situation était désespérée : "C'est de l'Autre que j'ai besoin" mais il y a fort à parier que Bruce aura du mal à pardonner. D'ailleurs, Hulk quitte la scène de combat après avoir mis Natasha à l'abri et Bruce ne refera plus d'apparition durant le reste du film.


Clint Barton, papa faucon
Alors ça, je ne l'aurais jamais deviné mais il s'avère que Clint Barton, alias Hawkeye, est un époux et un papa poule avec une petite maison bien cachée dans la prairie. Après le coup de Coulson dans Avengers et étant donné qu'on installe maintenant Clint avec toute une famille pour le pleurer, plus le fait qu'on insiste pas mal sur sa condition d'homme ordinaire -si on omet l'extraordinaire habileté à l'arc évidemment- au sein d'un groupe de dieux et autres gros hommes verts, j'ai commencé à craindre le pire pour Hawkeye dès que nous avons quitté son nid douillet pour la confrontation finale. Mais, encore une fois, je me suis fourvoyée et c'est quelqu'un d'autre qui va prendre sa place -littéralement.

Nouvelles -et moins nouvelles- têtes
Jumeaux optimisés
Vif Argent et la Sorcière Rouge -les jumeaux Wanda et Pietro Maximoff- sont les résultats des expériences d'Hydra. Le premier est incroyablement rapide tandis que la seconde donne dans la télékinésie et le contrôle mental. Victimes de la guerre en Europe de l'est, ils sont restés marqués par l'expérience traumatisante d'un missile tombé dans leur appartement mais qui n'a pas explosé -un missile estampillé Stark... Alors ils se joignent d'abord à la cause d'Ultron qui voit une menace à éradiquer dans les Avengers. Quand ils comprennent, comme l'exprime Wanda, "[qu']Ultron ne fait pas la différence entre sauver le monde et le détruire" et que son plan menace des centaines d'innocents, les Maximoff changeront de camp.
Intelligences artificielles
Après sa découverte dans les labos d'Hydra, Tony ne peut résister : il doit aller jusqu'au bout de ce qu'ils ont commencé et il entraîne un Bruce d'abord réticent à sa suite. Mais cette forme d'intelligence artificielle associée à son programme Ultron prend finalement le contrôle des opérations et son premier acte est de tuer. Et c'est Jarvis qui en fait les frais. Ultron se télécharge d'abord dans une des machines de Tony, avant de prendre la fuite par le réseau internet et n'aura de cesse que de trouver l'hôte parfait. Et ce corps parfait, il compte bien le fabriquer lui-même grâce à des tissus de synthèse -on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Et Ultron a en sa possession l'une des sept pierres d'infinité -qui se trouvait dans le sceptre de Loki, cadeau de Thanos. Mais les Avengers sont sur le coup, récupèrent le corps en construction avant la naissance de la Vision. D'abord méfiants devant cet enfant d'Ultron, les Avengers n'ont d'autres choix que de lui faire confiance quand il se saisit du marteau de Thor sous leurs yeux ébahis !


SHIELD : protocole fantôme
Malgré les événements de Captain America 2, le SHIELD survit dans l'ombre grâce à Maria Hill et Nick Fury -toujours présumé mort- et c'est la tour Stark qui sert de QG provisoire. Ils sont toujours très impliqués dans l'initiative Avengers et c'étaient sous leurs ordres qu'opéraient la Veuve Noire et Hawkeye avant même de faire partie du groupe. Et ils continuent de recruter, signe qui ne trompe pas : ils n'ont pas abandonner la partie !


Guest-stars
Le SHIELD a toujours des contacts en dehors des Avengers et quand les choses dégénèrent avec Ultron en Europe de l'est, quelques bras supplémentaires sont nécessaires ! Ainsi, le SHIELD fait appel à des visages connus : Falcon, rencontré dans Captain America 2 et War Machine, le vieil ami de Tony qui semble avoir délaissé le pseudonyme Iron Patriot -à moins qu'il ne l'utilise que lorsqu'il œuvre pour le gouvernement américain !

Le retour de la recette Whedonesque

Ultron, méchant attachant
Ce sont les meilleurs, ces méchants qu'on aime malgré tout. Et Ultron en est un bon exemple -il est presque hypnotique dans sa façon de bouger- être félin quand on est un robot n'est pas donné à n'importe qui ! Et puis le fait qu'il ait hérité de l'humour cynique de Tony puisqu'il en est en partie la création, ne gâte rien. Il veut se distancier de son créateur mais bien souvent, on le retrouve dans ses paroles. Et puis bien sûr, malgré le mal qu'il fait, on ne peut s'empêcher de compatir avec lui parce qu'on devine une certaine souffrance.


Encore un R.I.P.
Était-ce bien nécessaire ? Je n'en suis pas convaincue. Comme je le disais, j'ai eu peur que ce ne soit la fin pour Hawkeye mais c'est un  nouvel arrivant qui quitte déjà le groupe : Pietro Maximoff / Vif Argent, laissant sa sœur se battre seule avec le reste des Avengers. J'ai trouvé ce choix un peu trop convenu et presque artificiel -- ça faisait forcé, comme si un personnage devait nécessairement y passer. Alors que le cas de Coulson avait été une horrible surprise, là on s'y attendait et ça ne fonctionne pas aussi bien. Une victime collatérale pour pas grand chose...

Vannes à tout va
On retrouve le ton du premier Avengers sans aucun doute, les vannes s'enchaînent, d'autant plus que la dynamique de groupe s'est installée ! Steve s'en prend plein la tête parce qu'il rappelle ses coéquipiers à l'ordre sur leur langage : pas de gros mots pour le Captain ! "Je suis le seul à être gêné par le fait que le Captain interdise les gros mots ?" demande Tony en pleine mission. De façon récurrente, on fait aussi des hypothèses quant au marteau de Thor. On ne peut le soulever mais s'il est déposé dans un ascenseur, il va pouvoir grimper les étages dans l'ascenseur, est-ce que ça veut dire que celui-ci en est digne ?!

Même si on passe un bon moment, j'ai davantage apprécié le premier. J'ai beaucoup aimé Ultron mais alors que le premier épisode jonglait habilement entre les personnages, ici ça devient un peu fouillis : quand on passe de six à onze, il commence à y avoir un peu trop de monde ! Sans parler de la surenchère d'effets spéciaux. C'est dommage parce que trop souvent, ça ne sert même pas l'histoire, c'est juste pour faire du spectacle et ça fait si peu naturel que ça sonne faux.
Ne reste plus qu'à attendre la phase 3 avec Ant-man cet été, puis Captain America 3 : Civil War devrait suivre et voir le retour de Bucky et de bien d'autres : la Sorcière Rouge, la Veuve Noire, la Vision et même Tony... Captain America 3 est déjà presque Avengers 3 ! Mais non, et il faudra patienter encore un peu pour ça et pour que l'équipe affronte enfin Thanos qui apparaît encore une fois dans la scène post-générique !

vendredi 31 octobre 2014

Casper


Casper, the friendly ghost
A la fin des années 1930, Seymour Reit et Joe Oriolo créent Casper, un gentil fantôme. Nous sommes en 1939 et leur album pour enfants ne reçoit que peu d'intérêt. Les droits sont vendus à Paramount Pictures et Casper finit par rencontrer le succès. Il devient un dessin animé et une série de livres imagés. Mais, aux Etats-Unis, la question de la mort dérange... Ce fantôme à l'allure rondouillette d'un jeune garçon errant près d'une pierre tombale ne semble d'abord pas poser de problème mais les gens finissent par poser la question. Est-ce que Casper, indubitable fantôme, est un enfant mort ? C'était bien là l'idée de départ, celle d'un enfant, qui sous la forme d'un fantôme après sa mort, cherche encore à se faire des amis plutôt que de faire peur, l'activité normale d'un fantôme. Alors, pour satisfaire les gênés par la mort de Casper, on décide que si Casper est un enfant-fantôme c'est parce que ses parents eux-mêmes sont des fantômes ! Mouais... Et, pour atténuer un peu l'aspect fantomatique de Casper, on lui dessine deux petits pieds !
Cependant, en 1995, l'adaptation cinéma n'hésite pas à retourner au premier choix des créateurs et à recréer Casper en tant que fantôme d'un jeune garçon mort l'hiver de ses douze ans.

Histoires de fantômes dans le Maine
"Boucaniers et butins d'or, Whipstaff détient un trésor"
Le manoir de Whipstaff à Friendship dans le Maine est au cœur de l'histoire et c'est là qu'elle commence. Deux enfants s'y introduisent pour se prendre en photo et frimer devant les copains ! Mais ils ne friment pas lorsqu'ils se rendent compte qu'ils ne sont pas seuls... L'histoire reprend avec Carrigan qui assiste à la lecture du testament de son père en présence de son avocat et "meilleur et plus intime ami", Dibs ! Elle qui croyait hériter d'une fortune est bien déçue lorsqu'elle apprend que tout ce qu'elle aura est le manoir du Maine, cette "vieille baraque" et que "Flipper a plus de fric [qu'elle]". L'espoir renaît pourtant quand Dibs découvre un message caché sur l'un des papiers testamentaires : "Boucaniers et butins d'or, Whipstaff détient un trésor." Alors subitement, Carrigan savait que "cette baraque avait de la valeur" alors que quelques secondes plus tôt, elle la dédaignait ! Ils s'y rendent donc sans tarder mais quand ils sont accueillis, comme les enfants, par l'habitant fantomatique des lieux, ils repartent sans demander leur reste ! Carrigan aura beau tout essayer : l'exorcisme et les ghostbusters, rien n'y fait ! Puisqu'il le faut, elle sort les grands moyens, elle va détruire la maison...

C'est alors que seul devant la télé, Casper tombe sur un reportage étonnant à propos du docteur Harvey qui prétend soigner les morts pour leur permettre de trouver le chemin de l'Au-delà. Casper décide donc de brancher Carrigan sur cette chaîne pour qu'elle fasse venir le docteur ! D'autant que celui-ci a une fille, Kat, et que tout ce dont rêve Casper est de se faire des amis.
Le Dr James Harvey va accepter le poste au grand désespoir de sa fille qui en assez de déménager tout le temps sans jamais avoir le temps de se faire un ami... Puis elle lui dit : "Tu ne la trouveras pas, tu sais. Maman n'est pas un fantôme, papa. Ça n'existe pas les fantômes." Alors son père lui propose un marché : s'il ne trouve pas ce qu'il cherche, ils s'installeront pour de bon - plus de déménagements.
Amitiés ectoplasmiques
James Harvey et sa fille arrivent donc à Whipstaff pour s'installer et les rencontres vont commencer ! Kat choisit sa chambre : celle de Casper, et se retrouve nez-à-nez avec le propriétaire des lieux. Mais elle n'aura pas le temps de crier puisqu'elle s'évanouit ! Le Dr Harvey, lui, en revanche, va crier quand en disant qu'il n'y a pas de fantôme dans le placard, il y voit Casper. Force est de constater qu'après toutes ses expériences, il s'agit là de sa première rencontre fantomatique. Et il ne croyait tellement pas trouver un fantôme dans une maison qu'on lui a pourtant demandé de l'en débarrasser que l'on se demande s'il croyait seulement aux fantômes ou s'il ne s'agissait pour lui que d'une bouée de sauvetage après la mort de sa femme. Mais cette rencontre avec un fantôme n'est pas la dernière car les trois oncles de Casper arrivent... et la soirée d'emménagement va virer à la folie ! Ce n'est qu'une fois, Teigneux, Bouffi et Crado bien au chaud dans l'aspirateur que le calme revient. Pourtant, le lendemain au petit-déjeuner, Casper et Kat font plus ample connaissance - c'est le début d'une véritable amitié entre deux mondes. 

Mais ils sont vite interrompus par les trois oncles, c'est l'heure pour le docteur Harvey d'entrer en scène et de commencer la thérapie de groupe ! Sauf que les trois compères ne vont pas se montrer très coopératifs - mais plutôt se payer sa tête, lui faisant croire qu'ils peuvent le mettre en contact avec Amelia, sa défunte épouse, alors qu'en réalité c'est Bouffi qui revient déguisé en femme. Les trois compères vont malgré tout regretter leur geste et s'attacher au docteur qui pourrait transformer leur "trio en quatuor !" C'est finalement un accident qui va s'en charger puisque le docteur tombe de haut et ne survit pas à sa chute. Alors, quand ils reviennent au manoir, ils ne sont plus trois mais quatre fantômes - au grand malheur de Kat que son fantôme de père a déjà presque oublié.
Mais, il y a une solution... l'amitié de Casper et Kat s'est développée, tous deux ont beaucoup échangé sur leur vie : Kat a perdu sa mère et Casper est mort après être tombé malade un hiver. Il a presque oublié ses parents mais parler avec Kat ravive ses souvenirs et il se rappelle les expériences de son père ayant conduit à la construction du Lazare : une machine qui peut ramener à la vie... Seulement, il n'y a plus qu'une dose alors quand le docteur se présente sous la forme d'un fantôme, Casper lui laisse la place - sa fille a besoin de lui.

Œuvres inachevées 
Et c'est bien pour ça qu'après son accident, le Dr Harvey demeure sur Terre même si pendant un instant il ne se rappelle plus pourquoi : une œuvre inachevée. "Les fantômes n'ont pas fini leur tâche sur Terre. Ils laissent quelque chose d'inachevé" expliquait-il dans son interview. Ainsi donc, les œuvres inachevées sont ce qui gardent les morts sur Terre. Nous ne savons pas ce qui fait rester les trois oncles mais Casper dit être resté pour ne pas laisser son père seul. Et puis, aussi, Casper reste pour se faire un ami et pourtant, quand il trouve Kat, il reste... Après la quête de l'amitié, c'est l'amitié elle-même qui le fait rester. Ou peut-être aspire-t-il à plus. Casper est mort jeune avant de pouvoir goûter à l'amour. Alors, Amelia, la mère de Kat, comme une fée marraine, lui accorde un dernier vœu. Après avoir laissé sa place au Dr Harvey dans le Lazare, il rejoint Kat et ses amis pour la fête d'Halloween en chair et en os et danse avec Kat et reçoit même un baiser avant de redevenir un fantôme et de faire fuir les invités.
Les œuvres inachevées c'est aussi ce qui va leur permettre de se débarrasser de Carrigan qui n'a pas renoncé au trésor de Whipstaff et est prête à tout pour l'obtenir - jusqu'à commettre un meurtre. Et qui mieux que "son meilleur et plus intime ami" Dibs ? Seulement, la bonne volonté de Dibs a des limites ! Et les deux acolytes se lancent dans une course à l'homicide. Après bien des tentatives manquées, c'est Carrigan qui tombe bêtement d'une falaise en sortant de sa voiture après avoir manqué Dibs. Elle a alors la possibilité de traverser les murs et peut s'introduire dans le coffre-fort pour en retirer le trésor - et c'est là que Casper la piège avant qu'elle ne puisse utiliser le Lazare. Il lui fait reconnaître qu'elle n'a pas d’œuvre inachevée : "Je n'ai pas d'oeuvre inachevée ! J'ai mon trésor. Ma maison. J'ai tout ce que je veux !" et que son fantôme disparaisse.
Débarrassés de Carrigan et Dibs, des camarades de classe de Kat, cette dernière, son père, Casper et ses oncles continuent la fête ensemble et on suppose que le Dr Harvey, après avoir finalement trouvé Amelia va tenir sa promesse à Kat et poser ses valises !
"Je t'avais dit que j'étais un bon danseur. Tu restes avec moi ?"
Moi en tous cas je reste car Casper fait partie de ces films de mon enfance qui me sont devenus cultes. Petits, on est attirés par les fantômes et les gags qui vont avec et aussi, avouons-le, pour ce qui est des petites filles, on est un peu amoureuses de Casper redevenu chair et os lors du bal d'Halloween. On a toutes voulu être à la place de Kat !
Puis, en grandissant, d'autres aspects du film viennent s'ajouter au tableau. Tout ce qui entoure Casper est doux-amer. Il nous fait sourire et en même temps nous donne envie de pleurer parce qu'à mesure que Kat se rapproche de lui, il se rapproche de nous. Il se confie, avoue ne plus très bien se souvenir de sa mère, puis les souvenirs reviennent quand Kat lui fait la surprise de réinstaller tous ses jouets dans la selle de jeux. Alors même les souvenirs de ses derniers jours lui reviennent "Tout est noir, tout est froid. Je tombe malade. Mon père est triste..." et cette mort les rapproche et les sépare à la fois. Kat a fait l'expérience de la mort et compatit à la situation de Casper. Mais, dans le même temps, on se rend compte qu'ils vivent dans deux mondes différents. Ceci se révèle dans cette scène où Casper embrasse Kat sur la joue après lui avoir demandé une première fois de rester avec lui et que Kat, déjà dans les bras de Morphée lui demande de fermer la fenêtre : "il fait froid", dit-elle. Casper est froid, il est mort. Et il n'y a pourtant ami plus chaleureux que ce petit fantôme qui joue un mauvais tour aux nouveaux camarades de classe moqueurs de Kat en nouant leurs lacets ! Et qui sacrifie son rêve pour faire passer le bien de Kat avant le sien.

Et puis pour accompagner le tout il y a la musique de James Horner, hypnotique qui nous emporte. D'abord lorsque Casper et Kat créent les premiers liens qui tisseront leur amitié en se touchant la main. Puis quand Casper raconte son histoire et se remémore des choses et enfin, lorsqu'Amelia lui accorde un vœu pour récompenser son geste envers Kat et son père.
Casper est le film idéal en ce moment parce que les arbres derrière nos fenêtres sont reflétés dans ceux de la ville de Friendship. Parce que c'est bientôt Halloween et que c'est une histoire de fantômes et qu'Halloween, ses blagues et ses costumes, font partie intégrante du film. Parce que le ton doux-amer du film s'accorde parfaitement avec la douce nostalgie qui accompagne l'automne. Parce que Casper vous fera rire, pleurer, peut-être même les deux en même temps. Parce que c'est un film à voir et à revoir, comme une tradition. Tout ce qu'il voulait c'est que quelqu'un reste avec lui...