Bilbo

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- "Don't be alone, Doctor" : les femmes de Doctor Who

- Penny Dreadful : une nouvelle ligue de héros extraordinaires

- Tolkien et les forêts de la Terre du Milieu

- Les gentlemen en tous genres (ou pas) des sœurs Brontë

- Field of Dreams : des rêves et des hommes

- Une touche de Jane Eyre et une pincée des Hauts de Hurlevent dans la recette du Jardin Secret

- Les héroïnes en tous genres de Jane Austen

NB : Le référencement des illustrations est en cours... mais ça risque de prendre un peu de temps !

The translation of some articles into English is in progress and will soon be available.
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jeudi 9 juin 2016

Alice revient au Pays des Merveilles

Née de la plume de l'écrivain et mathématicien Lewis Carroll, de son vrai nom Charles Lutwidge Dodgson, Alice est une petite fille à l'imagination débordante et dont les rêves l'emmènent très loin. Mais s'agit-il vraiment de rêves ou bien d'expériences réelles vécues par le personnage ? La structure de Alice au Pays des Merveilles et Alice de l'autre côté du miroir le suggère fortement mais j'imagine que la question n'a pas à trouver de réponse définitive... à chacun d'apporter la sienne, après tout ! Les studios d'animations Disney ont adapté ces romans en dessin animé, piochant des éléments ici et là, en 1951. Mais, en 2011, une adaptation en film voit le jour et est réalisé par Tim Burton, le maître de l'étrange !

"We're all mad here"
Si l'histoire est différente de celle des romans ou du dessin animé, elle en reprend les éléments essentiels comme les personnages incontournables que sont le Lapin Blanc, le Chapelier Fou et le Cheshire Cat notamment. Ces rencontres sont, pourrait-on dire, des passages obligés. Cette nouvelle aventure d'Alice va réellement commencer alors que toute une assemblée attend qu'elle accepte la proposition de mariage du jeune noble qui lui a été désigné, fils de l'associé de son père décédé. Alice aperçoit un lapin blanc vêtu d'un gilet et tenant dans sa patte une montre à gousset. Suivant l'impulsion du moment, Alice les plante tous là sans donner sa réponse et s'élance à la poursuite du lapin blanc et jusque dans le terrier : tombant, tombant... jusqu'à atterrir tête à l'envers.
Et c'est bien dans un monde à l'envers qu'est arrivée Alice. Pour quitter la pièce dans laquelle elle est enfermée, Alice rétrécit, grandit, rétrécit à nouveau après avoir bu à une fiole, goûté un gâteau. Comme dans le roman, comme dans le dessin animé -ici après quelques autres péripéties- elle rencontre le Cheshire Cat qui va la mener jusqu'à la prochaine destination : la table du Chapelier Fou et du Lièvre de Mars, toujours bloqués à l'heure du thé semble-t-il ! 
Chez le Chapelier, on retrouve le langage de Lewis Carroll à travers une panoplie de néologisme et de jeux de mots. Selon lui, Alice a perdu de sa "plussoyance" ("muchness"). A plusieurs reprises revient la devinette "pourquoi un corbeau ressemble à un bureau ?", dont nous n'avons toujours pas la réponse ! Quant au Cheshire Cat, il est dépeint comme un lâche -ce qui va avec sa faculté de se rendre invisible- mais il se rachètera avant la fin...

"Almost Alice"
La Alice qu'on nous présente est plus âgée que l'originale. Ainsi, le film n'est pas un reboot mais bien une nouvelle aventure, une possible suite de l'histoire d'Alice. Quand nous la retrouvons, nous apprenons qu'elle fait toujours le même rêve avec ces personnages étranges dont un chat qui sourit. Alors quand elle atterrit à nouveau au Pays des Merveilles, elle se croit encore dans un de ses rêves... mais elle a beau se pincer, être blessée par l'énorme Bandersnatch et j'en passe, Alice ne se réveille pas -et le Jour Frabieux approche. L'oraculum qui décrit chaque jour passé et à venir la représente en ce jour pourfendant le Jabberwocky, le terrible monstre de la Reine Rouge. Cet acte doit permettre au peuple de de se soulever pour ramener la Reine Blanche au pouvoir car la Reine Rouge n'aurait alors plus l'argument de la peur pour retenir ses sujets.
On tourne ainsi autour d'une histoire de prophétie désignant un héros, un champion -ou en l'occurrence une championne ! Alice est alors entraînée dans une quête initiatique d'abord contre son gré. S'introduisant dans le palais de la Reine Rouge, elle s'empare de l'épée Vorpalienne et fait du Bandersnatch son vaillant destrier avant de rejoindre le refuge de la Reine Blanche. Là-bas l'attend l'armure que vient compléter l'épée -et une décision : être ou non la championne de la Reine Blanche contre le Jabberwocky de la Reine Rouge. Depuis le début, un débat sur l'identité d'Alice est ouvert, notamment entre le Loir et le Lapin Blanc. Le premier pense qu'il s'agit de la mauvaise Alice alors que le second maintient que c'est bien LA Alice ! La Chenille Bleue, Absolem, ne se prononce pas tout à fait... Elle est d'abord "not hardly Alice" : double négation, puis "almost Alice" ("presque Alice"). Et alors Absolem mentionne la première visite d'Alice, à l'occasion de laquelle elle avait appelé cet endroit "le Pays des Merveilles". Et alors Alice se rappelle : ce n'était pas un rêve, mais elle est déjà venue ici et rencontré ces drôles de personnages. Elle est Alice et elle sera la championne de la Reine Blanche pour affronter le Jabberwocky, comme un chevalier pourfendrait un dragon.

Du pouvoir de l'imagination

"This is impossible."
"Only if you believe it is."
"Sometimes I believe as many as six impossible things before breakfast."
"That is an excellent practice."

Chez Alice, on peut même considérer qu'il s'agit d'un super-pouvoir ! C'est ce pouvoir qui lui permet de battre le champion de la Reine Rouge : elle a eu un entraînement de championne en la matière grâce à son père qui pensait à six choses impossibles avant le petit déjeuner. Alors Alice compte :
1. There's a potion that can make you shrink
2. A cake that can make you grow
3. Animals can talk
4. Cats can disappear
5. There is a place called Wonderland 
6. I can slay the Jabberwocky
Le Jabberwocky vaincu, la Reine Rouge bannie, Alice peut rentrer. 
Alors rêve ou réalité. Le parallèle entre certains personnages de la surface et ceux du Pays des Merveilles semble indiquer que le Pays des Merveilles est bien un produit de l'imagination d'Alice. Mais, Alice fait également la distinction entre ses rêves récurrents et une réelle visite au Pays des Merveilles, qui aurait été le point de départ de ces rêves revenant la hanter chaque nuit.... Le débat reste ouvert !
Alice retrouve le monde réel, refuse la proposition de mariage mais accepte celle de l'ancien associé de son père de devenir apprenti dans l'entreprise. Elle s'embarque alors pour la Chine, vers une nouvelle aventure. Et, contrairement aux craintes du Chapelier, cette fois, elle ne les a pas oubliés... jusqu'à la prochaine rencontre.

dimanche 21 juin 2015

Avengers 2... quand six super-héros ne suffisent toujours pas !


"They will come back [...] because we'll need them to." - Nick Fury 
Et Nick ne s'était pas trompé. Revoilà l'équipe au grand complet à la recherche du sceptre de Loki, disparu durant l'implosion du SHIELD qui s'était révélé infecté jusqu'au trognon par Hydra dans Captain America 2 : Le Soldat de l'hiver. Le Captain y partageait l'affiche avec la Veuve Noire tandis que chacun  des autres membres de l'équipe était reparti de son côté pour la suite de leurs aventures solo. Tony Stark avait rencontré quelques difficultés à retrouver une vie normale dans Iron Man 3 après les événements de New York, souffrant de ce qui ressemble à un syndrome de stress post-traumatique. Thor lui était rentré à Asgard pour s'occuper de Loki, entre autres choses, dans Thor 2 : Le Monde des ténèbres. Mais la chasse au sceptre de Loki n'est qu'une intro à la façon des séquences pré-génériques de la saga James Bond. Une intro à l'histoire qui va occuper le reste de ce deuxième opus. Dans ce QG replié d'Hydra où est caché le sceptre, Tony découvre quelque chose qui va émoustiller son intérêt de scientifique -ou de "savant fou", comme il le dit lui-même- : une forme avancée d'intelligence artificielle, qui pourrait bien lui servir à mettre en place son programme de protection de la planète : Ultron. Il réussit à entraîner l'autre savant fou du groupe, Bruce Banner, dans ses expériences -jusqu'à ce qu'ils perdent tout contrôle sur leur création...

Les vétérans de New York

Steve Rogers, leader confirmé
On l'avait compris dès Captain America : First Avenger, Steve Rogers est quelqu'un  que l'on suit, un leader. Il l'avait confirmé dans Avengers en coordonnant cette équipe d'abord divisée pour tirer parti des forces respectives de chacun. Dans Avengers 2 : L'Ere d'Ultron, l'équipe est bien rodée et ce dès la scène d'intro. Encore une fois, c'est Steve qui donne les directives, et tout le monde a l'air d'accord avec ça, qu'il s'agisse de l'égocentrique Tony, de l'incontrôlable Hulk ou encore du dieu Asgaardien, Thor. Mais, toujours intransigeant sur la frontière entre bien et mal, Steve ne pourra évidemment pas cautionner la bévue de Tony avec Ultron ! Mais une équipe est une équipe et il faut bien se serrer les coudes. Quand chacun repart une nouvelle fois de son côté, Steve lui reste au QG flambant neuf du SHIELD, "Je suis chez moi", dit-il.

Tony Stark, électron libre
Si Tony s'est assagi au cours du premier épisode, illustré par son "A vos ordres, Captain!", il demeure un électron libre. Ainsi, s'il accepte volontiers les ordres de Steve en mission, il ne lui fait pas part de sa trouvaille et de son projet -sans doute parce qu'il sait très bien ce qu'il en penserait ! Cette trouvaille, une forme développée d'intelligence artificielle, associée à son programme de défense, Ultron, pourrait selon lui avec encore un peu d'efforts être en charge de la protection de la Terre -c'est encore le stress post-traumatique qui parle car Steve a raison : c'est en essayant d'empêcher une guerre, qu'elle naît et que des innocents meurent. C'est pourtant ce que tous reprochaient déjà au SHIELD dans le premier épisode quand ils ont découvert les armes que l'agence s'était mise à créer après les incidents de Thor. C'est donc en secret, et avec l'aide de Bruce Banner, que Tony se met au travail sur le projet Ultron. Jarvis fait pale figue à côté de l'intelligence artificielle mise au point par Hydra, mais comme chaque fois que ce sujet est abordé, une intelligence artificielle est créée dans un but précis sans que son créateur tienne compte un seul instant du fait qu'elle sera assez intelligente pour refuser la mission qu'on veut lui confier...

Thor, entre deux mondes en un éclair
Thor a à cœur de réparer le mal causé par Loki, c'est pour ça qu'il en a après le sceptre -une telle arme ne devrait pas rester à la disposition des hommes. Autre arme qui n'est pas pour tous : son propre marteau, Mjolnir. Il en est souvent question, d'abord sous forme de blagues récurrentes, puis lors d'un jeu durant lequel chacun leur tour les Avengers essayent de le soulever sous les rires de Thor -jusqu'à ce que Steve le fasse légèrement bouger : une fausse alerte, cependant ! Mais, quelqu'un d'autre va réussir à s'emparer du marteau de Thor, et à ce moment là, plus de doute possible, s'il est digne du marteau, alors on peut lui accorder toute confiance...

La Belle et le Hulk
En effet, c'était Natasha que Nick Fury avait envoyé pour chercher Bruce dans le premier épisode et, si à l'époque elle n'avait pas réussi à passer à travers la carapace de Hulk, leur relation s'est depuis développée - sous le regard attendri de Steve et au grand dam de Bruce lui-même ! Il ne prend pas ses avances au sérieux, n'y voyant là que ses petits jeux habituels. Et pourtant, Natasha sembe être la seule à pouvoir le rappeler à son humanité en calmant Hulk à l'aide de ce qu'ils appellent une berceuse -en tous cas, c'est toujours elle qu'on envoit ! Mais alors que Bruce s'autorisait à espérer une possible relation avec Natasha, elle trahit cette confiance si difficilement gagnée en prenant le contre-pied de la berceuse, c'est-à-dire en attaquant Bruce pour réveiller Hulk. Certes, la situation était désespérée : "C'est de l'Autre que j'ai besoin" mais il y a fort à parier que Bruce aura du mal à pardonner. D'ailleurs, Hulk quitte la scène de combat après avoir mis Natasha à l'abri et Bruce ne refera plus d'apparition durant le reste du film.


Clint Barton, papa faucon
Alors ça, je ne l'aurais jamais deviné mais il s'avère que Clint Barton, alias Hawkeye, est un époux et un papa poule avec une petite maison bien cachée dans la prairie. Après le coup de Coulson dans Avengers et étant donné qu'on installe maintenant Clint avec toute une famille pour le pleurer, plus le fait qu'on insiste pas mal sur sa condition d'homme ordinaire -si on omet l'extraordinaire habileté à l'arc évidemment- au sein d'un groupe de dieux et autres gros hommes verts, j'ai commencé à craindre le pire pour Hawkeye dès que nous avons quitté son nid douillet pour la confrontation finale. Mais, encore une fois, je me suis fourvoyée et c'est quelqu'un d'autre qui va prendre sa place -littéralement.

Nouvelles -et moins nouvelles- têtes
Jumeaux optimisés
Vif Argent et la Sorcière Rouge -les jumeaux Wanda et Pietro Maximoff- sont les résultats des expériences d'Hydra. Le premier est incroyablement rapide tandis que la seconde donne dans la télékinésie et le contrôle mental. Victimes de la guerre en Europe de l'est, ils sont restés marqués par l'expérience traumatisante d'un missile tombé dans leur appartement mais qui n'a pas explosé -un missile estampillé Stark... Alors ils se joignent d'abord à la cause d'Ultron qui voit une menace à éradiquer dans les Avengers. Quand ils comprennent, comme l'exprime Wanda, "[qu']Ultron ne fait pas la différence entre sauver le monde et le détruire" et que son plan menace des centaines d'innocents, les Maximoff changeront de camp.
Intelligences artificielles
Après sa découverte dans les labos d'Hydra, Tony ne peut résister : il doit aller jusqu'au bout de ce qu'ils ont commencé et il entraîne un Bruce d'abord réticent à sa suite. Mais cette forme d'intelligence artificielle associée à son programme Ultron prend finalement le contrôle des opérations et son premier acte est de tuer. Et c'est Jarvis qui en fait les frais. Ultron se télécharge d'abord dans une des machines de Tony, avant de prendre la fuite par le réseau internet et n'aura de cesse que de trouver l'hôte parfait. Et ce corps parfait, il compte bien le fabriquer lui-même grâce à des tissus de synthèse -on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Et Ultron a en sa possession l'une des sept pierres d'infinité -qui se trouvait dans le sceptre de Loki, cadeau de Thanos. Mais les Avengers sont sur le coup, récupèrent le corps en construction avant la naissance de la Vision. D'abord méfiants devant cet enfant d'Ultron, les Avengers n'ont d'autres choix que de lui faire confiance quand il se saisit du marteau de Thor sous leurs yeux ébahis !


SHIELD : protocole fantôme
Malgré les événements de Captain America 2, le SHIELD survit dans l'ombre grâce à Maria Hill et Nick Fury -toujours présumé mort- et c'est la tour Stark qui sert de QG provisoire. Ils sont toujours très impliqués dans l'initiative Avengers et c'étaient sous leurs ordres qu'opéraient la Veuve Noire et Hawkeye avant même de faire partie du groupe. Et ils continuent de recruter, signe qui ne trompe pas : ils n'ont pas abandonner la partie !


Guest-stars
Le SHIELD a toujours des contacts en dehors des Avengers et quand les choses dégénèrent avec Ultron en Europe de l'est, quelques bras supplémentaires sont nécessaires ! Ainsi, le SHIELD fait appel à des visages connus : Falcon, rencontré dans Captain America 2 et War Machine, le vieil ami de Tony qui semble avoir délaissé le pseudonyme Iron Patriot -à moins qu'il ne l'utilise que lorsqu'il œuvre pour le gouvernement américain !

Le retour de la recette Whedonesque

Ultron, méchant attachant
Ce sont les meilleurs, ces méchants qu'on aime malgré tout. Et Ultron en est un bon exemple -il est presque hypnotique dans sa façon de bouger- être félin quand on est un robot n'est pas donné à n'importe qui ! Et puis le fait qu'il ait hérité de l'humour cynique de Tony puisqu'il en est en partie la création, ne gâte rien. Il veut se distancier de son créateur mais bien souvent, on le retrouve dans ses paroles. Et puis bien sûr, malgré le mal qu'il fait, on ne peut s'empêcher de compatir avec lui parce qu'on devine une certaine souffrance.


Encore un R.I.P.
Était-ce bien nécessaire ? Je n'en suis pas convaincue. Comme je le disais, j'ai eu peur que ce ne soit la fin pour Hawkeye mais c'est un  nouvel arrivant qui quitte déjà le groupe : Pietro Maximoff / Vif Argent, laissant sa sœur se battre seule avec le reste des Avengers. J'ai trouvé ce choix un peu trop convenu et presque artificiel -- ça faisait forcé, comme si un personnage devait nécessairement y passer. Alors que le cas de Coulson avait été une horrible surprise, là on s'y attendait et ça ne fonctionne pas aussi bien. Une victime collatérale pour pas grand chose...

Vannes à tout va
On retrouve le ton du premier Avengers sans aucun doute, les vannes s'enchaînent, d'autant plus que la dynamique de groupe s'est installée ! Steve s'en prend plein la tête parce qu'il rappelle ses coéquipiers à l'ordre sur leur langage : pas de gros mots pour le Captain ! "Je suis le seul à être gêné par le fait que le Captain interdise les gros mots ?" demande Tony en pleine mission. De façon récurrente, on fait aussi des hypothèses quant au marteau de Thor. On ne peut le soulever mais s'il est déposé dans un ascenseur, il va pouvoir grimper les étages dans l'ascenseur, est-ce que ça veut dire que celui-ci en est digne ?!

Même si on passe un bon moment, j'ai davantage apprécié le premier. J'ai beaucoup aimé Ultron mais alors que le premier épisode jonglait habilement entre les personnages, ici ça devient un peu fouillis : quand on passe de six à onze, il commence à y avoir un peu trop de monde ! Sans parler de la surenchère d'effets spéciaux. C'est dommage parce que trop souvent, ça ne sert même pas l'histoire, c'est juste pour faire du spectacle et ça fait si peu naturel que ça sonne faux.
Ne reste plus qu'à attendre la phase 3 avec Ant-man cet été, puis Captain America 3 : Civil War devrait suivre et voir le retour de Bucky et de bien d'autres : la Sorcière Rouge, la Veuve Noire, la Vision et même Tony... Captain America 3 est déjà presque Avengers 3 ! Mais non, et il faudra patienter encore un peu pour ça et pour que l'équipe affronte enfin Thanos qui apparaît encore une fois dans la scène post-générique !

vendredi 17 avril 2015

La Belle et la Bête, et la nymphe, et les petits chiens, et les brigands, et même les dieux...



... et aussi le père, les frères et les sœurs ohoooo ce serait le bonheuuur, ou pas...

Il était encore une fois...
Il s'agit en effet de la troisième adaptation d'ampleur du conte bien connu "La Belle et la Bête". En soi, ça ne me dérange absolument pas, j'adore cette histoire ! Non, ce qui me dérange, c'est que ce que l'on me montre n'est pas du tout ce que l'on m'a annoncé. Je cite ici le réalisateur, Christophe Gans, qui a dit dans un mini making of paru sur Youtube :
"Les adaptations de Jean Cocteau et de Walt Disney sont en fait des variations sur un texte de dix pages écrit par Madame Leprince de Beaumont et qui est en fait la contraction d'un texte beaucoup plus long écrit par Madame de Villeneuve. [...] Donc, avec ma co-scénariste, Sandra Vo-Anh, on s'est intéressé d'adapter le texte original long de Madame de Villeneuve."
Alors, j'ai envie de dire, façon aubergiste de Kaamelott : c'était beau de le tenter. Mais ça ne marche qu'avec ceux qui n'ont pas lu les contes -et encore ! Parce qu'à la fin, le combat entre "Gaston" & co et les géants de pierre façon Shadows of Collossus, j'ai peine à croire que quiconque pense que ça vienne d'un conte du XVIIIème siècle.
Quoi qu'il en soit, je trouve maladroit -et un brin condescendant- de faire mine de critiquer les précédentes adaptations pour avoir choisi d'adapter le texte court de Leprince de Beaumont plutôt que le long de Madame de Villeneuve quand, paradoxalement, sa propre adaptation ne voit que très peu la Belle et la Bête ensemble. Au final, on est avec cette nouvelle adaptation plutôt très loin du conte original alors qu'on ne vienne pas me parler de retour aux sources. On se demanderait presque si le conte de Madame de Villeneuve, ou celui de Madame Leprince de Beaumont, a été lu car le gros des changements semblent repris des deux adaptations précédentes. Par exemple, Cocteau avait cru bon d'ajouter un personnage masculin pour l'opposer à la Bête en la personne d'Avenant, lui aussi interprété par Jean Marais. De même, Disney avait ajouté Gaston. Et bien, dans le même esprit, Gans ajoute Perducas. Cocteau avait choisi de donner au prince le visage d'Avenant lorsqu'il redevient humain et Avenant lui devient la Bête en mourant -d'ailleurs, tant qu'on y est, les critiques hurlant "Cocteau assassiné !", il faut se calmer, s'il y a assassinat c'est du conte et pas de Cocteau qui, malgré toutes les qualités de son adaptation, n'en a jamais été l'auteur- bref... comme Avenant devient bête tandis que la Bête prend son apparence, dans le film de Gans, Perducas est fait prisonnier de ronces qui le recouvrent peu à peu tandis que la Bête reprend forme humaine. Alors, certes, on comprend le parallèle mais on ne peut s'empêcher de penser que le Perducas, c'est bon, on l'a déjà assez vu !

La beauté ne fait pas tout
Étant donné le sujet du conte qu'ils ont choisi d'adapter, ils devraient pourtant le savoir... Bon je n'y trouve pas que des défauts mais le souci c'est, à mon sens, que le point positif, à savoir l'esthétique, ne fait que mettre en lumière le gros point négatif, c'est-à-dire le manque de profondeur. Autrement dit, c'est le grand écart entre le fond et la forme. Les costumes sont grandioses, les robes de la Belle, d'une couleur différente chaque jour, représentent très bien la richesse des cadeaux de la Bête. Le château endormi sous les roses et les feuilles mortes est lui aussi assez envoûtant et a un charme gothique certain dans lequel les couleurs viennent surtout des personnages. Cette ambiance atteint son paroxysme lors de la scène de la valse sur la "Dark History Waltz" de Brian Keane -autre élément repris d'une adaptation précédente, celle de Disney en l’occurrence.
Cette danse est un tournant dans l'attitude de la Bête et marque un respect nouveau pour Belle en passant du tutoiement "Danser avec moi ne t'effraies pas?" au vouvoiement "Voulez-vous m'aimer?" Et justement, on se demande bien pourquoi elle le voudrait -et c'est là le gros problème de ce film : à savoir, qu'à la fin quand Belle dit "Mais, je vous aime déjà" on ne comprend pas vraiment pourquoi. Et pour cause, après un décompte, la Belle et la Bête n'auront passé qu'une quinzaine de minutes en tête-à-tête sur presque deux heures de film, ce qui est plutôt dérisoire. Le passé de la Bête en prince avec sa première épouse, sous forme de rêves, occupe presque autant de temps avec un peu plus de dix minutes. Quant aux brigands, ils explosent le score avec environ dix-huit minutes... Alors, certes, dans le conte de Madame de Villeneuve, la Belle rêve d'un prince la nuit sans savoir qu'il s'agit de la Bête mais ici les visions de Belle dévoilent peu à peu  les origines de la transformation du prince en Bête. Et c'est là que ça se gâte parce que, malgré l'ingéniosité des transitions, c'est là qu'entre en scène le dieu de la forêt qui gronde dans les nuages et transforme le prince en bête pour le punir d'avoir tué sa fille la nymphe des bois qui avait pris forme humaine pour connaître l'amour comme les hommes et avait épousé le prince... yep! 
Là encore, que la transformation du prince soit une punition pour ses mauvaises actions est une exagération du conte de la part de Disney. Parce qu'à la base dans le  conte, le truc c'est que la Bête est laide, certes, mais elle a bon cœur. Jean Cocteau l'avait animalisé davantage en en faisant un chasseur. Disney expliquait dans un prologue que le prince manquait cruellement de générosité et qu'il en fut puni par une fée mais au moins, Disney fait évoluer la Bête : d'abord caractérielle et violente, elle s'adoucit peu à peu au contact de Belle et redevient humaine jusqu'à la rédemption. Mais ici, le prince que l'on voit en rêve/flash-back est exécrable au possible : chasseur, il fait du chantage à sa femme acceptant de renoncer à la biche dorée pour elle si elle lui donne un fils -un fils, hein, pas une fille surtout !- et ne tient finalement pas sa promesse, tue la biche qui n'est autre que sa nymphe de femme et est puni par le papa dieu de la forêt. C'est bien simple, il ressemble au Gaston de Disney. Analphabête, peut-être pas mais basique et primaire, oui un peu quand même.
Et le truc c'est que la Bête est tout aussi exécrable -point de rédemption apparente ! A part dire à Belle de se taire ou de lui hurler dessus... il y a bien le "Si vous ne revenez pas, j'en mourrais" mais, comme le "Je vous aime déjà" de Belle, ça sonne creux parce qu'on ne voit absolument pas leurs sentiments se développer... et c'est bien dommage !
Chez Cocteau, les deux personnages passent une bonne partie du film ensemble et deviennent amis et même quand ils sont séparés, on voit leur attachement l'un pour l'autre. Idem chez Disney où la transition est opérée  par la chanson "Je ne savais pas". Là, il y a la danse, oui, mais qui finit en confrontation et finalement, voyant la Bête se repaître de gibier tel un fauve, Belle prend la fuite -ça aussi c'est du Disney, jamais la Belle ne s'enfuit dans le conte- et est rattrapée par la Bête avec un "Maintenant vous savez ce que je suis. Dites-moi encore que je vous répugne, dites-le moi !" dont on ne sait pas bien d'où il sort : "Maintenant", c'est-à-dire ? Après t'avoir vu manger comme un lion ? Bah oui un peu. Après t'avoir vu en prince rustre ? Toujours un peu. C'est comme lorsqu'il implore sa femme de le pardonner, après avoir rompu sa promesse en tuant la biche dorée et donc elle, pour le pardon on repassera... pour l'instant j'ai un peu envie de te dire non.
On passe beaucoup trop de temps sur les intrigues secondaires au détriment de la relation entre la Belle et la Bête et les causes données à la transformation de la Bête, avec ce premier mariage, font que Belle passe un peu pour un prix de consolation, elle n'est qu'un second choix, dont on a l'impression qu'il nécessite la bénédiction de la première épouse dont la statue mortuaire sourit au happy end. Et ça, ça fait pas très conte de fées.

L'ambition était là, le résultat l'est beaucoup moins
Ils avaient les moyens, le budget mais auraient dû les utiliser à bon escient plutôt que d'en faire étalage avec une avalanche d'effets spéciaux. S'il y a bien un truc qui m'énerve, c'est quand on a un matériau pareil, les moyens et qu'on ne tient pas ses promesses, quand à vouloir trop en faire, on perd de vue l'essentiel -ça me rappelle assez mon sentiment à l'égard des adaptions du Hobbit (cf. "Coup de gueule et foutage de gueule en Terre du Milieu") qui tiennent leur titre d'un personnage relégué à l'arrière-plan de sa propre histoire. Ici, le film s'appelle La Belle et la Bête mais si on voit la Belle, on la voit très peu avec la Bête. Et quant à lui, on a la sensation de voir plus souvent le prince en flash-back que la Bête dans le présent et aucun des deux ne nous donne vraiment de raison de nous y attacher -on a besoin de se rappeler qui est la Bête dans le conte et les autres interprétations du personnage. Je suis pourtant bon public, même Sandor 'the Hound' Clegane m'a eue ! (cf. "'I am no knight!' : the strange case of Sandor 'the Hound' Clegane")
Il y a trop de monde dans ce film. A commencer par la famille de Belle qui, bien que présente dans le conte, l'est trop dans le film : les sœurs sont des farces ambulantes, l'un des frères met tout le monde dans la panade parce qu'il a des dettes -comme chez Cocteau et non le conte- et veut piller le château de la Bête pour les rembourser amenant un groupe de brigands au château dont le meneur poignarde la Bête -comme chez Disney et non le conte, où la Bête se meurt parce que la Belle ne revient pas dans les temps.
Les petits chiens aux grands yeux dénotent un peu dans le décor et sont si peu exploités qu'on aurait pu s'en passer. Et il y a ces autres hic qui viennent s'ajouter au reste comme le fait que lors du deuxième soir -celui de la robe verte- Belle semble avoir totalement changé de personnalité, c'est assez déconcertant. Le fait que Belle soit la narratrice de sa propre histoire pour ses enfants ne me gêne pas en soi, après tout il s'agit d'un conte. En revanche, les interruptions intempestives du récit de cette Belle-narratrice sont horripilantes à souhait -surtout quand enfin la Belle et la Bête sont face à face !
C'est dommage. C'est vraiment dommage. Ça aurait pu être une très belle histoire et un très beau film mais la Bête n'a aucune qualité rédemptrice, la Belle passe plus de temps avec les petits chiens qu'avec lui et les insipides brigands leur volent la vedette dans une séquence finale qui fut pour moi le coup de grâce. Il leur reste la lumière, les décors, les costumes, la musique mais leur manque l'essentiel : l'histoire d'amour de la Belle et la Bête et ça, ça me reste en travers de la gorge.