Bilbo

Bilbo

Prochainement

- "Don't be alone, Doctor" : les femmes de Doctor Who

- Penny Dreadful : une nouvelle ligue de héros extraordinaires

- Tolkien et les forêts de la Terre du Milieu

- Les gentlemen en tous genres (ou pas) des sœurs Brontë

- Field of Dreams : des rêves et des hommes

- Une touche de Jane Eyre et une pincée des Hauts de Hurlevent dans la recette du Jardin Secret

- Les héroïnes en tous genres de Jane Austen

NB : Le référencement des illustrations est en cours... mais ça risque de prendre un peu de temps !

The translation of some articles into English is in progress and will soon be available.
Affichage des articles dont le libellé est nostalgie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est nostalgie. Afficher tous les articles

vendredi 31 octobre 2014

Casper


Casper, the friendly ghost
A la fin des années 1930, Seymour Reit et Joe Oriolo créent Casper, un gentil fantôme. Nous sommes en 1939 et leur album pour enfants ne reçoit que peu d'intérêt. Les droits sont vendus à Paramount Pictures et Casper finit par rencontrer le succès. Il devient un dessin animé et une série de livres imagés. Mais, aux Etats-Unis, la question de la mort dérange... Ce fantôme à l'allure rondouillette d'un jeune garçon errant près d'une pierre tombale ne semble d'abord pas poser de problème mais les gens finissent par poser la question. Est-ce que Casper, indubitable fantôme, est un enfant mort ? C'était bien là l'idée de départ, celle d'un enfant, qui sous la forme d'un fantôme après sa mort, cherche encore à se faire des amis plutôt que de faire peur, l'activité normale d'un fantôme. Alors, pour satisfaire les gênés par la mort de Casper, on décide que si Casper est un enfant-fantôme c'est parce que ses parents eux-mêmes sont des fantômes ! Mouais... Et, pour atténuer un peu l'aspect fantomatique de Casper, on lui dessine deux petits pieds !
Cependant, en 1995, l'adaptation cinéma n'hésite pas à retourner au premier choix des créateurs et à recréer Casper en tant que fantôme d'un jeune garçon mort l'hiver de ses douze ans.

Histoires de fantômes dans le Maine
"Boucaniers et butins d'or, Whipstaff détient un trésor"
Le manoir de Whipstaff à Friendship dans le Maine est au cœur de l'histoire et c'est là qu'elle commence. Deux enfants s'y introduisent pour se prendre en photo et frimer devant les copains ! Mais ils ne friment pas lorsqu'ils se rendent compte qu'ils ne sont pas seuls... L'histoire reprend avec Carrigan qui assiste à la lecture du testament de son père en présence de son avocat et "meilleur et plus intime ami", Dibs ! Elle qui croyait hériter d'une fortune est bien déçue lorsqu'elle apprend que tout ce qu'elle aura est le manoir du Maine, cette "vieille baraque" et que "Flipper a plus de fric [qu'elle]". L'espoir renaît pourtant quand Dibs découvre un message caché sur l'un des papiers testamentaires : "Boucaniers et butins d'or, Whipstaff détient un trésor." Alors subitement, Carrigan savait que "cette baraque avait de la valeur" alors que quelques secondes plus tôt, elle la dédaignait ! Ils s'y rendent donc sans tarder mais quand ils sont accueillis, comme les enfants, par l'habitant fantomatique des lieux, ils repartent sans demander leur reste ! Carrigan aura beau tout essayer : l'exorcisme et les ghostbusters, rien n'y fait ! Puisqu'il le faut, elle sort les grands moyens, elle va détruire la maison...

C'est alors que seul devant la télé, Casper tombe sur un reportage étonnant à propos du docteur Harvey qui prétend soigner les morts pour leur permettre de trouver le chemin de l'Au-delà. Casper décide donc de brancher Carrigan sur cette chaîne pour qu'elle fasse venir le docteur ! D'autant que celui-ci a une fille, Kat, et que tout ce dont rêve Casper est de se faire des amis.
Le Dr James Harvey va accepter le poste au grand désespoir de sa fille qui en assez de déménager tout le temps sans jamais avoir le temps de se faire un ami... Puis elle lui dit : "Tu ne la trouveras pas, tu sais. Maman n'est pas un fantôme, papa. Ça n'existe pas les fantômes." Alors son père lui propose un marché : s'il ne trouve pas ce qu'il cherche, ils s'installeront pour de bon - plus de déménagements.
Amitiés ectoplasmiques
James Harvey et sa fille arrivent donc à Whipstaff pour s'installer et les rencontres vont commencer ! Kat choisit sa chambre : celle de Casper, et se retrouve nez-à-nez avec le propriétaire des lieux. Mais elle n'aura pas le temps de crier puisqu'elle s'évanouit ! Le Dr Harvey, lui, en revanche, va crier quand en disant qu'il n'y a pas de fantôme dans le placard, il y voit Casper. Force est de constater qu'après toutes ses expériences, il s'agit là de sa première rencontre fantomatique. Et il ne croyait tellement pas trouver un fantôme dans une maison qu'on lui a pourtant demandé de l'en débarrasser que l'on se demande s'il croyait seulement aux fantômes ou s'il ne s'agissait pour lui que d'une bouée de sauvetage après la mort de sa femme. Mais cette rencontre avec un fantôme n'est pas la dernière car les trois oncles de Casper arrivent... et la soirée d'emménagement va virer à la folie ! Ce n'est qu'une fois, Teigneux, Bouffi et Crado bien au chaud dans l'aspirateur que le calme revient. Pourtant, le lendemain au petit-déjeuner, Casper et Kat font plus ample connaissance - c'est le début d'une véritable amitié entre deux mondes. 

Mais ils sont vite interrompus par les trois oncles, c'est l'heure pour le docteur Harvey d'entrer en scène et de commencer la thérapie de groupe ! Sauf que les trois compères ne vont pas se montrer très coopératifs - mais plutôt se payer sa tête, lui faisant croire qu'ils peuvent le mettre en contact avec Amelia, sa défunte épouse, alors qu'en réalité c'est Bouffi qui revient déguisé en femme. Les trois compères vont malgré tout regretter leur geste et s'attacher au docteur qui pourrait transformer leur "trio en quatuor !" C'est finalement un accident qui va s'en charger puisque le docteur tombe de haut et ne survit pas à sa chute. Alors, quand ils reviennent au manoir, ils ne sont plus trois mais quatre fantômes - au grand malheur de Kat que son fantôme de père a déjà presque oublié.
Mais, il y a une solution... l'amitié de Casper et Kat s'est développée, tous deux ont beaucoup échangé sur leur vie : Kat a perdu sa mère et Casper est mort après être tombé malade un hiver. Il a presque oublié ses parents mais parler avec Kat ravive ses souvenirs et il se rappelle les expériences de son père ayant conduit à la construction du Lazare : une machine qui peut ramener à la vie... Seulement, il n'y a plus qu'une dose alors quand le docteur se présente sous la forme d'un fantôme, Casper lui laisse la place - sa fille a besoin de lui.

Œuvres inachevées 
Et c'est bien pour ça qu'après son accident, le Dr Harvey demeure sur Terre même si pendant un instant il ne se rappelle plus pourquoi : une œuvre inachevée. "Les fantômes n'ont pas fini leur tâche sur Terre. Ils laissent quelque chose d'inachevé" expliquait-il dans son interview. Ainsi donc, les œuvres inachevées sont ce qui gardent les morts sur Terre. Nous ne savons pas ce qui fait rester les trois oncles mais Casper dit être resté pour ne pas laisser son père seul. Et puis, aussi, Casper reste pour se faire un ami et pourtant, quand il trouve Kat, il reste... Après la quête de l'amitié, c'est l'amitié elle-même qui le fait rester. Ou peut-être aspire-t-il à plus. Casper est mort jeune avant de pouvoir goûter à l'amour. Alors, Amelia, la mère de Kat, comme une fée marraine, lui accorde un dernier vœu. Après avoir laissé sa place au Dr Harvey dans le Lazare, il rejoint Kat et ses amis pour la fête d'Halloween en chair et en os et danse avec Kat et reçoit même un baiser avant de redevenir un fantôme et de faire fuir les invités.
Les œuvres inachevées c'est aussi ce qui va leur permettre de se débarrasser de Carrigan qui n'a pas renoncé au trésor de Whipstaff et est prête à tout pour l'obtenir - jusqu'à commettre un meurtre. Et qui mieux que "son meilleur et plus intime ami" Dibs ? Seulement, la bonne volonté de Dibs a des limites ! Et les deux acolytes se lancent dans une course à l'homicide. Après bien des tentatives manquées, c'est Carrigan qui tombe bêtement d'une falaise en sortant de sa voiture après avoir manqué Dibs. Elle a alors la possibilité de traverser les murs et peut s'introduire dans le coffre-fort pour en retirer le trésor - et c'est là que Casper la piège avant qu'elle ne puisse utiliser le Lazare. Il lui fait reconnaître qu'elle n'a pas d’œuvre inachevée : "Je n'ai pas d'oeuvre inachevée ! J'ai mon trésor. Ma maison. J'ai tout ce que je veux !" et que son fantôme disparaisse.
Débarrassés de Carrigan et Dibs, des camarades de classe de Kat, cette dernière, son père, Casper et ses oncles continuent la fête ensemble et on suppose que le Dr Harvey, après avoir finalement trouvé Amelia va tenir sa promesse à Kat et poser ses valises !
"Je t'avais dit que j'étais un bon danseur. Tu restes avec moi ?"
Moi en tous cas je reste car Casper fait partie de ces films de mon enfance qui me sont devenus cultes. Petits, on est attirés par les fantômes et les gags qui vont avec et aussi, avouons-le, pour ce qui est des petites filles, on est un peu amoureuses de Casper redevenu chair et os lors du bal d'Halloween. On a toutes voulu être à la place de Kat !
Puis, en grandissant, d'autres aspects du film viennent s'ajouter au tableau. Tout ce qui entoure Casper est doux-amer. Il nous fait sourire et en même temps nous donne envie de pleurer parce qu'à mesure que Kat se rapproche de lui, il se rapproche de nous. Il se confie, avoue ne plus très bien se souvenir de sa mère, puis les souvenirs reviennent quand Kat lui fait la surprise de réinstaller tous ses jouets dans la selle de jeux. Alors même les souvenirs de ses derniers jours lui reviennent "Tout est noir, tout est froid. Je tombe malade. Mon père est triste..." et cette mort les rapproche et les sépare à la fois. Kat a fait l'expérience de la mort et compatit à la situation de Casper. Mais, dans le même temps, on se rend compte qu'ils vivent dans deux mondes différents. Ceci se révèle dans cette scène où Casper embrasse Kat sur la joue après lui avoir demandé une première fois de rester avec lui et que Kat, déjà dans les bras de Morphée lui demande de fermer la fenêtre : "il fait froid", dit-elle. Casper est froid, il est mort. Et il n'y a pourtant ami plus chaleureux que ce petit fantôme qui joue un mauvais tour aux nouveaux camarades de classe moqueurs de Kat en nouant leurs lacets ! Et qui sacrifie son rêve pour faire passer le bien de Kat avant le sien.

Et puis pour accompagner le tout il y a la musique de James Horner, hypnotique qui nous emporte. D'abord lorsque Casper et Kat créent les premiers liens qui tisseront leur amitié en se touchant la main. Puis quand Casper raconte son histoire et se remémore des choses et enfin, lorsqu'Amelia lui accorde un vœu pour récompenser son geste envers Kat et son père.
Casper est le film idéal en ce moment parce que les arbres derrière nos fenêtres sont reflétés dans ceux de la ville de Friendship. Parce que c'est bientôt Halloween et que c'est une histoire de fantômes et qu'Halloween, ses blagues et ses costumes, font partie intégrante du film. Parce que le ton doux-amer du film s'accorde parfaitement avec la douce nostalgie qui accompagne l'automne. Parce que Casper vous fera rire, pleurer, peut-être même les deux en même temps. Parce que c'est un film à voir et à revoir, comme une tradition. Tout ce qu'il voulait c'est que quelqu'un reste avec lui...

vendredi 27 avril 2012

Legend

Rivière d'eau vive,
En toi coulent des diamants,
Quand je plonge dans son beau regard.

Je suis l'enfant
Devant l'arc-en-ciel
Je suis l'oiseau prenant son essor.

Tout est magique
Et tout vibre en moi
Quand je plonge dans son beau regard.

Jeune comme un printemps,
Ses yeux sont un chant.
Datant de 1985, Legend fait partie - avec Willow et The Princess Bride - de mon trio de choc. Ces trois films m'ont fait tomber amoureuse de la fantasy dès l'enfance ! Aujourd'hui encore, je les regarde avec le plus grand plaisir et ils comptent parmi mes préférés - ceux, je le sais, que je regarderai encore et encore à mesure que les années passeront.
L'histoire de ce film est un peu particulière et il existe donc plusieurs versions, dont trois principales. La version américaine dont le réalisateur Ridley Scott n'est pas très content. La musique de Jerry Goldsmith y est remplacée en partie par celle du groupe Tangerine Dream. La version européenne, qui conserve la musique de Goldmsith, et dont le montage est différent et colle plus à l'idée du réalisateur. Et enfin, plus récente, la director's cut, conforme à l'idée de Ridley Scott, est disponible en DVD.
Comme bien des histoires de fantasy, Legend parle de la lutte entre le bien et le mal. A noter que l'opposition des forces est si manichéenne que Legend tient parfois plus du conte de fées ; on y trouve d'ailleurs des références à "Blanche Neige" et "La Belle et la Bête". Quoi qu'il en soit, le bien et le mal s'affrontent pour la survie du monde. Darkness - le grand méchant - veut annihiler le jour et plonger le monde dans la nuit et l'hiver afin de vivre éternellement, le soleil étant la seule force capable de le détruire. Pour cela, ils s'attaque aux créatures les plus pures qui soient - les licornes. Ce couple d'animaux fabuleux maintient l'équilibre du monde dans une harmonie parfaite. En s'attaquant à elles, Darkness compte mettre son plan à exécution. En partie responsable du succès de Darkness, la princesse Lily et Jack, un jeune homme qui vit dans la forêt, vont tout faire pour réparer leurs erreurs.

Good versus Evil
Dans ce monde de fantasy, deux forces s'affrontent : le bien et le mal. Facilement reconnaissables, ne serait-ce que par leur apparence,  ces deux forces se battent pour le monde qu'ils veulent sauvegarder pour les uns et détruire pour les autres. D'un côté, on trouve les kobolds, sorte de gobelins hideux au service du terrible Darkness. C'est d'ailleurs Darkness et son plus fidèle kobold, Blix, qui ouvrent le film. La mission de Blix est, on le comprendra quelques minutes plus tard, de trouver les licornes et de s'emparer de leur corne. Pour cela il lui faudra les appâter avec une âme innocente. Les kobolds se tiennent alors en embuscade en attendant que les licornes s'approchent de la jeune princesse Lily pour agir.
Là ils tirent une fléchette empoisonnée dans la croupe de l'une d'elle et, lorsqu'elle est à terre, s'emparent de sa corne. Celle-ci a en effet d'immenses pouvoirs. On peut voir Blix s'en servir pour lancer des éclairs mais surtout, dès que la licorne est privée de sa corne, l'équilibre du monde est perturbé. On voit très vite l'hiver envahir la forêt, les fleurs tombent des arbres comme s'ils pleuraient. Jack, alors sous l'eau, se retrouve sous la glace et peine à se libérer de cette prison inattendue. Le vent apporte des bourrasques de neige qui bien vite recouvrent la forêt.
Le fait que les kobolds s'attaquent à des créatures aussi belles et pures que des licornes montrent la noirceur de leur cœur et de leur âme. Il n'y a pas à hésiter, ils sont foncièrement mauvais. Ils ne trouvent leur bonheur que dans le malheur des autres et cela même s'il s'agit des leurs puisqu'on les voit se faire du mal entre eux. Nouvellement armé de la corne, Blix s'en prend à ses compagnons pour en tester le pouvoir. Leur apparence est hideuse et des couleurs sombres sont utilisées, qui contrastent avec les personnages représentant le bien. Ceux-ci, qu'ils soient fées ou lutins, ont apparence humaine, ce n'est pas le cas des kobolds. Bien qu'ils soient anthropomorphiques, ils sont une version déformée d'êtres humains: petits et recroquevillés, le nez crochu, la peau verdâtre pour Blix ou bien une allure porcine pour l'un de ses compagnons.
Hormis Lily et Jack qui sont des humains, les personnages du bien sont des lutins ou des nains - leur "race" n'est pas vraiment définie - une fée et un être qui semble unique en son genre, Gump de l'épine de miel. Gump a l'apparence d'un jeune garçon, un peu à la manière de Peter Pan et sa proximité avec la nature fait en effet pensé au dieu mythologique Pan - sans le côté satyre ! Il a de longues oreilles pointus et se ballade à moitié nu. Il semble tout savoir de la nature et va guider Jack dans sa quête pour remettre les choses dans l'ordre. Il est accompagné d'une fée, Oona, qui peut prendre deux formes. L'une, minuscule, est une petite boule de lumière, l'autre a taille et forme humaine. Oona est d'une nature jalouse et tente d'utiliser ses pouvoirs pour séduire Jack en prenant l'apparence de Lily - son côté jaloux la rapproche assez du personnage de la Fée Clochette - mais le rejet de celui-ci ne l'amène pas pour autant à les trahir. Comme les kobolds qui sont foncièrement mauvais, Oona - malgré ses défauts - est foncièrement bonne. Tout comme l'est Gump et leurs autres compagnons, les fameux lutins. Ceux-ci, plutôt rondouillets et bons vivants sont le ressort comique du film. Ils font des gaffes et l'un d'entre eux boit même un peu trop !
Enfin, les licornes sont la pureté incarnée. D'un blanc immaculé, elles semblent briller de l'intérieur. Elles sont deux, un mâle et une femelle et le couple qu'elles forment est ce qui préserve l'équilibre du monde. Quand l'une des deux est attaquée, l'équilibre est détruit et l'hiver prend la place du printemps.

Spring versus Winter
La princesse Lily est le premier personnage que l'on rencontre après l'entrevue entre Blix et Darkness. La forêt qu'elle traverse pour se rendre chez son amie paysanne est révélée dans toute sa splendeur par Ridley Scott, qui - à son habitude - joue avec la lumière et il faut dire que la forêt est pour lui un merveilleux terrain de jeux : le soleil dans les branches, le pollen et les pétales qui volètent dans les rais de lumière... c'est un enchantement à regarder, c'est l'essence même de ce qu'est le printemps à mes yeux. La jeune princesse est d'une telle fraîcheur qu'elle y semble parfaitement à sa place. Elle apprend à parler le langage des animaux grâce à l'aide de Jack et - comme toute princesse qui se respecte - elle chante !
Sa fraîcheur et son innocence vont pourtant devenir la cause de l'expansion du mal. Attirée par elles, une licorne va s'approcher de la princesse et se laisser toucher. C'est là que les kobolds entrent en scène... Lily subit peu à peu une transformation. La tempête qui fait rage abîme ses vêtements, défait sa coiffure. Quand elle se réfugie dans la maison de son amie, elle n'est déjà plus tout à fait la même - la peur s'est insinuée en elle. Bientôt ce sera la culpabilité... et alors, elle va à la rencontre de la deuxième licorne gardée par l'un des lutins mais ils sont attaqués et Lily et la licorne sont faites prisonnières. Retenue dans le palais de Darkness, Lily va être confrontée à la part d'ombre en elle.
Seule dans une pièce, elle observe ce qui l'entoure et soudain, une robe noire ensorcelée s'approche en dansant. D'abord effrayée, Lily recule puis, tentée, elle danse avec elle et bientôt, c'est elle qui se retrouve vêtue de la robe. La Lily que nous voyons est alors bien différente de celle que l'on nous a présentée au début. Darkness semble avoir réussi à s'insinuer en elle. Quand elle se retrouve face à lui, il lui offre toutes les richesses du monde pour qu'elle soit à lui. Réticente, Lily finit par accepter à une condition... tuer la dernière licorne elle-même. Cette déclaration est ponctuée du rire machiavélique de Darkness qui jubile - il a trouvé sa princesse des ténèbres...


Light versus Darkness
Si Darkness représente les ténèbres alors, face à lui, Jack est la lumière ce qui se traduit assez bien par l'armure dorée qu'il revêt pour efferctuer sa quête. Tout comme Lily, Jack semble l'innocence même. Il vit dans la forêt, parle avec les animaux, vit en harmonie parfaite avec le monde qui l'entoure. Le contraste est saisissant avec Darkness qui, bien qu'il ait des caractéristiques humaines, est loin d'avoir une apparence commune. La peau rouge, des cornes et des sabots, il ressemble à un croisement entre le diable et le minautore. Darkness ne se dévoile enfin que face à Lily. Jusque là, chaque fois qu'il apparaissait, il était dissimulé, assis dans un trône filmé de dos ou bien par une cape. Bien que foncièrement mauvais, Darkness semble, face à la beauté et la fraîcheur de Lily, aspirer à quelque chose d'autre - l'amour. Il croit donc avoir gagné sur tous les plans quand Lily accepte de rester avec lui s'il lui permet d'éliminer elle-même la dernière licorne. Mais Lily s'est jouée de lui et ça Jack en est certain, il a confiance en elle jusqu'au bout. C'est aussi cela qui fait la beauté de l'histoire - la confiance profonde qui lie ces deux personnages. Malgré le doute de Gump et Oona qui lui recommandent de tuer Lily s'il le faut, Jack ne perd pas espoir. Lily est de leur côté, il le sait..
Seul dans la forêt maintenant recouverte de neige, Jack est rejoint par Gump et sa fidèle troupe de fée et lutins. Avouant avoir montré les licornes à Lily, Jack attire sur lui les foudres de Gump qui accepte pourtant de le pardonner s'il répond à une énigme: "Quelle est la petite cloche au son étrange, dont le glas fait chanter les anges ?" Mais Jack connaît la forêt et il connaît la campanule ! Il va alors devenir le champion, celui sur qui repose le sort du monde. Gump et ses amis lui trouve une armure, un bouclier, une épée et il affronte son premier monstre avant de partir à l'assaut du palais de Darkness. Le point faible de Darkness est le soleil. C'est là le but ultime de son plan, plonger le monde dans une nuit éternelle. Alors Jack a une idée, il va amener la lumière jusque dans les profondeurs de ce palais obscur. Le petit groupe d'amis dispose alors des miroirs, des boucliers, tout ce qui peut refléter la lumière et ils amènent les rayons de ce qui aurait pu être le dernier crépuscule jusqu'à Darkness pour l'anéantir. Le bien encore une fois triomphe du mal, la lumière triomphe des ténèbres et le printemps revient dans la forêt.

Heroic fantasy ou conte de fées ?
Legend a bien des caractéristiques d'heroic fantasy et pourtant il est aussi très proche du conte de fées de par son manichéisme affiché. De même, il est évident que le baiser de Jack qui réveille Lily est un clin d’œil au fameux baiser d'amour qui peut briser tous les sortilèges ! Schéma que l'on retrouve dans le conte de "Blanche Neige" ou encore celui de "La Belle au Bois Dormant" et dont les studios Disney ont presque fait une marque déposée ! Il y a également ce côté "and they lived happily ever after" - le big bad one n'est plus, la forêt a retrouvé sa végétation luxuriante, les licornes sont sauvées et réunies. Tous sont sains et saufs.
Et puis il y a aussi une référence assez nette à un autre conte, celui de "La Belle et la Bête". En effet, lorsque Lily se trouve en tête-à-tête avec Darkness, plusieurs clins d’œils sont faits. Le simple fait que le dialogue se déroule autour d'une table où le dîner est servi en est un. S'y ajoutent les cadeaux de Darkness : la robe, les bijoux, comme ceux de la Bête. Il parle également d'une rose, la référence ultime. Et puis il est question d'une demande en mariage, comme dans le conte. Alors bien sûr, contrairement à la Bête, Darkness ne souhaite pas être sauvé mais, à l'inverse, corrompre Lily ! But still... les clins d’œils sont là !

Tout comme c'est le cas de Willow et de The Princess Bride, qui sont de la même époque, les effets spéciaux ont quelque peu vieilli mais le maquillage de Tim Curry en seigneur des ténèbres reste une prouesse. Pour moi, c'est toujours un film qui se regarde avec plaisir pour qui est amateur de féérie !

jeudi 22 mars 2012

The Princess Bride

C’est en 1973 que paraît The Princess Bride de William Goldman et le roman est alors présenté comme un condensé de celui écrit par un certain S. Morgenstern. Mais tout ce qui entoure le roman fait partie du roman et il n’y a pas de version originale par S. Morgenstern ! Cela en dit long sur l’humour de l’auteur… Ce roman,William Goldman en fait un scénario pour le film de Rob Reiner en 1987. Je n’étais pas née quand ce film est sorti mais il a eu une grande place dans mon enfance alors, c’est tout naturellement qu’il trouve sa place dans ce blog.

Once upon a time…
L’histoire parle d’un petit garçon cloué au lit par la grippe à qui son grand-père (Columbo - Peter Falk - en personne) lit The Princess Bride parce que c’est ce que son propre père lui lisait. Tout commence comme n’importe quel conte… Bouton d’Or, une belle jeune fille aux cheveux dorés tombe amoureuse de Westley, son valet de ferme. Il ne s’agit pas de n’importe quel amour – c’est le Grand Amour !
Pour pouvoir épouser Bouton d’Or, Westley prend la mer pour rassembler quelques richesses mais son bateau est attaqué par le terrible pirate Roberts, connu pour ne jamais faire de prisonniers… Pendant ce temps, le prince Humperdick choisit Bouton d’Or pour fiancée. Croyant son amour mort, Bouton d’Or n’a pas la force de lutter. Seulement, Humperdick n’a rien du prince charmant – c’est un gredin ! Et celui-ci a organisé l’enlèvement de sa chère et tendre pour pouvoir accuser et déclarer la guerre au royaume voisin. C’est ainsi que l’on rencontre trois mercenaires : Vizzini, le chef avec un cheveu sur la langue qui se croit doué d’une intelligence supérieure et dont le mot préféré est “inconcevable”. Fezzik, un géant un peu poète et Inigo Montoya, spécialiste du maniement des armes qui cherche à venger son père, tué par un homme à six doigts. En possession de la princesse, les trois mercenaires sont poursuivis par un mystérieux homme en noir. Il bat Inigo à l’épée, Fezzik au combat à mains nues et Vizzini à un combat de l’esprit - inconcevable ! - et s’enfuit avec la princesse Bouton d’Or.
Mais cet homme en noir n’est autre que Westley sous le masque du terrible pirate Roberts. Enfin réunis, Westley et Bouton d’Or s’enfuient dans les Marais de Feu pour échapper à Humperdick et son bras droit le Comte Rugen – bras au bout duquel se trouve une main à six doigts… Mais ce n’est que le début du film alors les choses ne vont pas s’arranger si facilement ! Humperdick récupère sa promise et Westley est jeté dans le Puits du Désespoir pour y subir la torture de Rugen. Et,de péripéties en péripéties, les amoureux font tout pour se retrouver, aidés par Inigo et Fezzik.

Un conte décalé
Si l’on trouve des clichés du conte comme le côté “Il était une fois... et il vécurent heureux à jamais.” The Princess Bride n’est pas à prendre au premier degré. On le comprend lorsque Bouton d’Or saute à l’eau pour tenter d’échapper aux mercenaires et se retrouve face à des anguilles géantes… Le grand-père interrompt alors sa lecture pour rassurer son petit-fils. Bouton d’Or ne va pas être dévorée, lui dit-il. Ces interruptions - car il y en a plusieurs, le petit garçon ne voulant pas entendre que les deux amoureux s'embrassent ! - cassent le rythme et nous rappellent qu’il ne s’agit que d’une histoire. Si après cela, nous avons encore des doutes, ils disparaissent pendant le duel entre Inigo et l’homme en noir. Alors qu’ils se battent sur une chorégraphie de Bob Anderson, fameux maître d’armes ayant travaillé entre autres sur Le Seigneur des Anneaux et Star Wars, ils commentent leurs techniques respectives et révèlent à tour de rôle qu’ils ne sont pas gauchers avant de repartir de plus belle !
C’est surtout dans certaines répliques que se retrouve le ton décalé comme lorsqu’Humperdick dit que s’il ne retrouve pas la princesse vivante, il serait “plutôt emmerdé” ou encore quand Inigo raconte son histoire à l’homme en noir et qu’il révèle travailler pour Vizzini pour payer les factures parce que, selon lui: “Ça rapporte pas grand-chose la vengeance.”
Et puis il y a aussi les RTI... ces Rongeurs de Taille Inhabituelle qui peuplent les Marais de Feu ! À côté de ça on trouve toute sorte de personnages loufoques comme l’Albinos ou Miracle Max, incarné par un Billy Crystal méconnaissable sous le maquillage.
Les péripéties les plus invraisemblables s’enchaînent sur une bande originale composée par Mark Knopfler. Un rocker pour un film de fantasy… si ce n’est pas un choix décalé ! Sa musique est prenante et notamment le thème qui ouvre le conte. Pour conclure le film, c’est la chanson “Storybook Love” de Willy Deville qui a été choisie et là encore, ça colle parfaitement !

"Comme vous voudrez..."

...C’est par cette phrase que Bouton d’Or se rend compte de l’amour qui l’unit à Westley. Chaque fois qu’il lui dit “Comme vous voudrez”, il veut dire “Je vous aime”. Alors vous aussi – que ce soit comme un authentique conte, une parodie ou une version décalée de conte, prenez-le “comme vous voudrez”, aimez-le “comme vous voudrez”. Parce qu’on se prend tout de même au jeu – comme le petit garçon à qui l’histoire est racontée.

On veut voir Bouton d’Or retrouver son Westley, on retient notre souffle quand Inigo Montoya affronte enfin le meurtrier de son père et qu’il déclame la réplique qu'il a répétée pendant les vingt dernières années de sa vie : “Buenos Dias. Je m’appelle Inigo Montoya. Tu as tué mon père. Prépare-toi à mourir !”. Et on sourit quand tout est bien qui finit bien !
The Princess Bride fait pour moi partie de ces films qui ont bercé mon enfance et que je n’oublierai jamais. Comme le Willow de Ron Howard et le Legend de Ridley Scott, The Princess Bride est un film que j’ai vu un nombre incalculable de fois étant petite et puis, il y a eu une période d’oubli… Mais, quand je les ai redécouverts plus tard, j’y ai retrouvé des images dont je n’avais pas vraiment le souvenir et que pourtant je reconnaissais… Connaissez-vous ce sentiment ? Ce sentiment que quoi qu’il arrive, vous n’oublierez plus jamais ces images, ces répliques, qu’elles feront toujours partie de vous, qu’elles ont en fait toujours fait partie de vous… c'est la magie des histoires !